Cette semaine, un diamantaire m’a demandé ceci : qui n’aimerait pas être un haut responsable dans l’une des organisations internationales de l’industrie du diamant ?[:] Voyager en première, beaux hôtels, dîners de luxe, rencontrer des ministres et des présidents, donner des discours et recevoir ou décerner des prix. Et tout ceci consciencieusement relayé par la presse spécialisée de l’industrie du diamant. Ne me méprenez pas, a-t-il immédiatement clarifié. J’ai moi-même fait un ou deux voyages tous frais compris, a-t-il déclaré. C’est très amusant et cela vous fait découvrir des endroits que vous n’auriez pas l’occasion de visiter autrement. Mais qu’apportent réellement ces conférences aux sociétés diamantaires ?, a-t-il demandé
À une époque où la concurrence n’a jamais été aussi rude et les marges aussi faibles, de récentes conversations avec des diamantaires de moindre envergure révèlent qu’ils sont étonnamment au bord du goufre. Ils ont eu de la peine à vendre pendant l’été et les affaires sont terriblement lentes cet l’automne. Sans compter les crédits bancaires réduits, et les conditions de crédit à plus long terme de leurs clients.
Un négociant ayant 15 ans d’expérience dans l’activité diamantaire et qui partage un petit bureau à l’Israel Diamond Exchange avec son partenaire, a demandé : Que nous apportent ces voyages ? L’espace d’un instant, j’ai pensé à cette célèbre phrase du film des Monty Python, La Vie de Brian, quand les rebelles demandent « qu’est-ce que les Romains ont fait pour nous ?» La réponse vient, à contrecoeur : en fait, ils ont construit des aqueducs, des installations sanitaires, des routes et des réseaux d’irrigation. Ils ont instauré l’ordre public, introduit la médecine, l’éducation et bien plus encore.
En ce qui concerne l’industrie du diamant, il n’y a pas de quoi rire. Beaucoup de sociétés sont ,en train de lutter comme jamais auparavant. Alors, qu’est-ce que les conférences internationales apportent à l’industrie du diamant ? Est-il vrai qu’elles ne présentent aucun avantage ?
Ces conférences internationales font prendre conscience, à travers l’industrie du diamant et, plus largement dans la presse mondiale, du fait que les membres de l’industrie se soucient de comment et avec qui ils font des affaires. Il est impossible de garder les yeux fermés face aux horreurs qui entourent l’industrie du diamant, et il a été crucial de montrer aux consommateurs que l’on s’en soucie.
Il y a dix ans, personne ne parlait de valorisation, alors qu’aujourd’hui, personne ne laisserait entendre que les États producteurs, en Afrique, n’avaient pas le droit de fabriquer ni de vendre au moins une partie de leurs diamants sur place.
De même, il y a dix ans, peu de miniers prenaient des mesures pour restaurer les terres, les rivières et les lacs détériorés par leurs opérations. Aujourd’hui, ces efforts sont très largement diffusés sur leurs sites Internet, parce qu’il est à présent impensable de provoquer le bouleversement et la destruction de l’environnement.
Cela est notamment le cas lorsque des diamants de laboratoire sont présentés comme étant respectueux de l’environnement alors que l’extraction de diamants naturels nuirait à l’environnement.
Discuter de la chaîne d’approvisionnement, de l’effet des opérations de l’industrie du diamant sur l’environnement et du besoin de transparence, tout ceci est crucial au bon fonctionnement et à l’avenir de l’activité diamantaire. Il est vrai qu’en règle générale les organisations mettent du temps à réagir en faveur du changement, mais c’est le prix à payer lorsqu’on se diversifie.
Alors, qu’en est-il des plaintes d’un grand nombre de petits négociants et fabricants, suggérant que les conférences prenant place à travers le monde ne sont pas pertinentes et ne fournissent aucune aide concrète à l’entrepreneur individuel ? Le fait est que ce n’est pas leur but. Les sociétés diamantaires, comme dans toute autre industrie, ont besoin de trouver leur marché de niche. Elles doivent apporter de la valeur ajoutée, autrement les clients potentiels ne verront aucun avantage à négocier avec elles.
Pouvez-vous trouver des fournisseurs moins chers, ou mieux fabriquer des diamants et à un prix plus faible que vos concurrents ? Vos objectifs entrepreneuriaux sont-ils trop vastes et donc irréalisables ? Vous vendez-vous de manière efficace ou faites-vous simplement des affaires comme vous l’avez toujours fait et avec les mêmes clients ? Recherchez-vous de nouveaux clients ? Utilisez-vous la technologie pour réduire vos coûts et obtenir un meilleur rapport qualité-prix ?
Ces conférences internationales offrent une vision plus globale, permettant à l’industrie du diamant de réfléchir sur ses actions et de montrer aux consommateurs finaux qu’elle se soucie de comment elle est perçue.
Et, en fin de compte, cela est aussi essentiel pour les petites et moyennes entreprises diamantaires car l’effet sur les consommateurs qui achètent parce qu’ils voient que l’on se soucie d’eux, finit par les atteindre elles aussi.