Lors du salon JCK, j’ai échangé avec un groupe de personnes travaillant dans le secteur des diamants synthétiques et qui se disaient préoccupées par le laxisme présumé d’un laboratoire dans la gestion de ses certifications.
« Peu importe, a affirmé l’une d’entre elles. Ce ne sont que des diamants synthétiques. »
Il m’est déjà arrivé de reprocher à certains membres de ce secteur de déprécier leur produit, et ceci en est un bon exemple.
Les grades sont évidemment importants, ou du moins ils devraient l’être. Dans le cas contraire, à quoi cela servirait-il de les appliquer ?
Lorsque les diamants synthétiques ont été créés, les professionnels du secteur ne parvenaient pas à s’entendre : fallait-il les faire certifier avec l’échelle de couleur et de pureté standard du GIA ou avec des « grades génériques », qui avaient à l’origine la préférence du GIA et finalement de Lightbox ? Aujourd’hui, la question est globalement tranchée. La grande majorité des laboratoires proposent des grades standard pour les « 4C » pour les diamants synthétiques.
Ce n’est pas parce que les échelles sont identiques que les méthodes le sont pour autant.
Face à la baisse constante des prix des diamants synthétiques, j’ai entendu des professionnels se plaindre qu’ils dépensaient plus pour les rapports de certification que pour les pierres elles-mêmes. Récemment, nous avons rencontré des détaillants et des fabricants engagés dans le développement de procédures propres, qui offrent des alternatives à bas coût aux certifications individuelles.
Ainsi, par exemple :
• Dans son prospectus, l’International Gemological Institute (IGI) affirme établir des certifications « en interne » pour les principaux fabricants, opération qui implique parfois des employés et des équipements de l’usine mais dont la méthode diffère de celle qui est traditionnellement utilisée par les laboratoires indépendants.
• La marque Lightbox de De Beers, qui ne certifiait pas ses diamants au départ, délivre désormais des rapports de « vérification ». Le GIA procède ensuite à une « vérification par lots » de ses pierres les plus précieuses.
• Enfin, la Grown Diamond Trade Organization (GDTO) délivre des rapports issus des « contrôles qualité » du détaillant. L’organisation estime que les laboratoires ne devraient pas certifier chaque pierre synthétique de manière individuelle.
Il est « tout à fait inutile de certifier chaque pierre sur le modèle des diamants naturels », m’a affirmé David Sherwood, PDG de Daniel’s Jewelers et membre du comité consultatif du GDTO, à Las Vegas. « Lorsque l’on extrait une pierre de la terre, il convient de l’adresser à un tiers. Lorsque l’on fabrique un produit en répondant à certaines spécifications, il est inutile de l’envoyer à un laboratoire tiers... »
« Quel est le rôle effectif du laboratoire de certification ? Ses employés vont me certifier qu’une pierre est VS1, alors même qu’elle a été conçue pour être VS1, que le contrôle qualité a convenu qu’il s’agissait bien d’une VS1 et que le détaillant, ayant appliqué ses propres contrôles qualité, est arrivé aux mêmes conclusions. Il est inutile qu’un laboratoire vienne me le confirmer. »
Nous sommes donc face à une industrie qui utilise la même échelle de certification mais fait parfois appel à des méthodes différentes pour obtenir ces grades.
Étant donné les intérêts économiques en jeu dans ce genre de situation, le raisonnement est compréhensible. À condition qu’elle soit réalisée honnêtement, cette opération ne pose aucun problème. Or, la transparence est de rigueur. Les consommateurs doivent être informés si un grade est établi sans respecter les références établies. (Ainsi, Lightbox, par exemple, explique la méthode qui sous-tend ses rapports de vérification ici.)
Si un acheteur se voit remettre un rapport de certification indépendant – ou présenté comme tel –, il peut raisonnablement supposer que premièrement, chaque diamant a été examiné de manière individuelle et que deuxièmement, l’examen est effectué par un tiers neutre. C’est ainsi qu’a toujours fonctionné la certification.
Lorsqu’un diamant est certifié par les employés de la société qui le fabrique ou s’il est soumis à un contrôle qualité plutôt qu’à une identification individuelle, le consommateur doit en être informé. Peut-être ne comprendra-t-il pas tous les tenants et les aboutissants de ces différences, mais il ne doit pas être maintenu dans l’ignorance.
J’ai déjà affirmé que le secteur des diamants synthétiques doit affronter la réalité – il réalise une nouvelle activité – et se distinguer de l’échelle de certification du GIA qui est obsolète (elle a été créée il y a 70 ans) et extrêmement compliquée. Le secteur pourrait même développer son propre système de mesure de la qualité grâce à des outils technologiques, ce qui serait bien plus scientifique que les méthodes existantes. En revanche, aussi longtemps qu’il s’accroche à ces méthodes de classement qui ont fait leurs preuves, beaucoup supposeront que les méthodes de certification utilisées le sont aussi. Et si ce n’est pas le cas, le consommateur est en droit de le savoir.
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