Il y a quelques années, lors d’un salon, je suis tombé sur un négociant que je connaissais et qui m’a donné sa nouvelle carte de visite. Sur une face, la carte comportait bien les coordonnées de sa nouvelle société, mais sur l’autre se trouvait une petite surprise – le nom et l’adresse d’un fast-food.[:] Le négociant a souri en me disant qu’il avait toujours voulu ouvrir un endroit de ce genre, et puis il m’a livré la clé : « Et les marges… » Il n’a pas eu besoin d’en dire plus. En raison des faibles marges dans l’industrie, beaucoup de négociants investissent dans d’autres domaines afin de sauvegarder et protéger leurs revenus. L’industrie alimentaire n’est pas un domaine courant pour l’investissement : l’immobilier, les devises et la haute technologie sont beaucoup plus courants parmi les négociants.
Mais quand les entreprises cherchent à se développer, elles ont tendance à envisager les options qui élargissent et étendent leurs offres. Il y a dix ans, la De Beers avait encouragé ses clients à s’intégrer verticalement, élargissant leurs opérations à la fabrication de bijoux, la vente au détail, etc. Bien entendu, cela n’incluait pas l’élargissement aux diamants de laboratoire, considérés au mieux comme profanes, voire simplement destructifs pour l’industrie.
Dix années sont passées et la donne a, depuis, beaucoup changé. Aujourd’hui, la De Beers parle simplement d’ajouter de la valeur, pas forcément à travers l’intégration verticale, et les négociants font tout leur possible pour augmenter leurs marges. On a parfois l’impression que c’est une sombre et vaine bataille, qui demande de la ténacité, de la prévoyance, du financement et une bonne dose de chance.
Le biologiste britannique Peter Medawar, lauréat d’un prix Nobel de médecine, a dit un jour : « L’esprit humain traite une nouvelle idée de la même manière que son corps le ferait d’une protéine étrange ; il la rejette. » Cela résume la manière dont l’industrie considère les marchandises de laboratoire. Du moins ouvertement.
Les diamantaires sont une espèce toute particulière ; ils sont imaginatifs, ingénieux et intrépides. On ne peut pas en vouloir aux fabricants de laisser déborder leur imagination face aux perspectives de demande pour ce produit que l’on appelle avec dédain « diamant synthétique ».
En toute honnêteté, les possibilités sont très séduisantes. Le produit est complémentaire à leur offre, ils ont le savoir-faire nécessaire pour les tailler et les gérer, la vente de marchandises de laboratoire aux fabricants de bijoux n’étant pas vraiment différente de la vente de diamants naturels, et les marges et la structure financière sont aussi bien définies qu’un diamant D/FL taillé de façon experte. Ils ne leur restent plus qu’à s’aventurer prudemment dans une brève expérimentation et les voilà partis.
Cela tombe sous le sens : tous les négociants préoccupés par l’avenir de leur entreprise devraient, au moins, envisager d’intégrer les marchandises de laboratoire dans leur offre. Il s’agit d’un produit légitime et d’une bonne suggestion pour la marchandise bas de gamme. Groupage et harmonisation sont requis, et la question de l’environnement est un must.
Qu’est-ce qui empêche la De Beers de vendre ses produits de très haute qualité créés par Element 6? Avec un marché en croissance et un bon nombre d’opportunités, qu’est-ce qui pourrait les retenir de se lancer dans ce domaine ?
Le terrain est prêt pour de grosses promotions de bijoux de laboratoire. Le secret : une transparence absolue, une place distincte sur le marché et un financement adéquat.