L’industrie a-t-elle fini par se décider à agir pour créer une organisation efficace, qui fera la promotion du secteur diamantaire d’une seule et même voix ? Réponse : peut-être ! [:]Mais il est encore difficile de le déterminer, étant donné la nature cachottière prise par la réunion de huit des plus grands producteurs de diamants à Londres, au cours de la semaine du 2 mars.
Selon un article de Bloomberg, des représentants de la De Beers, d’Alrosa, de Rio Tinto, de Petra, de Gem Diamonds, de Lucara, de Dominion et du Russe OAO Lukoil (promoteur du champ de Vladimir Grib) se sont réunis pour discuter de toute une série de questions intéressant l’industrie.
Jusqu’à présent, la portée et l’objectif du groupe, qui n’a pas encore été baptisé, font cruellement défaut. Bloomberg a signalé que, parmi les sujets discutés lors de la réunion, figuraient le marketing, les recherches de l’industrie et la menace posée par l’arrivée des pierres de laboratoire non déclarées sur la confiance des consommateurs – ces sujets étant tous importants, ils doivent faire l’objet de discussions.
Alors pourquoi tant de mystère ? J’espère que l’absence d’information n’est rien de plus que la conséquence des débuts d’une organisation qui tente de se mettre en marche, et non le fait d’un comportement empreint de ce que Bloomberg appelle « une industrie diamantaire célèbre pour ses secrets ».
Dans un communiqué adressé par e-mail aux organes de presse, Rio Tinto a affirmé qu’une réunion s’était tenue pour « évaluer la nécessité d’une association des producteurs, semblable à celles créées pour d’autres matières premières… L’idée de cet organisme est de promouvoir les intérêts des producteurs de diamants et le secteur diamantaire en général. Nous poursuivrons les discussions avec les participants de l’industrie. »
Il est incontestable que l’industrie ait besoin d’une association des producteurs. Depuis que la De Beers a cessé la promotion générique de l’industrie, la promotion des diamants à grande échelle a quasiment disparu. Elle a d’ailleurs perdu beaucoup de terrain face à d’autres secteurs de la joaillerie, qui disposent d’entités organisées et ciblées s’exprimant en leur nom (World Gold Council, Platinum Guild International et le tout nouveau World Platinum Investment Council).
Avant de trop nous enthousiasmer, n’oublions pas que nous sommes déjà passés par là. En 2009, près de 40 producteurs et acteurs de l’industrie ont créé l’International Diamond Board (IDB). Chapeauté par ALROSA, l’IDB a été conçu pour poursuivre la promotion générique des diamants sur le plan mondial.
Écrivant à propos de ce groupe, Chaim Even-Zohar a affirmé à l’époque que « malheureusement, cette organisation nouvellement née est comme un petit bébé qui aurait passé les six derniers mois de sa vie à essayer de faire croire à son père qu’il était présent lors de la conception et responsable de certains de ses besoins financiers. Le « père », ALROSA, un minier moscovite, n’a jamais nié son rôle dans la création de l’IDB mais a toujours refusé de payer la pension alimentaire. »
Le nouveau-né est très vite devenu orphelin. L’IDB s’est étiolé, sans un soupir. Lorsque feu Fyodor Andreyev a repris la barre d’ALROSA, a indiqué Chaim Even-Zohar, il n’en connaissait même pas l’existence. Rien d’étonnant donc à ce que cette démarche bien intentionnée soit restée stérile.
Le fait que ces acteurs se réunissent de nouveau, six ans plus tard, permettra de surfer sur l’enthousiasme des précédentes initiatives, mais se révèle aussi un peu décourageant : au bout de six ans, nous nous retrouvons à peu près au même stade.
Il s’est passé tant de choses depuis cette époque qu’il faudra sûrement un gros travail de rattrapage pour que l’industrie reste pertinente et présente dans l’esprit des consommateurs. Ces derniers temps, ils se voient proposer de nombreuses autres possibilités de dépenser leur argent.
Le dossier est en cours et nous allons en étudier de près le déroulement avec, espérons-le, des résultats positifs.
Passez un très bon week-end.