Le Hong Kong Jewellery & Gem Fair de septembre a fermé sans avoir connu la forte demande que tout le monde espérait secrètement pour les diamants. Alors, que s’est-il passé et pourquoi la demande a-t-elle été plus faible que prévu ? Les négociants se sont rendus sur place en sachant exactement ce qu’ils voulaient acheter, quasiment personne ne souhaitant se constituer un stock. Avec des demandes et des achats aussi spécifiques, toute l’attention a été portée sur les prix et les acheteurs ont comparé avant d’acheter.[:]
Cette situation est une conséquence directe de l’emballement de la demande au premier semestre 2011. À l’époque, les détaillants indiens de bijoux en or ont commencé à proposer des bijoux en diamants. Et surtout, en Chine, les détaillants ont ouvert de nouveaux magasins et avaient besoin de marchandises pour les achalander. Les fournisseurs ont réagi en gonflant leurs prix. Cependant, en juillet 2011, après qu’ils ont obtenu ce qu’ils souhaitaient une fois ces objectifs remplis, la demande a fortement ralenti et les prix ont chuté ; ils n’ont d’ailleurs pas encore retrouvé leur niveau antérieur.
Cela fait plus d’un an. Le marché espérait que ces détaillants seraient enfin de retour, avec pour motivation de reconstituer leurs stocks.
Des stocks épuisés, une demande faible
Par conséquent, si les stocks sont faibles, pourquoi la demande n’augmente-t-elle pas ? En Inde, les consommateurs se sont progressivement désintéressés des bijoux en diamants. Une baisse des taux de change, associée à la hausse des prix de l’or, a fait comprendre aux consommateurs que, s’ils voulaient protéger leurs économies, mieux valait se tourner vers les bijoux en or. Les détaillants ont donc boudé les bijoux en diamants au salon de Mumbai en août et, suivant cette même logique, n’ont pas cherché à s’en procurer davantage à l’ouverture du salon de Hong Kong quelques semaines plus tard.
Faute d’une demande assurée par l’Inde, l’espoir repose sur les acheteurs chinois. Leur consommation a légèrement ralenti, mais pas suffisamment pour expliquer que la demande reste faible chez les détaillants et les grossistes. Le problème réside dans le calendrier. Le 1er octobre, la Chine célèbre sa fête nationale et les festivités se déroulent pendant toute une semaine. La semaine précédant la fête, les usines ferment à l’occasion de la foire de Hong Kong et rares sont les acheteurs à avoir le temps de se rendre à un salon, surtout si les marchandises attendent leur retour de vacances la semaine suivante.
De nombreux acheteurs chinois préfèrent acheter après les vacances. D’où la faible demande en provenance de ce pays. C’est la raison pour laquelle le salon de mars à Hong Kong a été si important ces dernières années.
Les acheteurs indiens et chinois étant généralement hors circuit, le salon de Hong Kong n’avait que peu de choses à offrir aux grossistes cette année.
À l’occasion d’un trajet en taxi qui m’emmenait au salon, j’ai partagé une course avec deux fournisseurs de métaux. Après quelques minutes et des présentations en bonne et due forme, l’un d’eux a demandé : « Si les diamants se ressemblent tant, au fond, la concurrence repose sur les prix, n’est-ce pas ? » Alors là, il m’a cloué ! Tout est maintenant question de prix.
Avec des centaines de fournisseurs exposants, ce sont naturellement les plus grandes entreprises qui vendent le plus. Si le problème concerne vraiment les prix, la vente de gros volumes devrait permettre aux sociétés de continuer à générer des revenus considérables. En outre, les grandes entreprises sont plus sensibles au crédit bancaire et motivées pour vendre. Les PME sont moins flexibles et ont fait part de résultats mitigés pour ce salon.
Les acheteurs étaient principalement intéressés par les VS-SI, se tournant davantage vers les couleurs DEF en couleurs supérieures. Quant aux puretés inférieures, les SI-I1 en HIJ ont également connu une demande satisfaisante ; cependant, les acheteurs se sont montrés pointilleux sur les prix pour ces deux gammes.
Les marchandises supérieures, de plus de 3 carats, plus difficiles à trouver, ont profité d’une demande satisfaisante, tandis que les 1 à 2 carats, objets de plus amples incertitudes en matière de prix, ont suscité une guerre des prix entre acheteurs et vendeurs.
Où cela nous mène-t-il ? Le marché se montre plus sensible aux prix, notamment pour les articles ayant subi une baisse de la demande. Dans le même temps, si les grossistes tiennent le coup et ne dévient pas, les acheteurs chinois succomberont probablement à leurs pressions pour reconstituer leurs stocks et seront prêts à payer le prix vers la mi-octobre.