Lundi 16 mai, le State Gemological Centre of Ukraine a écrit à la présidence du Kimberley Process (KP) pour lui demander de requalifier les diamants du conflit d’une manière qui permettrait d’exclure les diamants russes, en réaction à la guerre de ce pays contre l’Ukraine.
Dans son courrier adressé au président du système de certification, le Botswanais Jacob Thamage, l’Ukraine a demandé au KP de modifier sa définition actuelle des diamants du conflit, afin d’inclure les diamants « lorsque des actes de violence sont commis » à l’occasion de leur extraction et de leur excavation, « même s’ils ne sont pas associés à des mouvements rebelles mais qu’il existe des conflits armés en violation du droit humanitaire international, dont le financement implique des diamants extraits par le pays agresseur. »
Le texte semble faire référence aux deux principaux miniers de diamants russes – ALROSA et Grib –, tous deux détenus en tout ou partie par le gouvernement russe.
Le nouvel énoncé offrirait au KP un motif pour écarter la Russie du système de certification, explique Vladimir Tatarintsev, point focal du KP pour l’Ukraine, et empêcherait globalement ces diamants de circuler sur les marchés mondiaux.
« Nous vous demandons, en votre qualité de président du KP, de protéger l’objectif principal de l’organisation – la promotion de la paix, de la sécurité et du développement durable », concluait le courrier.
Actuellement, la définition des diamants du conflit du Kimberley Process se limite aux diamants qui financent les conflits engagés par des mouvements rebelles contre un gouvernement légitime.
Même si diverses tentatives – infructueuses – ont été engagées pour développer l’actuelle définition du KP afin d’y intégrer les abus contre les droits de l’homme associés à l’extraction des diamants, l’énoncé proposé élargirait considérablement la charte du KP.
Comme d’autres, Vladimir Tatarintsev admet que, puisqu’un changement au KP exige le consensus absolu des 82 gouvernements participants, il est « très peu probable que le KP puisse redéfinir le terme « diamants du conflit ». Quoi qu’il en soit, nous faisons ce qui est en notre pouvoir pour accroître les pressions sur la Russie. »
Le courrier demande également que la Russie quitte la présidence des différents comités et organes de travail du KP. Selon ses termes, il existe une décision administrative du KP affirmant que la présidence des différents organes doit être suspendue si le pays fait l’objet de sanctions des Nations unies. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a été condamnée par une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies.
D’après certains rapports, après l’invasion, des représentants des États-Unis et de l’Union européenne ont « boycotté » les assemblées du KP dirigées par des représentants russes.
Vladimir Tatarintsev affirme que les représentants des États-Unis et de l’Union européenne au KP ont soutenu certaines des demandes de l’Ukraine, à l’instar de la Coalition de la société civile du Kimberley Process qui, plus tôt cette année, avait appelé à une réunion sur la question.
Les représentants des États-Unis, de l’Union européenne et de la Russie au Kimberley Process n’avaient pas répondu aux demandes de commentaires au moment où nous publiions.
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