Me remémorant les analyses lues récemment, je me demandais si je pouvais, avec certitude imaginer ce que serait 2014 pour l’industrie du diamant. La vérité c’est que, dans le domaine des diamants, il est bien difficile d’avoir des « certitudes ».[:]
Pourtant, tous, lecteurs ou contributeurs de ce site Internet, journalistes, professionnels de l’industrie du diamant ou de la haute joaillerie, il nous importe de savoir si l’avenir des diamants sera rose. Car enfin, pour nous tous ici, c’est peu ou prou notre gagne-pain. Tout ce qui peut nous aider à établir des pronostics ou une stratégie à court ou long terme est bienvenu !
De quoi allons-nous parler en 2014 ?
2014 sera-t-elle une belle année, à défaut d’une grande, dans l’industrie du diamant ? Les fabricants et détaillants étant toujours à la recherche du juste équilibre de leurs marges et cherchant à répondre à cette interrogation, nous avons, à juste titre, le nez collé sur la demande et les prix du brut comme du taillé, plutôt en forme en ce premier trimestre d’ailleurs. Mais, la demande est toujours en hausse en cette période, dopant les prix en conséquence (premium de 5 à 6 % sur les boîtes de la DTC sur le marché secondaire ˗ Rapport sur le marché du brut : à nouveau du sensationnel). Nous voici donc à l’affût de tous les indicateurs des tendances du marché, comme le récent salon de Hong-Kong, au bilan positif, Baselword et The Diamond Show qui s’annoncent, et, fin mai, début juin, le salon de joaillerie internationale JCK.
L’éthique, les synthétiques, la RSE, seront sans nul doute à nouveau sur le devant de la scène en 2014. Les récents retards du GIA inquiètent une industrie, où la certification est nécessaire. Si le KP a bien moins fait parler de lui en 2013 qu’en 2012, c’est un organe primordial pour notre industrie, et le problème de définition des diamants du conflit n’a toujours pas trouvé de réelle solution…
Les diamants rares et grosses pierres restent également un sujet d’actualité. Selon Avi Kravitz, leurs prix « sont jugés raisonnables, étant donné la rareté des pierres. […] La force du marché du brut dans son ensemble, cette année, renforce encore davantage le marché des grosses pierres. » (Le marché du brut de spécialité).
On pourrait encore citer la crise du crédit indien, les grandes tendances en joaillerie, la croissance ralentie et la mutation du marché chinois, le Bostwana comme nouveau centre de négoce, l’avenir de la publicité générique et du WDM dont on attend des nouvelles concrètes avec impatience.
Autant de thématiques certaines et importantes, mais toujours aussi peu de certitudes sur le fond…
Une industrie toujours auréolée de mystère
Il faut avoir beaucoup d’expérience, travailler ou étudier l’industrie du diamant depuis fort longtemps pour en comprendre tous les tenants et aboutissants. Éventuellement, faire preuve d’une grande intuition ?
Le monde du diamant est toujours auréolé de mystère.
Prenez la presse généraliste par exemple qui, ces derniers temps, a fait, non sans raison hélas, les gorges chaudes des journalistes spécialisés dans l’industrie du diamant et la joaillerie – Edahn Golan, Michelle Graff, Victoria Gomelsky ou Rob Bates, pour ne citer qu’eux. Évidemment, la presse généraliste publie souvent – certainement pas toujours – des lieux communs sur les diamants en général et continue à véhiculer des idées fausses sur les diamants du conflit en particulier.
Mais est-il si simple, quand on ne fait pas partie d’un secteur de savoir où trouver les informations justes ? De connaître les bons sites d’information ? Nous, journalistes, analystes, travaillons sur la qualité et la véracité des informations que nous publions. Quelle gageure de trouver des informations fiables sur l’industrie du diamant quand on ne sait où chercher ou quels sont les sites référents. Et je ne vous parle même pas d’en trouver en langue française !
Le « diamant » s’avère un métier de niche ; toujours aussi secret. Les informations se donnent prudemment, se passent sous le manteau – encore faut-il avoir été adoubé par les professionnels, collaborer à une entreprise qui peut justifier d’informations de première main (analyse des prix, du marché)…
Ainsi, comment faire une bonne analyse quand on ne sait pas que les prix, dans ce secteur, fonctionnent de manière cyclique au sein d’une même année ? Que les marges bénéficiaires, pour qui achète et revend du taillé sont, de toute façon, faibles ? Que les diamants de laboratoire n’ont intégré le marché des bijoux que depuis peu…
Je lis beaucoup de « peut-être », « on peut supposer que », « si les grands miniers augmentent les prix du brut on peut s’attendre à… ». Certes, c’est le travail de tout journaliste de faire des suppositions et de prendre des précautions en écrivant. Vous n’imaginez pas les hauts cris à la moindre imprécision.
Le bilan de tout ceci est que j’ai une idée de ce à quoi on peut s’attendre dans l’industrie du diamant en 2014. Mais, définitivement, je n’ai aucune certitude.
Le monde des diamants est vraiment fascinant.