L’absence de la « ruée vers les diamants » qui est, depuis tant d’années, aussi bien une caractéristique qu’une partie intégrante du cycle du brut, a été des plus criantes en 2015, ce qui en fait l’un des démarrages les plus médiocres de l’industrie depuis des années.[:] C’est dans ce contexte que les sightholders ont assisté au premier sight de l’année à Gaborone, dans un mélange d’anticipation et de craintes constantes.
Il faut porter au crédit de la De Beers la proposition, faite au cours de la première semaine de janvier, qui permettait aux sightholders de reporter jusqu’à 25 % de leur attribution. Très bien accueillie, cette mesure inhabituelle de la De Beers est la preuve que le minier reconnaît les problèmes sérieux de l’industrie. Il n’y a pas eu d’attributions hors programme.
Nous estimons donc le sight de janvier à 450 millions de dollars environ.
En termes de tarifs, ceux des boîtes ont été ajustés d’environ 4 % en moyenne. Même si ce n’est pas en soi la solution à la disparité entre les prix du brut et du taillé, espérons que cela participera au processus que suivra l’industrie dans les 2 à 4 mois pour retrouver des conditions de travail plus favorables. Une baisse de prix plus drastique aurait eu un effet catastrophique pour la majorité des sociétés. Toutefois, la baisse des arrivées de brut, associée à des ajustements de prix modérés, permet désormais aux clients de s’autoréguler dans leurs décisions et de choisir la quantité de brut à transformer, tout en attendant l’inévitable réapprovisionnement des détaillants et le raffermissement consécutif des prix du taillé.
Les réactions aux prix des boîtes ont été globalement négatives en termes de valeur, les critiques portant notamment sur les 4 gr à 8 gr, les Small Z de -3 gr et certaines des catégories les moins chères. Les marchés de négoce ont constaté une certaine activité au cours de la semaine du 19 janvier, la plupart des vendeurs proposant des crédits entre 90 et 120 jours. Au niveau des liquidités, quasiment tous continuent de travailler à perte.
Avec quatre petits sights à la suite, une saison commerciale américaine derrière nous, au cours de laquelle les ventes aux consommateurs auraient dépassé celles de 2013, ainsi que des brèches isolées qui commencent à apparaître dans les stocks de taillé, il y a des raisons de penser que nous avons atteint le fond d’une interminable récession. Toutefois, malgré l’optimisme pour les perspectives à long terme, l’industrie rencontrera évidemment d’importantes difficultés dans un avenir immédiat et la reprise prendra du temps.
La confiance continue de manquer à l’appel. Tant que l’on n’a pas l’impression d’avoir atteint des prix « plancher » pour le taillé, le réapprovisionnement du secteur de détail restera en suspens, les prix du brut seront incertains et la fabrication restera dirigée par les usines. Plusieurs sightholders ont aussi affirmé que la De Beers devait s’en tenir à ses prix pour les sights à venir, afin d’endiguer les espoirs de nouvelles baisses de tarifs.
Le brut est relativement difficile à trouver, et les stocks sont bas. Les usines de Surat ont réduit leur volume de production d’environ 30 % à 35 %, les stocks du GIA diminuent, d’autres grands producteurs n’auraient pas vendu de volumes importants (ou auraient réduit leurs prix), les stocks de taillé se sont amenuisés grâce aux ventes saisonnières, ce qui permettra de relâcher la pression sur les finances… Tous ces facteurs devraient contribuer à retrouver des activités plus lucratives et durables.
Malgré de nombreuses plaintes chez les sightholders, la plupart admettent qu’il est quasiment impossible que la De Beers tarife le brut et assure la rentabilité d’un marché où les prix ne cessent de chuter. La De Beers a probablement fait tout ce qu’elle a pu, au vu des options disponibles.
Certains craignent également que le recul de la fabrication en Inde, imposé à l’industrie par les conditions des six derniers mois, ait des répercussions durables, notamment sur la main-d’œuvre. Nombreux sont ceux qui ont dû quitter le secteur. Une croissance importante dans d’autres secteurs économiques pourrait décourager les travailleurs de revenir vers la fabrication des diamants.
La difficulté persistante, que nous évoquons depuis des mois, reste celle des liquidités. Les sightholders s’accordent à dire que ce sujet restera l’un des plus gros problèmes en 2015. C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles la De Beers a intégré des questions comme la responsabilité financière et la bonne gouvernance à ses contrats démarrant en avril.
Nous pensons que certaines boîtes ont été refusées pendant le sight, mais pas au niveau constaté en décembre. Il s’agit pourtant plus d’une conséquence des exigences des usines que de la valeur perçue du contenu des boîtes. Quelques demandes ciblées pour des boîtes supplémentaires ont été constatées au cours de la semaine du sight et les fabricants ont dû répondre à des exigences ou des commandes spécifiques. Selon nous, elles ont pu être satisfaites grâce au recyclage, à une échelle très limitée.
Mike Aggett, Directeur général