Rapaport Group ne publiera plus de nouvelle liste pendant les cinq prochaines semaines. La propagation du COVID-19 a en effet mis en sommeil le marché diamantaire partout dans le monde.
Rapaport Group a affirmé que 72 % des membres de RapNet s’étaient prononcés, lors d’un vote clos mardi 24 mars, pour le report de la publication de la prochaine liste au vendredi 1er mai. (La liste Rapaport est normalement publiée tous les vendredis.)
Seul un quart environ (28 %) ont voté pour la poursuite de la publication de la liste chaque semaine.
La liste du 20 mars, celle qui a provoqué la colère des négociants, reste en vigueur jusqu’au 1er mai.
Le rapport de Rapaport Group à propos du vote sort après quelques jours tumultueux dans l’industrie diamantaire.
Lorsque la liste a été publiée vendredi 20 mars, les membres de RapNet ont remarqué que les prix avaient subi une forte baisse, une décision dont Martin Rapaport, président du groupe Rapaport, a affirmé qu’elle visait à traduire la situation du marché.
« Je fais mon travail : celui de communiquer les prix des diamants et d’établir un juste équilibre, a-t-il déclaré à National Jeweler lors d’un entretien par Skype dimanche 22 mars. Je ne peux pas publier de fausses informations. »
Autrement dit, je ne suis que le messager !
Le repli a mis en colère des négociants du monde entier, beaucoup estimant que les prix ne pouvaient ni monter ni descendre car, comme l’a expliqué Ronnie VanderLinden, président de la Diamond Manufacturers & Importers Association of America, dans un communiqué adressé à ses membres, l’industrie connaît « un vide intersidéral en termes de transactions », en raison du coronavirus.
« Si Rapaport avait pour vocation de maintenir la stabilité sur le marché, il pourrait et aurait donc dû simplement annoncer une suspension de sa liste jusqu’à ce que la crise soit passée. Ses actions n’ont eu pour but que d’essayer de déstabiliser un peu plus un marché en crise », indique le communiqué.
Martin Rapaport a indiqué à National Jeweler qu’il n’envisageait pas de revenir sur la baisse des prix mais qu’il avait organisé un vote des membres de RapNet pour qu’ils se prononcent sur la suspension de la liste – mais en se basant sur les niveaux du 20 mars.
Après la baisse des prix, des centaines de sociétés diamantaires ont retiré leurs diamants de RapNet. Beaucoup se sont promis de trouver une alternative à la liste, utilisée depuis 42 ans.
Parallèlement, comme la liste Rapaport est suspendue – et que le ressentiment face à la chute des prix reste palpable – d’autres plates-formes et organisations font un pas en avant, en proposant une adhésion gratuite, voire en lançant de nouvelles plates-formes.
Ces offres ont fleuri un peu partout au cours de la semaine à mesure que le mouvement visant à s’écarter de RapNet s’intensifiait.
Rapaport Group n’a pas répondu dans les temps aux questions que nous lui avions adressées par e-mail pour connaître le nombre de sociétés qui avaient retiré leurs diamants de RapNet mais une source a indiqué à National Jeweler jeudi 26 mars au matin que près de 500 sociétés étaient concernées jusqu’à présent, pour un total de 5 milliards de dollars de marchandises retirés du site.
Un communiqué de la World Federation of Diamond Bourses, l’organisation de tutelle des salles de marché de diamants dans le monde, a commencé à faire circuler l’annonce du lancement d’une plate-forme de négoce interne.
Celle-ci sera ouverte à tous les membres de la WFDB, dans toutes les bourses, et toutes les transactions seront soutenues par son système d’arbitrage, a-t-elle déclaré.
L’organisation a affirmé que le nouveau site entrerait en service « prochainement ». Entre-temps, l’Israel Diamond Institute vient d’ouvrir sa plate-forme de négoce, Get-Diamonds.com, à tous les membres de la WFDB.
Bien que le communiqué de la WFDB ne mentionne nommément ni Martin Rapaport ni RapNet, il semble faire allusion à l’idée grandissante selon laquelle l’industrie a besoin d’un remplaçant – ou du moins d’une alternative viable – à RapNet, indiquant que sa nouvelle plate-forme « contribuerait fortement » à une « concurrence saine ».
IDEX a adressé un courrier signé par Ehud Cohen, son président, et Tamar Katzav, le directeur opérationnel, indiquant qu’elle mettait gratuitement sa plate-forme de négoce de diamants à disposition de tous les nouveaux venus jusqu’au mois d’août. Le courrier proposait également un lien vers les coordonnées de ses bureaux partout dans le monde.
IDEX a affirmé que son indice des prix était actualisé toutes les heures et issu de son stock commercial, comptant plus de 700 000 diamants taillés.
Tout comme la WFDB, IDEX ne cite jamais le nom de Rapaport mais le courrier indique notamment : « Nous pensons fermement qu’une nouvelle vision audacieuse nous permettra de traverser cette tourmente et de la dépasser, afin de parvenir à prospérer à nouveau. »
Il fait également référence de manière subtile à d’autres critiques adressées à RapNet. L’indice des prix IDEX est décrit comme « impartial » et « reflète précisément les tendances tarifaires en temps réel, par exemple la chute de plus de 2 % depuis le début mars. »
Le recul, vendredi 20 mars, de la liste Rapaport était plus abrupt. Les prix étaient en baisse en moyenne de 7 % dans toutes les catégories.
Virtual Diamond Boutique a fait circuler un rappel sur Internet, indiquant que le système « a toujours été et serait toujours » gratuit et a invité les acheteurs à le rejoindre.
De plus, mercredi 25 mars au matin, la place de marché diamantaire Nivoda a affirmé qu’elle gelait ses prix au niveau de la liste Rapaport du 6 mars, comme l’avaient demandé de nombreux membres.
Les prix resteront gelés pendant au moins trois mois, ce qui laissera à l’industrie « le temps de décider comment gérer la tarification à l’avenir ».
« Nous pensons qu’en gelant la liste de tarifs, nous permettrons que les escomptes appliqués aux marchandises reflètent véritablement les prix du marché », a déclaré David Sutton, son PDG.
