LVMH a annoncé un rétropédalage quant à son accord de rachat de Tiffany & Co., décision qui mécontente le joaillier.
Dans un communiqué publié mercredi 9 septembre au matin, LVMH a évoqué des problèmes de date de signature pour justifier l’annulation : Tiffany aurait demandé un second report au 31 décembre 2020 et le gouvernement français demanderait à LVMH de patienter jusqu’en janvier 2021, en raison d’un projet de droits de douane américains sur les marchandises de luxe françaises.
LVMH a déclaré : « En raison de ces éléments et ayant été informé de la première analyse juridique menée par les conseillers et les équipes de LVMH, le conseil d’administration a décidé de se conformer à l’accord de fusion signé en novembre 2019 qui prévoit, quelle que soit la situation, une échéance de signature au 24 novembre 2020 et consigne officiellement qu’en l’état, LVMH ne pourra donc pas conclure l’acquisition de Tiffany & Co. »
Tiffany a réagi en publiant son propre communiqué mercredi matin, annonçant qu’elle poursuivait LVMH en justice pour tenter de l’obliger à donner suite à la transaction de 16,2 milliards de dollars.
Le joaillier prétend que LVMH a enfreint l’accord de fusion, renâclant à assumer ses obligations et cherchant des failles pour éviter l’acquisition telle qu’elle est établie.
D’après Tiffany, LVMH n’a pas respecté son obligation de « faire tout ce qui est nécessaire » pour s’assurer les autorisations réglementaires aussi rapidement que possible.
À l’origine, l’accord de fusion établissait une date de clôture pour le 24 août. Tiffany a pourtant demandé à la reporter au 24 novembre – un report autorisé dans le cadre de l’accord – du fait qu’elle avait besoin d’un certain nombre d’autorisations antitrust. D’après Tiffany, LVMH n’a pas pris les devants afin de les obtenir.
Le 24 août, trois mois seulement avant la date de clôture du 24 novembre, Tiffany a fait remarquer que « LVMH n’avait pas encore déposé de demande d’approbation antitrust […] dans l’Union européenne ou à Taiwan et que les demandes étaient toujours en attente au Japon et au Mexique, tout ceci en raison des efforts concertés de LVMH pour retarder ou éviter l’obtention d’approbations réglementaires dans ces territoires, en violation de l’accord de fusion. »
Le joaillier spécialisé a également prétendu que LVMH utilisait le projet de droits de douane comme excuse pour se retirer de l’accord.
LVMH a affirmé avoir reçu un courrier en date du 31 août de la part du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, l’informant d’une menace du gouvernement américain d’imposer des taxes supplémentaires sur les produits français, notamment les marchandises de luxe.
Le ministère a demandé au conglomérat de luxe parisien de soutenir les efforts français pour dissuader le gouvernement américain d’imposer des droits de douane supplémentaires, en retardant l’acquisition de Tiffany, une société américaine.
Tiffany a toutefois affirmé qu’il n’existait aucun fondement juridique en droit français qui permettrait au ministre des Affaires étrangères d’ordonner à une société d’enfreindre un accord valable et contraignant. Elle a accusé LVMH « d’utiliser tout moyen à sa disposition pour tenter d’éviter de conclure la transaction aux conditions convenues ».
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton avait annoncé son intention d’acheter Tiffany en novembre 2019. À l’origine, la transaction devait être conclue à la mi-2020.
La crise de la Covid-19 a ensuite éclaté et a plombé le retail de luxe dans le monde entier.
En juin, des rumeurs ont circulé selon lesquelles la transaction commençait à chanceler. Bernard Arnault, le directeur exécutif et président du conseil de LVMH, aurait cherché à faire baisser le prix du joaillier.
Tiffany a engagé sa procédure judiciaire auprès du tribunal de la chancellerie du Delaware, là où la société est enregistrée.