Des ajustements assureraient la rentabilité des fabricants et remonteraient l’humeur du marché.
Les prix du brut sont trop élevés, il est primordial de les réduire. Non seulement la démarche est nécessaire pour garantir la rentabilité des fabricants, mais elle relèverait aussi l’humeur du marché, étonnamment basse pour un premier trimestre.
Sur le long terme, les miniers bénéficieraient également d’une correction car elle renforcerait la demande et éviterait un gel du marché, inévitable si les prix du brut ne baissent pas. C’est en fait ce qui s’est produit en 2015, lorsque les sociétés minières, après avoir connu des ventes record l’année précédente, ont tenté de maintenir les prix du brut jusqu’à ce que les fabricants commencent à refuser des marchandises à des niveaux qui étaient devenus insupportables et non rentables.
Le marché actuel nous rappelle cette période, même si l’offre de brut a ralenti. Le négoce de brut et de taillé a été marqué par la prudence au cours des trois premiers mois de 2019, généralement la période la plus active de l’année. Les stocks de taillé sont toujours importants en raison d’un étranglement survenu en 2017-2018 qui a lui-même amené à une baisse des ventes de De Beers et d’ALROSA au cours des deux premiers mois de l’année. Selon nous, les sociétés minières vont devoir abaisser leurs prévisions de ventes pour 2019, comme l’a souligné le Research Report de Rapaport le mois dernier.
Dans cette édition de mars du rapport, nous insistons sur la nécessité d’accompagner la baisse de l’offre par une baisse des prix. Les prix du brut doivent baisser d’au moins 10 % pour que la rentabilité soit rétablie dans le secteur de la fabrication. Certes, une baisse des prix entraînera une baisse des ventes pour les sociétés minières cette année, mais elle redynamisera les échanges. Au final, elle mettra les miniers en bonne position pour profiter d’une croissance plus saine à l’avenir. En outre, si les prix restent tels qu’ils sont, les fabricants devraient commencer à refuser la hausse de l’offre de brut ou commencer à quitter le secteur.
Le marché de la filière intermédiaire doit être viable pour garantir la longévité du produit. Des rapports sont déjà sortis, annonçant que davantage de fabricants se tournent vers les synthétiques pour obtenir de meilleures marges. En outre, le marché doit être entraîné par la demande, plutôt que par l’offre.
C’est aux sociétés minières d’impulser cette dynamique en abaissant les prix. Dans le cas contraire, les fabricants doivent s’imposer en refusant le brut non rentable.