Bienne, Suisse – Swatch Group a publié un communiqué jeudi 27 octobre annonçant « d’énormes » hausses de prix à venir, après le rejet par la Commission suisse de la concurrence de sa proposition de rotation des mouvements invendus.[:]
En 2013, Swatch Group était parvenu à réaliser ce qu’il avait appelé un « accord amiable » avec la Commission suisse de la concurrence (Comco). Celui-ci l’autorisait à réduire progressivement les volumes de mouvements finis et de pièces de mouvements que le fabricant ETA livre à ses clients, des sociétés comme Tudor et Sellita. Un arrêt total de l’approvisionnement est prévu pour la fin 2019.
Jusque-là, Swatch Group est obligé de maintenir la production des mouvements à un certain niveau, malgré le fait qu’un grand nombre de ses clients aient fortement réduit leurs volumes de commandes. Certains grands clients n’ont même pas passé de commandes pour 2017.
De ce fait, Swatch Group a demandé à la Comco d’autoriser ETA à essayer de proposer les mouvements invendus à tous ses clients, et pas seulement à ceux concernés par l’accord de 2013.
La Comco a rejeté cette demande.
Dans un communiqué publié jeudi 27 octobre, la commission a déclaré : « L’environnement économique difficile dans lequel se trouve actuellement l’industrie horlogère… n’est pas un motif suffisant pour modifier le plan adopté en 2013. »
Swatch Group a qualifié la décision d’« éminemment irréaliste ».
« La proposition de Swatch Group n’a jamais eu pour but d’enfreindre l’accord amiable mais plutôt de le compléter afin de tenir compte des comportements abusifs des clients, a indiqué la société. Avec cette décision, ETA et Swatch Group doivent une fois de plus assumer le risque économique de leurs clients… ETA doit maintenir les capacités déterminées pour les années à venir afin de satisfaire son obligation d’approvisionnement défini par la Comco. »
Swatch Group a ajouté qu’il envisagerait « d’énormes hausses de prix » afin de couvrir les coûts supplémentaires associés à la production de ces mouvements qu’il est incapable de vendre.
Jon Cox, analyste suisse de Kepler Cheuvreux, spécialiste de Swatch, a affirmé que la menace « n’est pas vraiment sérieuse » car la Comco pourrait refuser les augmentations de prix qu’elle juge déraisonnables.
Il a toutefois ajouté : « Bien entendu, c’est peut-être aussi pour cela qu’elle [la Comco] a rejeté Swatch Group. Cela peut vouloir dire que, étant donné la situation de Swatch Group, elle ne s’opposera pas aux hausses de prix. »
Il s’agit d’un revirement ironique dans une affaire qui remonte à 2011. C’était alors la première fois que Swatch Group approchait la Comco à propos d’une réduction d’approvisionnement.
À l’époque, de nombreuses sociétés avaient déploré la demande de Swatch, qualifiée de « bombe », qui ferait peser un lourd tribut sur les petits horlogers, alors incapables de trouver des sources alternatives de mouvements en dehors de leur secteur.
Il semble qu’il y ait aujourd’hui trop de mouvements. De nombreuses sociétés ont en effet commencé à en fabriquer alors même que Swatch s’apprêtait à réduire son approvisionnement et que la demande de montres suisses diminuait partout dans le monde.
Swatch Group a affirmé vendredi 28 octobre n’avoir pas d’autre commentaire à faire sur la décision de la Comco.