Dans un nouvel éditorial tonitruant, Martin Rapaport, le président de Rapaport Group, a qualifié le surclassement des diamants par certains laboratoires de « menace significative » pour l’industrie.[:] Selon lui, la situation pourrait mécontenter les clients, qui exigeraient d’être remboursés par les joailliers.
« Si une masse critique de consommateurs apprenait que leurs diamants ont été surclassés et qu’ils ne réussissaient pas se faire rembourser… nous pourrions nous retrouver face à une attaque en règle contre les diamants dans les médias sociaux. Une telle initiative, lancée par le public, pourrait dépasser tout ce que nous avons vu ou pouvons même imaginer » a expliqué l’éditorial, que la société a adressé par e-mail à 77 000 membres du secteur et à la presse.
Il a averti les détaillants qui vendent des diamants surclassés : « mieux vaut vous préparer à les rembourser, si vous ne voulez pas mettre la clé sous la porte… Soyez aussi conscients que, même si vous acceptez de rembourser le client, un avocat procédurier pourrait malgré tout estimer que vous l’avez floué en ne déclarant pas correctement la qualité et vous envoyer en justice, en quête de dommages et intérêts triples 1. »
Rapaport a également fustigé une déclaration de EGL International (qu’il a accusée de surclassement), dans laquelle la société affirmait qu’il n’existait aucune norme de certification des diamants acceptée partout dans le monde. Il a évoqué une attaque des « fondements de notre industrie ».
« Selon eux, il n’y a rien de mal à qualifier une couleur N de G, puisque tout le monde peut dire ce qu’il veut en l’absence d’une norme universelle, a-t-il affirmé. Si nous ne sommes pas en mesure de faire la différence entre les qualités, comment la marquer entre les prix ? Dans ces conditions, les cours des diamants vont s’effondrer. »
Il a accusé les grandes organisations du marché de « fermer les yeux » sur le problème et les a exhortées à expulser les membres qui vendent des diamants en employant la terminologie du GIA, sans en appliquer les normes.
Cette année, sa plate-forme d’échanges en ligne RapNet a interdit tout négoce des rapports EGL, une décision critiquée par EGL États-Unis, EGL Afrique du Sud et EGL Platinum en Israël, qui affirment toutes que les normes qu’elles appliquent sont strictes.
Dans son éditorial, Martin Rapaport a affirmé que « l’action la plus éthique » consisterait à modifier le nom des « bons » EGL.
« Les nouveaux EGL poussent comme des champignons, certains avec des normes scandaleuses, voire sans aucune norme, a écrit Martin Rapaport. Il est temps que les bons EGL cessent d’aider et d’encourager les EGL médiocres, qui profitent de la confusion des noms. »
Dans une déclaration, Mitch Jakubovic, le directeur d’EGL États-Unis, s’est dit exaspéré par cette accusation d’aide et de soutien aux EGL et a souligné que sa société est en procès contre EGL International depuis 10 ans.
« EGL États-Unis se bat du côté du bien depuis des années, tandis que d’autres – vous compris – ont continué à faire la promotion et la publicité d’EGL International et à en tirer des bénéfices, a expliqué Mitch Jakubovic. Nous ne pouvons nous empêcher de nous interroger sur l’aide et le soutien qu’ont apporté les cotations RapNet aux [rapports surclassés]. »
[1]Applicables en droit américain.