Qu’il s’agisse de cette colonne ou de nombreux autres articles journalistiques, le but des auteurs est souvent de soulever un point qui doit être modifié ou corrigé. Cette semaine, nous voulons mettre les projecteurs sur un aspect positif. Ces derniers mois, nous avons appelé l’industrie diamantaire à avancer dans la bonne voie sur des questions de comportement éthique. En bref, à chaque faux-pas commis par un membre de l’industrie, l’intervention du gouvernement ou la réaction des consommateurs peut léser l’ensemble du secteur. Citons les allers-retours, le blanchiment d’argent ou l’autorégulation d’une part, ainsi que le Kimberley Process, les droits de l’homme, la critique des ONG et la législation d’autre part.[:]
La semaine dernière, une chose inhabituelle s’est produite. Un mois et demi après la révélation d’une enquête de la police et des autorités fiscales sur les opérations d’une banque clandestine au sein de la bourse israélienne du diamant, les enquêteurs ont annoncé qu’ils arrêtaient leurs descentes hebdomadaires pendant un mois.
Le fait est inhabituel en raison des motifs qui sous-tendent la décision de l’unité de police nationale de lutte contre la fraude et de l’unité d’investigation de l’administration fiscale israélienne.
Un équilibre délicat
Les autorités enquêtaient secrètement sur l’affaire depuis plusieurs mois déjà ; l’opération a abouti à une série d’arrestations en janvier et février. Une fois l’enquête rendue publique, les négociants en Israël et partout dans le monde ont craint de faire affaire en Israël, d’où une forte baisse des échanges : les importations de brut ont en effet connu une baisse de 41 % en janvier.
L’industrie diamantaire contribue pour une part importante à l’économie israélienne. Les importations et exportations de brut et de taillé en 2011 ont totalisé près de 21 milliards de dollars, soit 15,8 % du commerce international du pays.
Les autorités n’arrêtent pas pour autant leur enquête. Il est normal, en effet, que l’administration d’un pays respectueux de la loi enquête sur les crimes. Cette démarche louable représente un équilibre délicat. La décision de maintenir en marche la machine judiciaire, tout en minimisant les préjudices causés à un secteur économique inhabituellement grand, est aussi importante qu’elle est rare.
En Belgique, les investigations des autorités ont été tellement poussées que beaucoup ont déménagé leurs activités. Bien que cela n’apparaisse pas au premier coup d’œil, les négociants belges ont transféré une grande part de leurs opérations hors du pays en ouvrant des bureaux à Dubaï, à Hong-Kong et en Israël. Certains des plus grands négociants de brut du pays n’apportent même plus leurs marchandises à Anvers.
Cette fuite des activités s’amorce également en Israël. Plusieurs négociants ont commencé à transférer certaines parties de leurs activités à Hong-Kong et même au Botswana. Le gouvernement a fort heureusement reconnu que non seulement cela porterait atteinte au secteur diamantaire national, qui emploie des milliers de personnes et en fait vivre beaucoup d’autres, mais que cela lèserait aussi fortement l’économie israélienne.
La réalisation d’un équilibre entre répression et activités ne pourra être que bénéfique. À ce stade, il faut espérer que les innocents seront blanchis, que les coupables seront punis et que l’industrie ira de l’avant avec sagesse.