Communiqué de presse – À la veille de la réunion d’intersession du KP à Mumbai : un projet de chaîne de valeur indépendante, où le risque n’est pas également réparti.[:]
« Chers amis,
Pendant cinq jours, à compter du 17 juin, les participants du Kimberley Process (KP) se réuniront à Mumbai pour le premier des deux rassemblements consécutifs qui se tiennent en Inde cette année. La réunion, dite réunion d’intersession, est accueillie par le gouvernement indien, tout comme la séance plénière prévue à Delhi en novembre. Les deux événements seront consacrés en grande partie au processus de revue et de réforme du KP, qui en est actuellement à sa troisième et dernière année.
Les décisions qui seront prises au cours des six prochains mois dans le cadre du processus de revue et de réforme auront des répercussions pendant plusieurs années et influeront sur les vies et les moyens de subsistance, jusqu’aux extrémités de la chaîne de valeur, tant en amont qu’en aval.
C’est sur cette chaîne que j’aimerais insister. Il existe certains secteurs d’activité présentant le même niveau d’interdépendance que celui présent entre les différents acteurs qui la constituent. Personne ne peut exercer sans les autres. Ainsi, chaque membre est en capacité aussi bien de faciliter le fonctionnement de tout le système que de le perturber.
Pourtant, les enjeux ne sont pas les mêmes sur toute la chaîne. Dans de nombreuses régions minières et dans plusieurs centres de traitement, les diamants représentent une source essentielle de revenus et de développement pour la communauté. Or, dans les pays où les bijoux en diamants sont vendus, ceux-ci sont considérés comme accessoires, sur un marché du luxe où il existe de nombreuses alternatives. C’est vrai, les diamants ont réussi à rester populaires sur une période remarquablement longue. Mais si la confiance des consommateurs était ébranlée, ils pourraient tout aussi bien choisir de dépenser leurs revenus disponibles pour de l’électronique, des voyages ou d’autres articles de luxe.
Je suis donc perplexe quant au fait que les participants du KP qui défendent les normes les plus strictes pour l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement ne soient pas ceux connaissant le plus haut risque, sans compter qu’ils figurent parmi les plus gros bénéficiaires potentiels d’une hausse des revenus de leurs ressources diamantaires. Ceci dit, nous devons tenir compte du sentiment naturel de malaise que ressentent certains participants lorsqu’ils reçoivent des leçons de ceux qui, par le passé, ont colonisé leurs terres et leurs vies. Mais cela ne doit pas effacer le fait que nous sommes tous interdépendants. Nier les craintes des pays consommateurs n’est pas seulement improductif, c’est aussi probablement contre-productif.
Comme les maillons intermédiaires de la chaîne, qui relient le secteur minier et les marchés de consommation, dans l’industrie des diamants et des bijoux, nous sommes très au fait des pressions que subissent les deux côtés. C’est pour cette raison que nous sommes convaincus que tous nos intérêts convergent : il faut activer la capacité des diamants naturels à bâtir des nations, notamment dans les pays où domine l’extraction artisanale et à petite échelle, mais aussi en faire la démonstration.
Par conséquent, le nouveau Système de garanties du WDC fait expressément référence aux droits de l’homme et du travail et à la lutte contre le blanchiment d’argent et contre la corruption. En outre, aux côtés de la société civile et dans le cadre du processus de réforme du KP, nous défendons l’idée que la définition des « diamants du conflit » doive être étendue afin d’y inclure toutes formes de violence systémique.
Nous espérons pouvoir annoncer des progrès importants depuis Mumbai. »
Stephane Fischler
WDC President