ALROSA a dévoilé un nouveau système de suivi des diamants qui utilise la nanotechnologie pour graver des pierres, ce qui permettrait de les tracer, de la sortie de la mine jusqu’à l’achat par le consommateur.
Cette technologie vise à résoudre le plus gros problème dans le suivi d’un diamant brut entre la mine et le marché : comme les diamants bruts sont généralement soumis à des opérations de découpe, les marquages appliqués risquent de disparaître.
« Les marquages actuellement disponibles sur le marché sont très localisés sur une partie du diamant », explique Valentin Konurin, directeur adjoint d’ALROSA pour le marketing international et responsable du branding et des nouveaux projets.
Cette nouvelle technologie fait appel à un rayonnement laser pour imprimer un code en trois dimensions à l’intérieur du réseau cristallin du diamant, ce qui atteint la structure atomique de toute la pierre.
« Ainsi, même lorsque le diamant est taillé, cette marque persiste dans le corps de la pierre, affirme Valentin Konurin. Vous ne pouvez pas vous en débarrasser. Même après la fabrication, le marquage est toujours présent. »
Il explique que la marque est subatomique, elle n’a donc aucun effet sur la couleur ou la pureté de la pierre et n’est pas visible sans l’aide du scanner de la société. Chaque pierre brute recevra un identifiant unique qui permettra à quiconque travaillant dans la filière de retracer son parcours jusqu’à sa mine d’origine.
ALROSA continue de développer des applications commerciales pour cette technologie. Pour l’heure, les essais se font uniquement dans des entreprises.
« Des groupes de luxe comme Kering ou Richemont souhaitent, dans le cadre de leur travail d’entreprise, passer à une chaîne d’approvisionnement dont la transparence serait garantie », affirme Valentin Konurin.
Il ajoute toutefois que les consommateurs s’intéressent de plus en plus à l’origine des diamants. ALROSA pourrait alors développer une branche du système à destination des consommateurs, ce qui permettrait aux acheteurs de scanner leur diamant pour en savoir plus sur son origine et son « histoire ». Pour l’heure toutefois, la technologie convient mieux aux pierres en vrac qu’aux pierres serties.
ALROSA envisage de breveter sa technologie aux États-Unis, en Chine et sur plusieurs autres territoires. La marque sera appliquée dans le bureau de tri moscovite d’ALROSA et ne sera utilisée que sur ses marchandises extraites en Russie. La technologie ne fonctionnera pas sur la moissanite et le zircon cubique, qui sont de structure atomique différente de celle des diamants. Elle pourrait cependant s’appliquer aux diamants synthétiques puisque leur constitution est la même que celle des pierres naturelles (bien qu’ALROSA ne traite pas avec les diamants synthétiques).
Valentin Konurin affirme qu’ALROSA pourrait continuer de travailler avec d’autres systèmes de traçabilité, notamment Tracr de De Beers et les rapports sur l’origine des diamants du GIA.
« Plus il y a de traçabilité, mieux c’est, explique-t-il. Tout le monde essaie d’aller au-delà de la simple garantie d’origine qui s’appuie sur des audits et des factures. Il s’agit d’un projet scientifique qui a été très difficile et sur lequel nous travaillons depuis plusieurs années. Nous avons développé notre propre système mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas participer à d’autres. »
La traçabilité demeurant un problème pour toute l’industrie, cette technologie pourrait-elle, par exemple, être utilisée sur des diamants suivis par le Kimberley Process ?
« Nous allons devoir réfléchir avant de la mettre en place à une si grande échelle », explique Valentin Konurin.
ALROSA n’est pas la seule société qui se tourne vers les nanotechnologies pour tracer les diamants.
Un négociant new-yorkais, Bruno Scarselli, affirme avoir mis au point un procédé, qu’il est sur le point de breveter, et qui utilise également des nanotechnologies pour suivre les diamants, de leur version brute à leur résultat taillé. Son système comprend une application pour les consommateurs qui indique aux acheteurs d’où viennent les diamants. Sa société, Nano Innovator, est actuellement en quête d’investisseurs.
Opsydia, une société britannique, propose également un système de suivi qui fait appel aux nanotechnologies. Jonathan Kendall, un ancien dirigeant de De Beers, a récemment rejoint le conseil d’administration d’Opsydia.
ALROSA a développé sa nouvelle technologie avec l’aide de scientifiques issus de l’Académie des sciences russe, ainsi que du Research Geological Enterprise (NIGP) d’ALROSA et de l’institut Yakutniproalmaz.