Lors d’un jour férié récent, les écoles étaient fermées, j’ai donc décidé de prendre ma journée et de la passer avec mon fils, sans personne d’autre. Deux activités sportives, un film et deux restos de malbouffe plus tard (la pizzeria n’avait pas la « bonne » boisson, un chocolat chaud épais avec des guimauves) et nous étions de retour à la maison, très fatigués et très heureux. Lorsqu’on lui a demandé comment s’était passée sa journée, mon fils a répondu que c’était « le plus beau jour de sa vie ! » ; tous mes soucis liés à la rédaction ont été totalement balayés.
[:]
Dans la Rome antique, les généraux en revue étaient accompagnés d’esclaves qui, debout derrière eux, leur rappelaient que malgré leur triomphe du jour, tout pouvait s’arrêter dès le lendemain. « Memento mori », leur soufflaient les esclaves à l’oreille, « rappelez-vous que vous allez mourir. »
Je suis prêt à parier que, pour beaucoup d’entre vous, le travail tient une place importante dans votre vie. Nous y consacrons du temps, de la réflexion, de l’énergie, mais aussi les nuits blanches, pleines de crainte, que nous voulons bien lui réserver, sans parler de la façon dont nous nous mesurons aux autres.
Nous engageons beaucoup d’estime de soi dans nos emplois. Nous emportons du travail à la maison, nous en parlons pendant le dîner, et même après. Mais emmenons-nous notre famille avec nous au travail tous les matins ?
Lorsque l’on atteint un certain âge, il n’est plus nécessaire que l’on nous rappelle que nous allons mourir. Notre mortalité n’est que trop présente. À bien des égards, elle domine nos vies et c’est pourquoi il faut que l’on nous chuchote autre chose à l’oreille : « memento vitae », n’oubliez pas de vivre.
N’oubliez pas de vivre, faute de quoi il ne vous restera que le « mori », M. Mori, c’est spécialement pour vous.
La sagesse populaire dit que le travail, c’est la santé. Le travail encadre nos journées, nous donne un but, définit notre statut social et nous permet de réellement exercer nos capacités. Une fois retraités, nous commençons à imploser. « Memento vitae ! »
Je suis tout à fait pour le travail : gagner sa vie, se faire une place dans le monde et laisser une trace, tout en contribuant, nous l’espérons, au bien-être de nos familles et à un monde meilleur. Mais, en dernier lieu, après des prix des diamants qui avancent dans la mauvaise direction, des réglementations pesantes, des taux de change défavorables, la demande (ou plutôt la nécessité) de faire plus avec moins… « memento vitae ! »
« Memento vitae », parce que nos enfants grandissent, que le temps passe et que nous vieillissons. « Memento vitae », parce que nous pouvons toujours profiter des vacances, prendre le temps d’un bon livre, passer des instants de qualité avec nos conjoints, nous amuser avec des amis et savourer un chocolat chaud avec nos enfants.
« Memento vitae!«