Cette année, Baselworld a baissé les prix pour certains exposants et prévoit de repenser totalement sa structure tarifaire pour 2020, a indiqué Michel Loris-Melikoff, directeur général, qui s’exprimait lors de la conférence de presse d’ouverture de l’événement mercredi 20 mars au soir, en Suisse. [:]
Tel est l’un des nombreux ajustements apportés depuis qu’il a repris les rênes de ce salon commercial des montres et des bijoux en pleine tourmente, il y a tout juste neuf mois. Il s’est fixé comme priorité de changer le « style de gestion et de communication » du salon, étant donné les incertitudes concernant son avenir.
Les ventes de montres suisses restent solides. Les chiffres de la Fédération de l’industrie horlogère suisse, présentés mercredi 20 mars, montrent une hausse des exportations de 6 % en valeur l’année dernière, entraînées par les ventes de montres mécaniques. Malgré tout, le salon rencontre des difficultés, il perd des exposants qui se plaignent d’une gestion arrogante et de prix abusifs. D’autres se lamentent que le marché traditionnel entre entreprises n’ait plus de raison d’être et soit devenu inutile.
À l’ouverture du salon le 21 mars, dans la petite ville fluviale de Bâle, en Suisse, moins de 600 exposants étaient présents, contre près de 1 500 il y a à peine deux ans.
Lors de la conférence de presse mercredi 20 mars, Michel Loris-Melikoff a expliqué que Baselworld semblait avoir « touché le fond » en termes de nombre d’exposants, bien qu’il ait refusé de citer le chiffre qui lui paraîtrait idéal.
« Si nous avons 600 exposants qui font des affaires, nous pouvons être satisfaits », a-t-il déclaré.
Quelles sont les différences jusqu’à présent ?
À l’instar du salon Baselworld lui-même, la conférence de presse d’ouverture était quelque peu différente cette année.
Elle était organisée dans un style plus informel, un peu à la manière d’une table ronde, sur les lieux du salon, au lieu de se tenir au Centre des congrès voisin.
Certains habitués de l’événement ces dernières années ont brillé par leur absence.
Sylvie Ritter, ancienne directrice générale, s’est retirée en mai 2018, tandis que René Kamm, PDG de MCH Group, l’organisateur de Baselworld, a démissionné après que Swatch Group a annoncé qu’il quittait le salon.
S’ajoutant à la liste des dirigeants du salon sur le départ, Éric Bertrand, le président du comité des exposants de Baselworld, en a fait l’annonce mercredi 20 mars. Il sera remplacé par Marco Avenati.
Deux mots manquaient également à la conférence de presse d’ouverture : Swatch Group.
Si un journaliste, assis au premier rang, n’avait pas demandé si des négociations étaient en cours entre les organisateurs de Baselworld et leur ancien partenaire, le nom du plus grand exposant du salon n’aurait pas été prononcé.
Michel Loris-Melikoff a expliqué qu’il avait adressé un e-mail à son PDG, Nick Hayek. Sans évoquer les récentes déclarations du PDG selon lesquelles le départ de Swatch Group était définitif, il n’a pas non plus laissé entendre que son directeur était prêt à changer d’avis.
« Il va devoir décider s’il souhaite ou non revenir à Baselworld, a déclaré Michel Loris-Melikoff. Il choisira le moment qui sera bon pour lui. »
2020 et au-delà
Alors que l’édition 2019 du salon était sur le point d’ouvrir, la grande question était de savoir à quoi ressemblerait Baselworld l’année prochaine – et qui il attirera.
Michel Loris-Melikoff a informé l’assemblée que des informations supplémentaires seraient communiquées à propos de Baselworld 2020 lors de la conférence de presse de clôture, prévue pour mardi 26 mars.
Ce que nous savons vraiment, d’après les commentaires entendus à l’événement mercredi 21 mars, c’est que les exposants – du moins certains – considèrent toujours Baselworld comme un salon commercial important pour les transactions entre entreprises.
C’est également le cas des organisateurs qui travaillent à apaiser les relations avec les exposants actuels, tout en trouvant des moyens d’attirer des collectionneurs de montres et autres consommateurs et d’améliorer les capacités numériques de salon.
Baselworld a mis en place des mesures pour réduire les coûts des exposants comme des participants. Les frais d’exposition ont été baissés et des négociations ont été engagées avec des hôtels et restaurants locaux pour s’assurer qu’ils n’élèvent pas leurs tarifs pendant le salon.
Les organisateurs souhaitent également améliorer leurs relations avec des marques de bijoux, celles-ci s’étant plaintes, par le passé, que les organisateurs ne pensaient à elles qu’après coup.
Les marques de bijoux ont été déménagées au hall 1.2, où les organisateurs ont installé une « Show Plaza » afin que plusieurs défilés de mode avec bijoux s’y déroulent chaque jour, une première à Baselworld.
Toute la question est de savoir comment réagiront les participants et le rôle que joueront désormais les marques de bijoux dans le salon, une question aussi vaste que l’avenir de Baselworld lui-même.
« Je ne sais pas, a affirmé sur scène Giuseppe Picchioti, de chez Picchioti, mercredi 21 mars lorsqu’on lui a demandé si les marques de bijoux tireraient profit des défilés de mode. C’est la toute première fois qu’il y aura un défilé de mode [à Baselworld], il est donc difficile d’en imaginer l’issue. »
Modification du calendrier
En plus de changer son format et de baisser ses prix, Baselworld 2020 passe du mois de mars à des dates comprises entre le 30 avril et le 5 mai. Il fermera donc ses portes moins d’un mois avant le début du salon des bijoux de Las Vegas.
Il suivra l’autre grand salon commercial des montres suisses, le SIHH, qui passe du mois de janvier à la période du 26 au 29 avril.
Les personnes présentes sur scène à Bâle mercredi 21 mars ont insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il n’y avait actuellement pas d’animosité entre les deux salons commerciaux. La décision de changer les dates a été convenue d’un commun accord et devrait profiter aux deux salons, mais aussi à l’industrie des montres et des bijoux dans son ensemble.
Michel Loris-Melikoff a également rejeté l’idée que les organisateurs avaient déplacé Baselworld de crainte que le salon ne « disparaisse » totalement.
L’accord entre SIHH et Baselworld pour organiser leurs salons l’un à la suite de l’autre est en vigueur jusqu’en 2024.