Rapport IDEX Online sur le marché du brut : hausse des Crystals, baisse des couleurs et prise de recul sur les assortiments

Edahn Golan

La baisse des prix du brut a apporté un certain soulagement mais le secteur doit encore supporter de nombreux problèmes. Certains sont anciens, comme les questions de rentabilité, d’autres viennent tout juste d’émerger, comme les allégations d’hétérogénéité des assortiments de la Diamond Trading Company (DTC).[:] Ensemble, ils contribuent aux incertitudes constantes.

Le sight de novembre de la DTC, estimé à 550 millions de dollars, n’a pas montré de fortes variations de prix. Il a connu de petits ajustements, à la hausse et à la baisse, ou des modifications des compositions des boîtes, notamment au niveau des grosseurs au sein d’une même boîte.

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Les Crystals

Deux articles ressortent particulièrement : les Crystals et les couleurs de moindre grosseur. Le regain d’intérêt pour les tailles princesse et coussin a exacerbé l’attrait pour les Crystals.

Le prix de la boîte de Crystals de 2,5 ct à 4 ct de la DTC a été augmenté puis réduit en 2012. En janvier, cet article se vendait 2 633,89 dollars/ct, après une baisse de 15 % par rapport au sight de décembre 2011. La DTC a fait flamber les prix au premier semestre, jusqu’à 2 962,95 dollars/ct au cours du sight de juin. Depuis, elle a revu ses prétentions à la baisse. La semaine dernière, cet article se vendait 2 693,20 dollars/ct.

Selon les fabricants, le prix est maintenant juste. Il tient compte de la baisse des prix du brut et de la hausse de la demande et des prix du taillé. La demande pour cette boîte a donc augmenté par rapport au précédent cycle et elle s’affirme cette semaine.

La boîte de Crystals de grosseur supérieure, de 5 à 14,8 ct, reste inchangée face à une demande médiocre. Les fabricants la disent chère, l’un d’entre eux l’a même qualifiée « d’élingue », un terme issu du néerlandais qui décrit un nœud coulant ; il est utilisé pour qualifier un diamant qui n’est pas demandé et prend la poussière dans le coffre-fort.

Les couleurs

La baisse des prix des marchandises blanches a été relativement plus importante que celle des couleurs, l’écart de prix entre les deux ayant diminué, nuisant à la demande pour les couleurs. En effet, avec un budget légèrement supérieur, un fabricant peut acheter des marchandises blanches et peut-être obtenir une meilleure marge grâce au taillé obtenu.

Or, la situation vient peut-être de changer. La semaine dernière, Alrosa a tardivement réduit les prix des couleurs de moindre grosseur (2 carats et moins). Cet article, généralement demandé, était surtarifé par Alrosa et restait en stock, ne suscitant que peu d’intérêt auprès des acheteurs. Pour inverser la tendance, Alrosa a réduit ses prix de 12 % à 20 % environ. Cette forte baisse aurait fait naître un léger émoi sur le marché.

Des assortiments problématiques

Les sightholders commencent à se plaindre de l’hétérogénéité croissante des assortiments des boîtes de la DTC. Les acheteurs sous contrat, comme les sightholders, doivent pouvoir se garantir un approvisionnement régulier, un aspect également important pour les échanges de boîtes.

Une boîte scellée de la DTC véhicule un certain mystère ou, comme aiment à le dire les négociants, une « illusion ». Une boîte scellée de la DTC se vend plus cher que la même boîte ouverte. Le contenu peut être parfaitement identique, les négociants refuseront de payer le même prix pour les deux.

L’homogénéité de la boîte permet également d’effectuer les transactions par téléphone. Les acheteurs qui connaissent une boîte savent à quoi s’attendre et sont donc prêts à l’acheter les yeux fermés. Or, si l’homogénéité disparaît, les sightholders jugent que leur approvisionnement sera dégradé et vont perdre confiance, eux et les acheteurs du marché secondaire.

Selon un membre de l’industrie, certains des acheteurs du marché secondaire préfèrent les marchandises hors DTC face aux problèmes d’homogénéité perçus et en raison de la baisse des prix des autres fournisseurs. N’importe quel détaillant le sait, sans le mystère (lié à une marque forte), impossible de facturer un supplément.

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Les raisons de ce problème des boîtes de la DTC ne sont pas certaines ; nous ne savons pas non plus vraiment celles qui sont concernées et l’ampleur de la question. Une cause possible peut être le déménagement du centre de tri de Londres à Gaborone. Les personnes désormais chargées du tri des marchandises agissent peut-être légèrement différemment de ce qui se faisait à Londres.

Louise Prior, responsable des communications de la DTC, dénonce cette hypothèse. « Nous savons, grâce à nos données, que l’homogénéité est toujours aussi précise dans notre assemblage au Botswana qu’elle l’était à Londres, les équipes sont très expérimentées et comprennent des personnes qui ont déménagé de Londres à Gaborone et des employés autochtones, formés à Londres et au Botswana. »

Un autre motif, exprimé par le marché, serait la baisse des disponibilités. Bien sûr, si la société ne dispose pas des marchandises, elle ne peut pas les mettre dans la boîte. Cela pourrait expliquer pourquoi, pour la troisième fois cette année, aucune boîte de fantaisies n’a été proposée et que le dernier sight ne contenait pas de boîtes de Cold & Brown Clivage.

Une opinion contraire sur le marché voudrait que le changement concerne les négociants plutôt que les marchandises. « Le marché est contesté, les acheteurs examinent les boîtes bien plus soigneusement qu’avant », a déclaré un initié. Par conséquent, si une seule pierre est aux limites de l’assortiment, elle se distingue plus que par le passé.

Rien n’est laissé sur la table

Comme toujours, certaines des boîtes du sight n’ont pas été prises. Elles ont alors été proposées à d’autres sightholders et la plupart ont été vendues. Il semblerait que les fabricants aient été moins enclins à laisser des marchandises que les négociants.

Certains sightholders se demandent pourquoi leurs collègues ont acheté autant de marchandises ; deux des personnes à qui nous avons parlé ont estimé que les raisons étaient politiques pour certaines marchandises : il fallait démontrer la capacité de la DTC ou, si les boîtes ne faisaient pas partie d’un approvisionnement régulier, elles étaient achetées pour donner un coup de pouce à la catégorie.

Les échanges sur le marché secondaire sont restreints. Certains négociants pensent pouvoir faire des profits, certaines boîtes affichent même un petit premium, mais des boîtes continuent de se vendre au tarif de la DTC.

Les perspectives

Tout dépend désormais des ventes des fêtes de novembre-décembre. Une demande satisfaisante pour les bijoux en diamants a tôt fait de remonter la filière. Un négociant propose ses prévisions : « En février-mars, la rentabilité passera à 10 % ; en juin-juillet, nous subirons à nouveau un brut trop cher. » Il semblerait que, quelle que soit la direction prise, le vrai problème demeure le manque de rentabilité.

Dans l’actualité, Harry Winston devrait racheter Ekati et les opérations de BHP Billiton à Anvers ; il faudra alors observer si ses marchandises de Diavik seront ajoutées aux enchères d’Ekati ou si le modèle commercial évoluera, par exemple vers un programme d’approvisionnement essentiellement ciblé sur les contrats.

Source Idexonline

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