L’humeur dans l’industrie a déjà commencé à s’améliorer en 2014. D’après les premiers rapports, les fêtes de Noël ont été meilleures que prévu pour le marché et les États-Unis semblent reprendre le chemin de la croissance.[:] Bien entendu, personne ne prévoit que le secteur prospère cette année. Pourtant, les négociants et les fabricants pourraient se montrer plus agressifs, dans le but de s’assurer des revenus en 2014.
Les choses étaient différentes en 2013, comme nous l’avons indiqué dans l’éditorial « The Diamond Story of 2013 », publié le 27 décembre. Les prix du taillé ont reculé pour la deuxième année consécutive. On peut donc pardonner aux diamantaires leur tendance à la prudence.
Ils se sentent souvent dépossédés, voyant leurs marges bénéficiaires réduites depuis si longtemps. Ils pourraient d’ailleurs prendre des risques supplémentaires pour obtenir plus de bénéfices. Certes, il est impossible de savoir ce que deviendra le marché du diamant, mais il est possible de spéculer, sur la base de l’actualité et des informations disponibles. Vous trouverez ci-dessous quelques-uns des développements sur lesquels nous nous pencherons en 2014.
Prix du brut, crédit et liquidités
Les prix du brut ne devraient pas progresser beaucoup en 2014, les fabricants étant déterminés à recueillir des marges bénéficiaires meilleures qu’en 2013. Mais cela ne va pas être facile. Les sociétés minières devraient leur imposer une pression continue.
Cependant, l’absence de liquidités, liée aux marges serrées de 2013 et à la diminution du crédit bancaire, devrait limiter l’achat de brut. ABN Amro, l’un des plus grands prêteurs de l’industrie, a réduit son financement pour ces achats, de 100 % à 70 %, et ce, depuis le 1er janvier 2014. D’autres, dont certaines banques indiennes, devraient suivre, si ce n’est déjà fait. Résultat, les fabricants doivent financer eux-mêmes une partie de leurs achats de brut, un motif d’aggravation de leurs problèmes de liquidités. Or, si les prix se révèlent ingérables, les fabricants et les négociants devront se montrer plus circonspects dans leurs achats, voire en refuser.
Demandes de sights à la De Beers
Croyez-le ou non, la De Beers va bientôt ouvrir les procédures pour devenir sightholder de la prochaine période contractuelle de trois ans, qui débutera le 1er avril 2015. Les fabricants devront donc consacrer une grande partie de l’année 2014 à mener les vérifications, études professionnelles et demandes nécessaires à cette fin. Enfin, s’ils veulent un sight… Après avoir constamment noté, en 2013, combien il était difficile de tirer profit des boîtes de la De Beers, les sightholders s’interrogent sur l’intérêt de la démarche. Des rumeurs persistantes estiment aussi que certains seraient prêts à renoncer à leur sight ; un ou deux semblent d’ailleurs l’avoir fait. La De Beers pourrait donc bien recevoir moins de candidatures que précédemment.
[two_third]En outre, certains s’attendent à ce que la société réduise progressivement le système des sights et favorise plutôt son activité d’enchères, qui écoule actuellement 10 % de sa production. La De Beers a déjà installé une politique commerciale dynamique, visant à encourager l’interaction entre les ventes du sight et les enchères. Elle a également proposé plusieurs idées pour garantir la production à long terme sur sa plate-forme d’enchères, grâce à des contrats à terme. Il ne serait pas surprenant que, cette année, elle augmente le pourcentage de marchandises vendues aux enchères.[/two_third]
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« Certains s’attendent à ce que la [De Beers] réduise progressivement le système des sights et favorise plutôt son activité d’enchères, qui écoule actuellement 10 % de sa production.. »
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Négoce au Botswana
Dans le même temps, la De Beers s’est engagée à vendre la majorité de son brut au Botswana et a transféré ses ventes internationales, de Londres à Gaborone, en novembre dernier. Le déménagement est venu compléter le lancement d’enchères de brut par la société publique Okavango Diamond Company, qui a désormais accès à 13 % de la production de Debswana au Botswana. Grâce à ces avancées, Gaborone renforce sa position sur la carte des échanges de brut. Les déplacements vers le Botswana devraient croître en 2014, peut-être même de façon exponentielle. Le pays devrait maintenant développer un marché des négociants et un secteur du taillé plus dynamiques.
Les tendances de l’économie
L’amélioration de l’optimisme sur le marché découle en partie d’un regain de confiance dans l’économie américaine. Le chômage est tombé à 7 % en novembre, son niveau le plus bas depuis cinq ans. Quant à la confiance des consommateurs, elle a été renforcée par la saison des fêtes. L’humeur sur le marché du diamant et des bijoux s’est en trouvée ravivée.
En 2013, les richesses ont progressé parallèlement aux records atteints par les marchés boursiers. Les investisseurs ont recherché des rendements, qui n’étaient pas disponibles sur le marché de l’argent, les taux d’intérêt étant proches de zéro. La Réserve fédérale a stimulé l’économie grâce à un programme d’assouplissement quantitatif et maintenu des taux d’intérêt peu élevés. La situation devrait, là aussi, évoluer, la Fed ayant annoncé une première étape de réduction de ses achats d’obligations. Elle marque ainsi sa conviction dans la capacité de l’économie à se débrouiller seule. Or, même si la Fed s’est engagée à maintenir des taux d’intérêt peu élevés dans les prochains mois, ceux-ci augmenteront inévitablement.
[two_third]Une hausse des taux d’intérêt peut amener les investisseurs à s’intéresser à des actifs moins risqués que le marché boursier. Les gros diamants, qui pourraient faire l’objet d’un investissement, devraient alors susciter un intérêt croissant. La demande pour les rondes certifiées D-H, IF-VS, de 2 carats à 5 carats, devrait s’améliorer cette année.[/two_third]
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« La demande pour les rondes certifiées D-H, IF-VS, de 2 carats à 5 carats, devrait s’améliorer cette année. »
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Essor des diamants colorés et des grosses pierres
La popularité des très gros diamants a déjà explosé l’année dernière. Bien que les diamants taillés blancs, de qualité Commercial, aient montré de la volatilité ces cinq dernières années, ce sont les diamants de couleur et les grosses pierres rares qui ont connu une croissance sans précédent. Les acheteurs de diamants et les consommateurs recherchent des articles différents et uniques, tandis que les investisseurs étaient plutôt séduits par les rendements à long terme de ces marchandises. Les créneaux, tels que celui des diamants de couleur, ont donc connu un succès grandissant auprès des négociants.
Les estimations montrent que les prix des articles plus rares, tels que les diamants roses, les jaunes Fancy Vivid intenses et les bleus Fantaisie, auraient augmenté de plus de 30 % en 2013. Les jaunes de qualité inférieure auraient progressé d’environ 10 %. Dans la même veine, les grands diamants spéciaux de couleur ont établi de nombreux records dans les circuits d’enchères.
Aucun marché ne résiste totalement aux bulles. Toutefois, les connaisseurs de longue date du marché du diamant de couleur notent une demande croissante des négociants et une hausse du nombre de riches consommateurs pour ces marchandises. Ceci, associé à la rareté de l’offre, garantira une hausse des prix continue, à court et long terme.
Les prix du taillé
Le marché des diamants Commercial reste volatil. L’indice RapNet (RAPI) pour les diamants certifiés de 1 carat recule depuis deux ans et les marchés du taillé sont devenus sélectifs. Les rondes SI, de 0,30 carat à 0,40 carat, étaient hors concours en 2013, en raison notamment de l’augmentation du nombre de marchandises, à des prix inférieurs, achetées par les Chinois.
En effet, les marchés émergents présentent des perspectives moins optimistes que les États-Unis. La Chine poursuit ses réformes pour permettre la transition d’une économie tirée par l’investissement public, à une économie motivée par la consommation. Le processus, malgré ses bienfaits pour l’industrie, sera long à mettre en œuvre et les consommateurs devraient rester relativement en retrait pendant cette période. Cette année, les acheteurs d’Extrême-Orient continueront de se montrer sélectifs et sensibles aux prix.
De même, la croissance économique de l’Inde a ralenti, amenant les consommateurs et, plus encore, le marché des diamants, à faire preuve de circonspection. Le gouvernement continue de freiner la consommation d’or pour tenter de juguler son déficit du compte courant. Il pourrait également, dans cette même veine, augmenter les droits sur l’importation des diamants.
Toutefois, dans l’ensemble, l’humeur paraît plus positive dans l’industrie et le sentiment d’optimisme constitue un changement par rapport aux années précédentes.
Personne n’imagine que le marché connaîtra un essor. Beaucoup estiment pourtant que les conditions sont réunies pour offrir au moins une légère tendance à la hausse sur le secteur intermédiaire. Même s’il ne s’est pas développé l’année dernière, le marché a mûri face à l’adversité. Grâce à l’expérience acquise ces dernières années, le marché aborde donc 2014 avec courage, déterminé à restaurer la croissance. Les fabricants et les négociants semblent prêts à prendre plus de risques pour s’assurer une part des bénéfices pour l’année à venir.