Lors du dernier sight de la DTC, estimé à 535 millions de dollars au total, la DTC a réduit les prix de vente du brut, de 3 % à 15 % selon le type de marchandises. Dans certaines boîtes, les assortiments se sont également dégradés, de sorte que la réduction de prix a peut-être été légèrement plus modeste.
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Philippe Mellier, le directeur général de la De Beers, a fait passer un message très clair à tous les sightholders de la DTC : nous avons ajusté les prix du brut en fonction des valeurs actuelles du taillé. Toutefois, les sightholders ne doivent pas autoriser de nouvelles baisses du taillé car les prix du brut ne diminueront plus !
Cet ajustement de prix décisif (et nécessaire), associé à un message fort, devrait restaurer la confiance du marché et permettre aux sightholders de la DTC de défendre résolument les prix du brut et de garantir la hausse des prix du taillé. Les pénuries de brut (et du taillé en résultant) auront forcément un effet positif sur l’axe des prix du taillé.
La DTC a pris un risque calculé : les détaillants pourraient ne pas comprendre que les prix du taillé ont maintenant atteint un niveau plancher, qui ne peut plus être dépassé ; la correction des prix ramène le brut aux niveaux en vigueur sur le marché du taillé (qui en résulte).
Le message confus de Diamdel
Et puis, un événement imprévu s’est produit : Diamdel a organisé deux petites ventes de brut, plutôt insignifiantes financièrement, et à des tarifs nettement inférieurs aux nouveaux prix (réduits) de la DTC. J’ai alors reçu des appels presque paniqués d’Anvers et, plus tard, d’Israël et d’Inde, de personnes qui ne comprenaient rien à ce message confus : Diamdel, dans sa vente aux enchères de début de semaine, a vendu une boîte (-7/+2) 10 % en dessous du prix nouvellement réduit de la DTC. Et apparemment, il n’y avait qu’un seul soumissionnaire ! Une autre boîte (+9/-11) s’est vendue avec une ristourne de 7 %.
Mercredi après-midi, des sources sûres ont indiqué que Diamdel accepterait les pré-soumissions sur une boîte précédemment refusée, qui se négocie actuellement avec un premium de 6 % sur le marché d’Anvers. Apparemment, toutes les pré-soumissions (dont les 20 premières sont invitées à participer) s’affichent bien en dessous du nouveau prix de vente de la DTC. Comment se fait-il que les clients de la DTC (et d’autres) soient censés défendre les prix et que Diamdel soit exonérée de cette obligation ?
L’action décisive de M. Mellier : aucune vente Diamdel en dessous du prix de réserve
Nous avons alors adressé à M. Philippe Mellier, directeur général de la De Beers, les questions suivantes : pourquoi Diamdel a-t-elle le droit de déstabiliser le marché par rapport à vos demandes spécifiques aux sightholders ? Pourquoi une filiale de la De Beers détruit-elle de la valeur, pour elle-même, pour vos clients, pour le marché ? Nous avons également expliqué à M. Mellier que Diamdel appelait certains clients pour leur demander instamment d’enchérir. Ce faisant, elle fait passer l’idée que la société est extrêmement impatiente de se débarrasser de ses stocks.
M. Mellier m’a appelé quelques minutes plus tard, et je n’exagère pas. Il se trouve actuellement en Namibie, où il lui est bien entendu difficile de ressentir l’atmosphère du marché d’Anvers, de Tel-Aviv et de Mumbai. Mais son bureau de Londres l’a immédiatement tenu au courant… et il était bien informé.
« Chaim, ces ventes concernaient de très petites boîtes, ne représentant que très peu d’argent. Mais je suis d’accord, elles donnent vraiment un mauvais signal au marché, m’a répondu M. Mellier. Le directeur général de Diamdel recevra des instructions sans équivoque : Diamdel ne doit pas vendre une seule boîte en dessous du prix de réserve. »
Quand je lui ai demandé de me préciser le montant du prix de réserve, il a expliqué : « Le prix de réserve correspondra au prix de vente des boîtes de la DTC. »
J’ai alors demandé à M. Mellier si la vente aux enchères en cours serait arrêtée. Il m’a assuré que « la boîte ne serait pas vendue si elle était inférieure au prix de réserve. »
L’engagement de M. Mellier envers la politique de prix de la De Beers
Le marché sait que, ces derniers mois, Diamdel a procédé à plusieurs ventes en dessous du prix de vente de la DTC (de 3 % à 8 %) ; l’opération pourrait se justifier car les prix étaient alors plus proches de la valeur réelle du marché du brut. Mais après que, suite à une mûre réflexion notamment à propos des ramifications de l’opération, la DTC a corrigé ses prix du brut, aucune autre vente ne doit descendre en-dessous des prix de la DTC. Le message adressé au marché du brut et du taillé est clair et explicite.
Il faut reconnaître et apprécier l’engagement sans équivoque de M. Mellier : Diamdel appliquera strictement la politique de tarification du brut fixée par la De Beers et s’abstiendra de déstabiliser le marché (au niveau des prix ou au plan psychologique).
Diamdel et la DTC International sont organisées selon des structures différentes et leurs directeurs généraux respectifs évoluent dans des hiérarchies distinctes. Au bout du compte, Philippe Mellier a clairement démontré qui était aux commandes. Le message est positif. La succession du président Nicky Oppenheimer est assurée.