Après deux ans de crise, suivis d’un an de regain d’énergie, avec les États-Unis à sa tête, le Kimberley Process a frisé l’ennui cette année. C’est à la fois bon et mauvais.[:]
Le bon côté, c’est que l’organisation a cessé ses embardées, de crise en crise, et est presque parvenue à recréer la bonne volonté indispensable au maintien de son fonctionnement. En revanche, cette année n’a pas tenu ses promesses, et ce à bien des égards.
En 2011, les États-Unis, qui tentaient de sauver les meubles, après avoir de nouveau autorisé les exportations de Marange, ont conçu un programme de réforme sur deux ans : mise sur pied, en 2012, d’une série de réformes que l’Afrique du Sud aurait à suivre en 2013.
On ne risque guère de se tromper en affirmant que la procédure n’a pas été suivie. La dernière séance plénière a permis de nombreuses avancées – le communiqué officiel est à lire ici – mais en majorité de nature technique. Alan Martin, directeur de recherche de Partenariat Afrique Canada, se dit déçu.
« Il me semble que l’Afrique du Sud a manqué l’occasion de véhiculer une vision africaine pour le KP, dit-il. Mais ils ont préféré fêter les dix ans de l’organisation plutôt que d’aller de l’avant. » (Le JCK n’a pas pu obtenir d’entretien avec le président Welile Nhlapo.)
Quant à la réforme la plus en vue, et sans doute la plus importante – qui modifie la définition des diamants du conflit –, elle reste malheureusement au point mort. Les participants désirent continuer à discuter. (Y a-t-il autre chose à dire à ce stade ?) La proposition n’est donc pas caduque, mais les chances qu’elle soit adoptée dans les prochaines années semblent se réduire.
« Je pense que personne n’a jamais eu l’impression que la situation avancerait, explique Alan Martin. C’est un peu comme s’ils avaient peur de toute discussion. »
En 2014, le KP sera présidé par la Chine – cliquez ici pour découvrir une analyse intéressante de la possible évolution de la situation. L’Angola prendra la suite en 2015. Le choix de l’Angola est, bien entendu, un peu controversé, étant donné les débats sur les droits de l’homme dans les champs diamantifères du pays – des questions qui demeurent non résolues à ce jour. En 2006, lorsque l’Angola a proposé sa candidature à la présidence, les ONG s’y sont fortement opposées. Cette fois-ci, les raisons d’être optimiste sont un peu plus nombreuses, a affirmé Alan Martin.
« Certains aspects nous préoccupent tous, explique-t-il. Nous sommes donc très vigilants, tout en sachant que le ministre en poste est décidé à réformer. Tout n’a pas été résolu du jour au lendemain, mais nous espérons constater un certain progrès. »
Il remarque que, lorsque la République démocratique du Congo était à la présidence, « le pays en est venu à jouer un rôle de leader pour le KP. Cela pourrait également être le cas avec l’Angola. »
Il s’agit donc d’une nouvelle année à moitié pleine/à moitié vide pour le KP – avec peu d’avancées pour lesquelles se passionner. La plupart des éléments réformateurs de l’industrie se tournent de plus en plus vers d’autres horizons.
Photo DDI