D’après certains rapports issus du marché de gros et de retail aux États-Unis, depuis quelques mois, les marchandises ne restent plus longtemps en stock. Ces rapports ont été corroborés par Bain & Co qui, en mai, a mis à jour ses prévisions sur la reprise du marché des diamants et des bijoux en diamants, avec un scénario bien plus optimiste : le marché bascule déjà dans une situation de reprise complète. Il ne sera donc pas nécessaire d’attendre 2022 pour retrouver les niveaux d’avant 2019 !
Malgré l’embrasement des ventes de taillé, notamment en grosseurs supérieures, de nombreux détaillants, grands ou petits, semblent toujours hésiter à engager des sommes importantes pour acheter des diamants et remplir leurs stocks. Les demandes de marchandises en consignation sont en hausse. Les fabricants, importateurs et grossistes se retrouvent alors, une fois de plus, en mauvaise posture. Et de nouveau, comme avant l’arrivée de la « nouvelle normalité », la filière intermédiaire se retrouve à payer la note.
Quelles en sont les conséquences ?
Les fabricants qui achètent du brut, qu’ils soient sightholders, clients essentiels ou « gagnants » de tenders ou d’enchères, doivent payer comptant à la livraison.
Au cours de la pandémie de Covid-19, l’extraction et la production de brut dans le monde ont considérablement ralenti et provoqué une contraction du marché. En conséquence, les prix du brut augmentent, étant donné la rareté des marchandises et la hausse de la demande de taillé. Ainsi, l’essor de la demande de taillé aux États-Unis et en Chine pousse les prix du taillé vers le haut.
C’est très bien, me direz-vous. Les choses s’améliorent et le marché se normalise de nouveau.
Pour un observateur non averti, la situation paraît en effet positive mais à y regarder de plus près, des changements internes importants apparaissent dans la chaîne d’approvisionnement, des changements qui ont exacerbé la précarité des fabricants. Et voici pourquoi :
- Le marché du brut continue de fonctionner « en espèces uniquement».
- Ces dernières années, les banques ont quitté l’industrie diamantaire les unes après les autres. Le manque de financement est devenu un obstacle à la croissance et à l’expansion de nombreux fabricants.
- Les fabricants, négociants et grossistes devraient continuer à travailler comme avant et faciliter le flux de trésorerie de leurs fournisseurs et clients, par exemple en payant le brut comptant et en proposant des marchandises en consignation, mais aussi en offrant des conditions de crédit particulières.
Or, dans notre nouvelle normalité, ces modèles d’activité ne sont plus durables ! Et voici pourquoi :
- Les fournisseurs de brut doivent se raviser et assumer les responsabilités qu’ils ont annoncées, notamment pendant la pandémie. Ils doivent investir conformément à leurs promesses et offrir aux fabricants des conditions de paiement adaptées pour le brut qu’ils achètent.
- Les analystes se sont montrés élogieux face à la baisse de l’endettement de l’industrie et à la capacité des fabricants et négociants à s’auto-financer. Mais, même si ces compliments ont été appréciés, les niveaux de risque financier individuels sont montés à des niveaux sans précédents.
Or, aucun des autres acteurs de la filière d’approvisionnement n’a accepté de partager la prise de risque.
Et cela doit changer.
- Dans cette nouvelle normalité, les producteurs de brut doivent prendre le relais, accompagnés du secteur du retail. Les marchandises en consignation devraient bientôt être de l’histoire ancienne, remplacées par de solides relations entre acheteurs et fournisseurs, bâties sur la confiance, une connaissance intime de la situation et des modèles d’activité des uns et des autres et des accords sur des modalités de paiement. Ces conditions aboutiront au même résultat, voire à une meilleure situation. Les acheteurs se montreront consciencieux dans la spécification de leurs besoins et les vendeurs feront tout pour réduire le risque et livrer des commandes hautement personnalisées à leurs clients.
En Israël, la quasi-totalité des restrictions imposées dans la sphère publique ont été levées.
En Europe, où le rythme de la vaccination a été bien plus lent, la vie reprend peu à peu son cours normal. La Belgique n’est toujours pas sortie d’affaire mais, là aussi, les choses s’améliorent rapidement.
Aux États-Unis, le président Biden a largement honoré sa promesse : atteindre plus de 100 millions d’Américains vaccinés avant le 1er juin. Les restrictions sont donc lentement levées. Les ventes de retail augmentent, notamment dans le secteur du luxe, car les consommateurs procèdent à des « dépenses revanche », engageant les liquidités qu’ils n’ont pas utilisées pour voyager ou pour d’autres activités de loisirs.
Tout récemment, l’Inde, le plus grand pays de fabrication de diamants, a été touchée par un nouveau sursaut tragique de la pandémie. Dans le Gujarat, l’activité est toujours gravement perturbée. Un nombre sans précédent de tailleurs ont perdu leur emploi et les perspectives de le retrouver sont minces. En général, les marchés de retail indiens sont moroses.
Dans cette , la pandémie va durer, sous une forme ou une autre. Et cela nécessite de trouver un nouvel état d’esprit.
Une chose est devenue évidente : nous sommes tous concernés. Nous devons donc prendre ensemble la responsabilité de la bonne santé de toute notre chaîne d’approvisionnement, de manière juste et durable.