ALROSA vaut-elle 9 milliards de dollars ? Après des années de préparation, la société a annoncé mercredi 2 octobre au matin un capital flottant allant jusqu’à 16 % de ses actions. [:]Certains de ses titres se négocient déjà à la Bourse de Moscou, au prix de 39 roubles environ et avec une tendance à la hausse (une fois le flottant annoncé, le prix de l’action a rapidement augmenté). La valeur du flottant atteint donc actuellement 1,38 milliard de dollars environ. La société est ainsi estimée à près de 8,6 milliards de dollars. Cependant, en raison de liquidités limitées, les actions sont sous-évaluées. Une source impliquée dans le flottant a révélé que l’évaluation de la société est d’environ 9 milliards de dollars. Si les problèmes de liquidités disparaissaient, l’objectif de cours pourrait être de 41 roubles.
Dans le même ordre d’idée, les Oppenheimer ont vendu leur participation de 40 % dans la De Beers pour 5,3 milliards de dollars, soit une évaluation de 13,25 milliards de dollars. Certes, le groupe De Beers fait plus que de l’extraction minière ; il possède 50 % de De Beers Diamond Jewellers, une participation dans Element 6, etc. Toutefois, l’exploitation minière et la vente de brut restent au cœur de son activité. Selon certains, Nicky Oppenheimer a fait une bonne affaire. Si les titres d’ALROSA restent sous-évalués, les parts de la De Beers (société privée) ont, elles, été surévaluées, en partie du fait des prix très élevés du brut au moment des négociations.
Le flottant est un événement majeur pour la Bourse de Moscou, il atteint aussi une taille exceptionnelle pour une industrie dans laquelle les introductions en bourse ont suscité un intérêt bien moins grand. ALROSA est, après tout, une société bien établie et très rentable, qui dispose d’énormes ressources en diamants, déjà éprouvées. En revanche, elle affiche une dette considérable, de 4,3 milliards de dollars. Les produits de la part d’ALROSA dans le flottant, soit environ 2 % ou 173 millions de dollars, ont pour but de réduire légèrement cette dette.
La Fédération de Russie et la République de Yakoutie, qui participent chacune à hauteur de 7 %, ce qui pourrait générer plus de 600 millions de dollars, entendent investir les produits obtenus en Yakoutie. La Russie a annoncé qu’elle comptait investir dans des programmes fédéraux, comme des routes, des logements sociaux et des aéroports. La Yakoutie souhaiterait investir dans la création d’entreprises.
L’aspect le plus important pour l’industrie réside dans le fait qu’une grande société diamantaire soit désormais proposée aux yeux scrutateurs des sociétés financières. L’opération favorisera la transparence de l’industrie et contribuera à renforcer la confiance des marchés financiers. À l’issue de la tournée, qui devrait se rendre à Moscou, Londres, New York et dans d’autres centres financiers, tous les grands investisseurs pourront étudier de près ce que l’industrie peut leur offrir. Les avantages pour ce secteur sont colossaux.
À Moscou, ALROSA profite de sa croissance, mais à Mumbai, la source de financement d’une grande partie de cet essor, les fabricants sont d’humeur moins joyeuse. Ils ont récemment annoncé leur intention de réduire leurs achats de brut, face à des prix élevés et un manque de rentabilité. Peut-on imaginer des négociants indiens renoncer à du brut ? Cela équivaut à des créatures vivantes renoncer à de l’oxygène. Pas d’oxygène, pas de vie. En revanche, une exposition prolongée à de fortes concentrations d’oxygène peut entraîner une intoxication, potentiellement mortelle.
Le secteur indien affirme ne pas vouloir s’étouffer avec le brut. Suite aux restrictions de financement des banques, il a agi avec logique et s’est peut-être ainsi préservé.
À plus long terme, si le flottant d’ALROSA est un succès, les fabricants pourront surfer sur cette vague. Les banques seront davantage enclines à financer l’industrie, y compris certaines banques qui n’y participent pas actuellement. Il convient d’imiter l’exemple d’ALROSA : améliorer la transparence et l’efficacité opérationnelle.
Les prières faites à Mumbai (et à Anvers, Tel Aviv, etc.) sont exaucées à Londres. En premier lieu, la semaine se décline sous le signe des adieux. Vendredi 4 octobre, la De Beers organisera le dernier sight de Londres, après 100 ans d’activités dans cette ville. Le déménagement est précédé de rumeurs de départ des dirigeants et de sightholders grognons qui préfèrent Londres à tout autre chose en Afrique. Pour beaucoup dans l’industrie, Gaborone ne ressemble pas à la terre promise. Quoi qu’il en soit, le déménagement est organisé ; en novembre, tous se réuniront au Botswana pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire du diamant.
À Londres, où s’est tenu le sight de la De Beers, les prix du brut sont en baisse, répondant ainsi aux souhaits des négociants partout dans le monde. Les reculs ne sont pas aussi importants que lors du sight précédent, mais la tendance est bien engagée, comme il se doit.
L’industrie se montre dynamique. ALROSA commence à privatiser, les Indiens se positionnent avec le soutien des banques, la De Beers se tourne de nouveau vers l’Afrique et les prix du brut redescendent en pression. Ces événements sont très importants pour l’industrie, ils la font progresser à court et à long terme.