Avec l’arrivée de la nouvelle année, plusieurs facteurs devraient avoir un effet majeur sur l’évolution de l’économie mondiale. Citons entre autres les décisions que prendront la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon, la Banque populaire de Chine et les autorités pétrolières d’Arabie saoudite. [:]Les décisions politiques de ces gouvernements et d’autres, notamment ceux des gros marchés émergents, auront des répercussions sur l’évolution des taux de change, les cours des matières premières, l’inflation et, au final, la croissance économique. Pour l’heure, le monde semble se définir par une croissance relativement forte aux États-Unis, une croissance en progression – bien que toujours décevante – en Europe et au Japon, un ralentissement de la croissance en Chine et la faiblesse de nombreux autres marchés émergents. La seule grande exception reste l’Inde, où la croissance est en réalité assez impressionnante. L’économie mondiale est également caractérisée par une très faible inflation dans les pays développés, une nette augmentation des dépenses des consommateurs dans les pays importateurs de pétrole, la hausse de l’endettement du secteur privé dans les pays émergents et un faible investissement des entreprises presque partout ailleurs.
Dans l’édition du premier trimestre de Global Economic Outlook, nos économistes du bout du monde se penchent sur l’environnement économique mondial et proposent leurs réflexions sur la situation actuelle et sur les évolutions probables pour l’avenir.
Commençons avec Alexander Boersch, qui s’intéresse à l’économie de la zone euro. Alexander Boersch explique que, malgré les turbulences issues de la faiblesse et des tensions géopolitiques des marchés émergents, l’économie européenne a fini par profiter de forts vents arrière. Parmi eux, figurent la baisse des prix de l’énergie, une politique monétaire agressive de la Banque centrale européenne, la baisse de l’euro et une politique fiscale neutre. Résultat, l’économie européenne est en bonne voie pour connaître une croissance favorable en 2016. L’essor est particulièrement marqué en Espagne et en Irlande et il repart en Italie. Alexander Boersch note toutefois que des risques demeurent pour l’Europe et que l’investissement des entreprises est faible. Il traite des différents leviers politiques qui pourraient stimuler les investissements à l’avenir.
Puis, Patricia Buckley propose quelques réflexions sur l’économie américaine. Elle fait remarquer que la récente décision de la Réserve fédérale d’augmenter les taux d’intérêt à court terme pour la première fois depuis près de 10 ans traduit une confiance croissante dans la solidité de l’économie américaine. Bien que les États-Unis soient confrontés à une situation difficile en raison de faibles exportations, elles-mêmes dues à un dollar fort, Patricia Buckley relève plusieurs facteurs d’influence particulièrement favorables et à même d’entraîner une amélioration de la croissance. Elle évoque des cours du pétrole historiquement bas, une croissance continue et forte de l’emploi, l’effet positif d’un dollar solide sur les prix des importations et une demande cumulée de logements. Pour elle, l’économie américaine « est revenue à un niveau garantissant un rythme plus normal pour la politique monétaire, un aspect qu’il faut considérer comme positif. »
Ma contribution aux perspectives trimestrielles portera sur la Chine. Je mets en évidence des éléments attestant que le ralentissement de la croissance chinoise s’est aggravé. Toutefois, je remarque que, étant donné le niveau des taux d’intérêt directeurs, la banque centrale profite en réalité d’une marge plus que suffisante pour agir afin de stimuler davantage la croissance. En revanche, elle pourrait se montrer réticente à favoriser de nouvelles sorties de capitaux du pays. Elle pourrait ainsi opter pour de nouvelles mesures de relance budgétaire. Parallèlement, le Fonds Monétaire International a accordé à la Chine le statut de réserve de devises, permettant au pays de s’intégrer davantage dans le système financier mondial. Je reviendrai sur ce que cette action pourrait avoir comme conséquences sur l’avenir de la monnaie.
Ensuite, Rumki Majumdar s’exprime à propos de l’économie indienne. Rumki Majumdar évoque la solidité relative de l’économie indienne, qui connaît une croissance rapide et une inflation modérée. Elle affirme que les dépenses des consommateurs ont stimulé la croissance mais qu’elles ne pourront pas se maintenir à l’avenir sans hausse des investissements ni croissance de l’emploi. Elle fait particulièrement remarquer l’environnement externe auquel est confrontée l’économie indienne, en s’intéressant aux échanges de l’Inde avec le reste du monde, y compris au niveau des nouveaux accords commerciaux, mais aussi à l’environnement des flux de capitaux transfrontaliers. Elle indique que les investissements internes sont satisfaisants mais que la tendance à la baisse pour les investissements directs pourrait être contre-productive.
Dans son article sur le Japon, Akrur Barua évoque de nouvelles données qui indiquent qu’au final, le Japon n’a pas connu de récession en 2015. Il note pourtant que les dépenses des consommateurs et les investissements des entreprises sont « loin d’être impressionnants ». Étant donné la faiblesse de son voisin chinois, il conclut qu’à l’avenir, le Japon va devoir travailler pour stimuler la demande nationale afin de maintenir la croissance à un niveau favorable. Il en déduit qu’il faudra pour cela mettre en œuvre des réformes structurelles, également connues sous le nom de « troisième flèche de l’Abenomie ». Il espère enfin que la conclusion du partenariat transpacifique pousse le gouvernement à avancer sur les réformes structurelles.
Dans notre prochain article, Ian Stewart aborde le thème de l’élasticité de l’économie britannique, au niveau national. Il évoque les différentes difficultés auxquelles est confronté le secteur britannique de l’exportation et conclut que c’est la demande nationale qui sera essentielle pour l’avenir. Cela semble probable, étant donné « la combinaison de baisse du chômage, de hausse des salaires réels, de faible inflation et de crédit abordable ». D’autre part, les entreprises ont été lésées par un recul des investissements, principalement liée à des craintes concernant l’environnement externe. Enfin, Ian Stewart traitera du sujet politique d’actualité, à savoir le référendum à venir sur l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne. Il souligne l’incertitude du résultat due aux difficiles négociations sur la relation de la Grande-Bretagne avec l’Union européenne et à l’impact de la crise des migrants.
Notre dernier article, rédigé par Rumki Majumdar, s’intéresse à la façon dont les marchés émergents pourraient être touchés par le changement de la politique monétaire américaine. Elle se penche sur les précédentes réponses des marchés émergents aux changements de conditions économiques sur les marchés mâtures, pour en déduire les possibles conséquences de demain. Elle propose des perspectives sur l’éventuelle évolution des taux de change, des taux d’intérêt et des cours des actions. En outre, elle fait remarquer que l’issue sera fonction non seulement de la politique monétaire américaine mais également de facteurs comme les cours du pétrole, le ralentissement de la Chine et les taux de change des principaux marchés. Elle en conclut que le secret de la capacité de résilience des marchés émergents tient aux réformes structurelles qui donneront confiance aux investisseurs.
Auteur Dr Ira Kalish
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Source Deloitte University Press