Seuls quelques salons parmi tous ceux qui sont prévus au calendrier de l’industrie du diamant et des bijoux ont la capacité de donner le ton. [:]
Le JCK Las Vegas dresse un tableau fidèle de l’état du marché américain, dont l’importance est cruciale. Ces dernières années, le salon indien de l’IIJS, organisé à Mumbai en août, a été décisif pour les négociants, en plein préparatifs pour les fêtes de Diwali et de Noël. Quant aux salons de Hong Kong, en mars et septembre, ils se sont transformés en indicateurs de tendance importants pour la demande en Extrême-Orient et le commerce des diamants en général.
Cette année n’y fait pas exception. Les professionnels attendent beaucoup du Hong Kong International Jewellery Show, du 5 au 9 mars. Le salon a été soigneusement planifié. Organisé à l’issue de la Semaine d’Or du Nouvel An chinois début février, il propose aux négociants de la région leur première occasion d’acheter des marchandises et de reconstituer leurs stocks.
En attendant, les négociants de taillé s’interrogent sur la volonté des acheteurs chinois de revenir sur le marché après leur départ en 2012. Les fournisseurs cherchent à évaluer la qualité de la saison des festivals de printemps. Ils veulent également savoir à quel point la qualité des échanges influera sur les autres marchés et jouera sur l’humeur dans les mois à venir.
Sur de nombreux points, l’humeur a été relativement optimiste jusqu’à présent en 2013. Un important fabricant indien a affirmé à Rapaport News cette semaine que le trimestre en cours était le plus stable depuis le début de l’exercice financier de l’Inde, qui a débuté en avril 2012. Certes, l’année écoulée n’avait pas fixé la barre très haut.
Pourtant, la récente stabilité des prix du taillé est un signe positif pour les fournisseurs du monde entier. L’indice RapNet Diamond Index (RAPI) pour les diamants certifiés de 1 carat a pris 0,2 % depuis le début de l’année. Les 0,3 carat ont, eux, progressé de près de 3 %. Or, la demande reste forte et des pénuries apparaissent pour certaines catégories dans ces grosseurs.
Le marché espère une poursuite de cette tendance à la hausse, les prix du brut ont en effet augmenté au cours du cycle du sight de février. Les négociants de brut sur le marché secondaire constatent, à nouveau, des premiums de 5 % à 8 % sur les boîtes de la De Beers. La société minière aurait augmenté ses prix de 4 % environ lors du sight de cette semaine, en grande partie en ajustant ses assortiments. La valeur des boîtes aurait ainsi augmenté. Des rumeurs avancent des progressions similaires chez BHP Billiton et ALROSA.
Les fabricants risquent d’y trouver un prétexte pour augmenter leurs prix lors du salon. D’ailleurs, à l’occasion du salon Signature, très calme la semaine dernière à Mumbai, un négociant indien s’attendait à ce que les acheteurs soient surpris par la hausse des prix à Hong Kong.
Mais peut-être confond-il attentes et espoirs. Des incertitudes continuent de planer sur le marché, malgré l’optimisme retrouvé.
Or, il n’y a aucune raison de penser que les prix du taillé pourraient augmenter après la hausse des prix du brut. La plupart des fabricants sont pour le moins perplexes face à la flambée récente des échanges de brut. Ils craignent réellement que les achats ne soient influencés par des attentes spéculatives d’une nouvelle hausse des prix. Et d’avertir : la demande de taillé ne justifie pas encore ces hausses des prix du brut.
Plutôt que d’être influencés par une légère hausse de la demande des consommateurs, les prix du brut ont été soutenus par une baisse de production et d’approvisionnement soigneusement organisée. Les fabricants, qui ont terminé 2012 sur des stocks élevés et des niveaux d’exploitation relativement faibles, ont lentement repris la production. Les tailleurs semblent disposer de suffisamment de brut pour satisfaire leurs besoins, preuve supplémentaire qu’un aspect spéculatif a influencé l’amélioration récente des échanges de brut.
Le marché ne semble pas inondé de taillé. Après la saison des mariages en Inde, de nombreux tailleurs ont pris des congés prolongés. Si le besoin s’en faisait sentir, la fabrication devrait s’accélérer de manière significative après la fin de l’exercice fiscal en cours, le 31 mars. Les fournisseurs rencontrent donc certaines difficultés à s’approvisionner dans les catégories demandées pour le moment. En effet, le succès au salon de Hong Kong dépendra peut-être de leur capacité à présenter les bonnes marchandises.
À l’évidence, les acheteurs considèrent le marché sous un autre angle. Selon eux, il n’y a pas d’urgence à acheter à très grande échelle, ils ne cherchent pas à constituer des stocks. D’après certains bruits, les grands joailliers américains achèteraient de façon régulière, au moyen de programmes dédiés. Les petites exploitations restent quant à elles prudentes. L’Europe est encore faible. Les problèmes économiques de la région sont aggravés par l’absence de résultats aux élections en Italie cette semaine. Le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient montrent des signes de stabilité. La De Beers, entre autres, prévoit une croissance modérée de la demande de bijoux en diamants en 2013.
Dans l’ensemble, le marché du taillé paraît s’équilibrer. Quant au brut, il pourrait un peu brûler les étapes. Reste à savoir si cela suffira pour stimuler des échanges solides au salon de Hong Kong. Un scénario plus probable serait l’apparition de niches d’échanges positifs, comme cela a été le cas sur le marché cette année. Compte tenu des rapports actuels, la demande pourrait être soutenue pour les diamants certifiés. Sont particulièrement concernés les VS-SI et Triple Ex en 0,30 à 0,50 carat et 1 carat.
En cette période de l’année, cela devrait s’avérer suffisant pour les fournisseurs. Un peu moins ou un peu plus, d’ailleurs, et des craintes pourraient voir le jour. En effet, étant donné les niveaux actuels de la demande des consommateurs et les attentes limitées pour l’année, un marché du taillé en trop forte hausse ne serait pas durable. Cela vaut aussi pour le brut. Les suites du salon de Hong Kong pourraient bien être le maintien du taillé et le retour de l’équilibre sur le marché du brut. Il y aurait là une note positive pour le marché.