Les prix des fantaisies ont-ils vraiment baissé la semaine dernière ? Que nenni. Les tarifs actuels sont en tous points désolidarisés de la réalité et cela, Mesdames et Messieurs, est la triste et dure vérité. Mes pensées vont aux négociants du monde entier. Non seulement l’économie mondiale les malmène, la De Beers et Alrosa distribuent à tour de bras du brut onéreux et les détaillants exigent des prix inférieurs à ce que les diamantaires peuvent offrir, mais on leur explique aussi brutalement qu’ils doivent réduire leurs prix jusqu’à 18 %. La situation ne reflète en aucun cas les changements réels du marché.[:]
Imaginez les diamantaires, en particulier les fabricants, s’accrochant à un stock onéreux, essayant de protéger une maigre marge de 5 %, pour finir par s’entendre dire que leur stock a perdu en moyenne 4,7 % en valeur. Peut-être connaissez-vous l’indicible publicité pour les hamburgers Wendy’s : « Où est le bœuf ? » En effet, il ne reste presque plus rien.
Les fabricants ne doivent pas seulement faire face aux détaillants. Comment vont-ils pouvoir expliquer la baisse de la valeur aux banques qui les financent en s’appuyant sur le stock? Comment se justifieront-ils face aux acheteurs de mercredi dernier qui exigent désormais de se faire rembourser une partie de leur argent?
La semaine dernière, nous montrions les directions divergentes entre les prix du taillé et ceux du brut et la façon dont les hausses de prix du brut dépassent régulièrement celles du taillé.
Entre le deuxième trimestre 2011 et le premier trimestre 2012, les prix du brut ont augmenté en moyenne de 3 %. Dans le même temps, les prix du taillé ont reculé de 4 %. L’écart entre le brut et le taillé s’est réduit à peau de chagrin ; aujourd’hui, on constate une baisse des prix drastique et forcée.
Ne vous méprenez pas, les prix du taillé sont élevés mais leur recul lent et régulier a permis un lissage doux. Or, lorsque vous ne mettez à jour un tarif qu’à de rares occasions, puis que vous modifiez tous les prix à la fois, le changement peut être brutal.
Les fantaisies ont longtemps constitué une catégorie sinistrée. Le tarif en cours n’a pas été actualisé depuis un certain temps et les fabricants n’ont pas voulu les fabriquer. Pour des questions de prix, ils ont préféré tailler en ronds du brut destiné aux fantaisies, perdant ainsi sans raison valable une grande partie du rendement. Le brut était cher, ce qui a contribué aux prix élevés des ronds.
Lorsque les détaillants ont saisi la situation, ils ont commencé à acheter des tailles princesse et coussin à faible coût, disposant ainsi d’une alternative aux ronds. Ils pouvaient donc proposer à leurs clients une solution à moindre coût.
Ces dernières semaines, nous avons pu constater une légère augmentation des prix des tailles fantaisie et puis BOUM ! L’éléphant entre dans le magasin de porcelaine. Un seul virage, un geste imprudent (plus de mille réductions de prix sur toute la gamme en une seule journée) et les constructions fragiles s’effondrent.
En revanche, le Rapport IDEX sur les prix des fantaisies n’a répertorié que 33 changements cette semaine et seuls neuf d’entre eux concernent des baisses.
Les hausses de prix qui sont intervenues à la veille du salon JCK de Las Vegas en 2008, alors que la demande était très limitée, restent gravées dans la mémoire des négociants. Trois mois plus tard, avait lieu l’une des pires crises financières en un siècle. Les détaillants l’ont sentie venir. Ce n’était pas le cas des tarifs. Ils étaient totalement hors de propos.
Dans leurs appels téléphoniques et leurs e-mails, sur Facebook et lors de conversations en vis-à-vis, les négociants nous font part de leurs préoccupations, de leur colère et de leur frustration.
Sir Winston Churchill a dit : « Bien que je sois préparé pour le martyre, j’ai préféré le faire reporter. » Il en va de même pour les négociants de diamants. La solution consiste à s’éloigner de la pente savonneuse et des peaux de banane que l’on y met de toutes parts, pour choisir un chemin plus sûr, qui redonne de la dignité aux efforts engagés.