Au cours de la semaine du 9 juillet, le New York Times a indiqué que le minier russe ALROSA espérait vendre ses pierres sous une marque certifiée d’origine russe.[:]
« La traçabilité de la mine à la boutique devient très populaire, a expliqué Sergei Ivanov Jr, son PDG, au journal. Nos clients sont bien informés, partout dans le monde. Bien souvent, lorsqu’ils entrent dans une boutique de joaillerie, ils demandent d’où vient le diamant. »
Ces propos font suite aux remarques d’Evgeny Agureev, le directeur des ventes d’ALROSA, lors d’un entretien au JCK Las Vegas.
« L’une de nos plus grosses opportunités consiste à expliquer au client l’origine et l’histoire des pierres, a-t-il affirmé. Nous dépensons beaucoup d’argent en Yakoutie [région productrice de diamants] pour des programmes sociaux. Notre société est totalement transparente et étrangère aux conflits. Nous pensons qu’il est indispensable de l’expliquer au client. »
Créer une marque sur l’origine devrait sembler être une initiative intelligente. Le Canada le fait depuis près de 20 ans. ALROSA y a même déjà pensé.
Mais le problème, comme avec beaucoup de choses dans ce domaine, se situe sur le plan politique.
Il y a deux ans, personne n’aurait rien dit au sujet d’une pierre de marque russe. Aujourd’hui, avec toutes les histoires qui circulent autour du président Vladimir Poutine, impliqué dans les « usines à trolls » et les élections étrangères, l’idée que se font les États-Unis de la Russie a changé. Un sondage Gallup de février a révélé que 72 % des Américains considèrent le pays de façon négative et que seuls 25 % le voient positivement. Hier, le sénateur John McCain senior a tweeté : « Poutine est notre ennemi. »
« Le climat actuel est défavorable à ALROSA, a déclaré au Times David Ferguson, analyste du retail russe. La marque « Russie », en cette période particulière, n’est pas spécialement forte à l’étranger. »
ALROSA n’a pas vraiment pris ses distances avec la politique russe. La Fédération de Russie détient 33 % de la société, le gouvernement de Sakha, où se trouvent la plupart des mines d’ALROSA, en possède 25 %. Son PDG, Sergei Ivanov Jr, désigné l’an dernier, est le fils d’un proche confident de M. Poutine.
Au cours de la semaine du 2 juillet, ALROSA s’est retrouvée dans la situation d’un intervenant secondaire dans le tourbillon d’accusations portant sur l’intervention de la Russie dans les élections étrangères. D’après le New York Times, à la veille du référendum du Brexit, un homme d’affaires russe a offert à Arron Banks, soutien éminent du « pour », l’occasion de participer, en juillet 2016, à la vente, organisée par le gouvernement russe, de 10 % de ses participations dans ALROSA. Arron Banks, qui réclame d’autres intérêts diamantaires, a fait machine arrière, même si le fonds d’investissement détenu par le partenaire commercial James Mellon aurait sauté sur une participation d’un million de dollars. James Mellon a par la suite expliqué au Guardian qu’il ne prenait aucunement part aux décisions d’investissement du fonds et ne tirait pas avantage de l’actionnariat dans ALROSA.
Même si le sens général de toute cette affaire n’est pas clair, à l’heure actuelle, tout ce qui se passe en Russie ou presque est observé de près. Ce blog est depuis longtemps en faveur du suivi des origines. ALROSA est certainement sur la bonne voie. Mais peut-être agit-elle à un très mauvais moment.
À l’heure de la publication, ALROSA n’avait pas répondu aux questions du JCK. Nous espérons tout de même recevoir des informations de la part de la société dans un proche avenir.