Lundi 27 juin, à l’occasion du Business Excellence Seminar 2016 de la De Beers, ses dirigeants sortants et entrants – Philippe Mellier devait tirer sa révérence quatre jours plus tard – se sont exprimés. Leurs propos nous ont permis de tirer quelques enseignements pour l’avenir et notamment sur la nouvelle direction que prendra la De Beers.[:]
Réfléchir à l’avenir pour ne pas devenir obsolète
Philippe Mellier, PDG sortant de la De Beers a ouvert le bal comme de juste en annonçant l’objet et l’enjeu de ce séminaire 2016 intitulé « Innovation and Transformation : sustaining success in tomorrow’s world ».
La De Beers s’inscrit dans une réflexion globale, tant pour l’entreprise elle-même que pour l’avenir d’une industrie du diamant qui ne doit en aucun cas « devenir obsolète dans un marché mondialisé ». Si l’industrie essaie de se remettre en question, il est évident que la De Beers y a elle aussi beaucoup travaillé ces dernières années, sous la houlette de Philippe Mellier. Tempérament bien trempé, le PDG sortant de la De Beers l’a mise sur de nouveaux rails et, soyons clair, a un peu fait « le sale boulot » – nécessaire néanmoins ! – qui a sérieusement compliqué son rapport avec les sightholders, pas forcément les premiers fans de ses discours… incisifs ! Mais comme l’a dit Philippe Mellier a la fin de son allocution « chacun de nous doit penser à ce qu’il doit faire maintenant… »
S’exprimant à nouveau pour son tout dernier discours (un beau discours !) lors du dîner de gala, ce dernier a finalement rappelé le plaisir qu’il avait trouvé à travailler dans ce domaine auquel il ne connaissait rien en arrivant, à rencontrer les membres de ces entreprises familiales installées depuis si longtemps dans le business des diamants. On a pu sentir sa tristesse de se retirer…
La nécessité de changer… et de soutenir la De Beers dans ses choix !
Mark Cutifani, PDG d’Anglo American, est lui aussi intervenu à l’ouverture du séminaire. Il a évidemment remercié Philippe Mellier pour ses 5 ans de bons et loyaux services et l’organisation mise en place sur le plan stratégique, organisation que l’on peut s’attendre à voir perdurer. Mark Cuttifani a également salué l’arrivée de Bruce Cleaver à la tête de la division diamant de son groupe. Il l’a qualifié de « quelqu’un qui comprend parfaitement l’industrie et les sightholders… » À bon entendeur…
Mark Cutifani a ensuite souligné les « années difficiles » qui viennent de s’écouler et la nécessité pour tous de « s’adapter à un environnement changeant, d’évoluer et se développer ». Que va faire Anglo American selon son PDG ? Travailler au « développement social et à la transparence », « prendre soin de [ses] entreprises », confirmer « les actions de la De Beers et son positionnement de leader » estimant que cette entreprise « n’est pas comparable à celles évoluant dans d’autres industries ou marchés aux dynamiques différentes », mais pouvant « apporter stabilité et encouragement ». Mark Cutifani a d’ailleurs insisté sur le fait qu’Anglo American a « l’esprit ouvert » et entend bien le garder, en accélérant leurs actions et leur développement.
Il a souligné le fait que, selon lui, « personne n’a les qualités de la De Beers dans ce contexte spécifique de l’extraction minière (mining) et que [Anglo American se doit de] la soutenir, chacun devant en faire plus pour promouvoir ses produits. » Pour Mark Cutifani la direction de la De Beers continue à penser qu’un pipeline sain est bénéfique pour l’ensemble du marché ; le diamantaire reste ainsi un exemple tant pour Anglo que pour l’industrie minière au sens large, étant à la pointe du changement.
Quant à la conclusion de Mark Cutifani, elle annonce le discours de Bruce Cleaver et les orientations à venir : « concilier les expériences complémentaires, s’engager envers ses clients, ses partenaires, les parties prenantes, ses actionnaires et les communautés locales ».
Renforcer le lien avec les sightholders
Renforcer ou retisser ? En tout cas voilà ce sur quoi Bruce Cleaver, nouveau PDG de la De Beers, a décidé de mettre l’accent lors de son discours de clôture du séminaire 2016 !
Il a rappelé son lien avec l’industrie du diamant et son appartenance à cette famille, se réjouissant de « voir à nouveau des visages familiers ».
Pour lui, Philippe Mellier, avec qui il a « étroitement collaboré » a posé des principes directeurs et des bases solides. Mais il est temps maintenant pour la De Beers de se « reconnecter avec tous ses sightholders clés », tâche qui lui incombera à lui, Bruce Cleaver, en tant que PDG. Il a bien sûr rappelé sa longue expérience chez De Beers malgré ses 6 mois d’éloignement.
Pour Bruce Cleaver, ces derniers mois ont confirmé que le désir pour les diamants continue d’être fort. Il a insisté sur l’importance de la demande des consommateurs, garantie d’une bonne santé pour notre industrie. S’il n’a pas nié les difficultés récentes qu’a connues l’industrie, il a demandé à ses clients de « l’accepter, la volatilité étant devenue la nouvelle norme ».
Il a aussi rappelé l’effet bénéfique des diamants en de nombreux points du globe et conclu sur cette note positive. La nouvelle direction de la De Beers est claire, ce sera « le partenariat avec [les sightholders], cœur de sa stratégie. » Flexibilité et compréhension des besoins des sightholders seront la nouvelle donne ! À chaque niveau de l’échelle de valeur, le succès se doit d’être là, et la De Beers sera bien sûr ouverte et prête au changement, prête à répondre rapidement aux évènements, qu’elle les ait anticipés ou non.
Bruce Cleaver l’a martelé, enfin : « It works ! Your business is MY business, your interest is MY interest. »
