La part du géant diamantaire De Beers sur le marché du brut a considérablement reculé, après avoir dépassé les 80 % dans les années 80. La société a pourtant toujours la réputation d’être nimbée de mystère. [:]
Paul Zimnisky, un expert de l’industrie, l’a affirmé cette année : beaucoup de ceux qui évoluent hors de la sphère diamantaire considèrent que le monopole de la De Beers n’a pas disparu. Ils voient la société comme l’entité un peu hypocrite que décrivait Edward Jay Epstein dans son célèbre article de 1982 dans The Atlantic.
Pourtant, cette époque est en réalité bel et bien révolue. À l’heure actuelle, la De Beers possède environ 36 % du marché du brut, selon Paul Zimnisky. Et même si ce chiffre pourrait monter à 40 % après l’ouverture de Gahcho Kué, il est évident que la De Beers n’est plus l’entité omniprésente qu’elle était auparavant.
Elle est également devenue moins secrète, un aspect qui est apparu évident le 3 novembre, lors de la présentation organisée par Anglo American (au LSE : AAL), l’actionnaire majoritaire de la De Beers. La société y a décrit ses principales perspectives pour l’avenir du marché, avec notamment :
- Du côté de l’offre : dans le monde, ce sont près de 146 millions de carats qui ont été extraits en 2013, pour une valeur de 18 milliards de dollars. Cependant, la production devrait chuter après 2020.
- Du côté de la demande : « À la différence de la demande pour les métaux précieux, le seul moteur de la demande pour les diamants est celle des consommateurs pour les bijoux », indique le rapport. La demande est donc « fortement liée à la croissance de l’activité économique. » Les États-Unis sont toujours considérés comme le principal marché du taillé. Pourtant, avec l’essor de la classe moyenne en Chine, ce pays devrait lui aussi se positionner comme un gros consommateur de diamants. La demande devrait ainsi atteindre 31 milliards de dollars en 2018.
- Les besoins des consommateurs : les « besoins changeants » des nouveaux consommateurs devraient donner davantage d’importance aux marques et à l’approvisionnement éthique.
- La chaîne de valeur : les gouvernements des pays producteurs « chercheront à mieux s’intégrer dans la chaîne de valeur. » Parallèlement, tous les aspects de cette chaîne vont être influencés par la technologie.
- Les canaux de vente en ligne : les canaux de vente en ligne vont gagner en importance dans le commerce des diamants.
La présentation a aussi révélé des informations que la De Beers n’avait jamais publiées auparavant, notamment « la provenance de ses meilleurs diamants et leur valeur par carat », affirme Bloomberg. (Pour ceux d’entre vous qui se posent la question, en 2013, la De Beers a récupéré 22,1 millions de carats au Botswana – beaucoup plus qu’au Canada, en Namibie et en Afrique du Sud –, pays qui présente également la plus haute teneur de minerai).
Ces données, ainsi que d’autres, n’avaient jamais été publiées, principalement parce que la De Beers était une société privée appartenant à la famille Oppenheimer. Or, il y a deux ans, la famille a vendu ses 40 % restants à Anglo American. Aujourd’hui, Mark Cutifani, le PDG d’Anglo, espère que son progrès vers davantage de transparence attirera les investisseurs.
Selon Jeremy Wrathall, responsable des ressources naturelles mondiales d’Investec, le virage est positif. Il a ainsi affirmé à Bloomberg : « Garantir la transparence, les déclarations et l’ouverture est vraiment dans l’intérêt des actionnaires », ajoutant « ils ne peuvent pas se contenter de tirer les rideaux et de dire « non ». » Parallèlement, Anish Aggarwal, associé dans le cabinet de conseil anversois Gemdax, a affirmé à l’agence de presse que la présentation du 3 novembre, associée à la publication d’un rapport de l’industrie en septembre, « contribuait à faire de la De Beers un actif plus attrayant. »
Ceci dit, Anglo n’est pas totalement égoïste dans son programme pour attirer les investisseurs. Bloomberg souligne que les prix des diamants ont augmenté d’environ 75 % ces cinq dernières années et Anglo leur voit un avenir radieux – comme indiqué, la société prévoit que la demande atteindra les 31 milliards de dollars en 2018. Il pourra donc être avantageux pour les investisseurs de prendre une participation dans la De Beers par l’intermédiaire d’Anglo American. Les amateurs de diamants y verront clairement une opportunité pour envisager d’aller de l’avant.