L’opportunité des diamants naturels HPHT

Avi Krawitz

Les fabricants et distributeurs de diamants naturels transformés sous HPHT (haute pression haute température) estiment que leur marchandise dispose d’une petite niche spécialisée. À ne pas confondre avec les diamants traités ou synthétiques, les défenseurs des diamants naturels HPHT s’efforcent à faire changer la perception de leur produit. [:]

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Il existe deux types de diamants HPHT, explique Gerry Hauser, PDG de Hadar Diamonds, un distributeur de diamants naturels HPHT. Les premiers sont des diamants synthétiques, de laboratoire, créés sous HPHT, en simulant les conditions d’apparition des diamants naturels. Les seconds sont des diamants naturels, qui utilisent la technique HPHT pour transformer la couleur brunâtre de la pierre et la rendre optimale.

Paul Kaplan est le directeur des opérations anversoises de Bellataire Diamonds, une filiale de Lazare Kaplan. La société vend, sous sa marque, des diamants naturels, extraits de mines et transformés sous HPHT. Paul Kaplan rappelle que le traitement des diamants naturels IIa n’a rien à voir avec la culture de cristaux de diamants synthétiques. Il ajoute que ces diamants naturels transformés doivent être distingués des pierres traitées, qui ont été irradiées ou remplies après fracturation. En effet, rien n’est ajouté ou enlevé ; leur contenu est 100 % naturel. 

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« Des diamants naturels, qui utilisent la technique HPHT pour transformer la couleur brunâtre de la pierre et la rendre optimale. »

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Au lieu de cela, la transformation HPHT des diamants IIa se contente de « dé-stresser » la pierre, explique Paul Kaplan. Certes, lorsqu’il apparaît au centre de la terre, un diamant est bien incolore. Mais lorsqu’il remonte à la surface, il est soumis à une chaleur et à une pression importantes. Ce trajet stresse la pierre, qui prend alors une teinte brunâtre.

« Nous avons compris que si nous parvenions à faire repasser le diamant sous autant de chaleur et de pression, la pierre pourrait être dé-stressée, explique-t-il. Dans un environnement contrôlé, elle peut se détendre et reprendre sa couleur d’origine. »

Un manque d’informations

Aussi bien Gerry Hauser que Paul Kaplan insistent auprès des détaillants pour qu’ils considèrent ces marchandises comme une opportunité de vendre un diamant de grande qualité, à un prix bien plus faible que l’équivalent naturel non transformé. Ils estiment qu’un client peut économiser de 20 % à 30 % en achetant un diamant naturel transformé sous HPHT par rapport à la pierre naturelle équivalente, non transformée.

Toutefois, Paul Kaplan admet que très peu de clients connaissent leur existence et que la plupart des détaillants sont mal informés. Cela est dû en partie à la réticence de l’industrie à commercialiser les diamants naturels transformés sous HPHT. Apparus à la vente chez General Electric et Lazare Kaplan début 1999, ces diamants se sont heurtés à une forte résistance de la part du marché. Étant donné la tendance traditionnaliste du secteur, Paul Kaplan explique que cette froideur était liée à la nouveauté du processus, mal compris à l’époque.
[two_third]En outre, l’offre était limitée. Ces diamants sont issus de brut de type IIa, très rare dans la nature. Bien que la grande majorité des IIa soient généralement purs à l’intérieur, seuls ceux de la plus haute qualité sont sélectionnés pour être transformés de la sorte. Paul Kaplan estime donc que les diamants IIa qui peuvent être transformés représentent moins de 1 % des diamants naturels. 

David Fisher, directeur de recherche à la De Beers Technologies UK, a fait remarquer qu’une transformation HPHT exige un investissement considérable dans un équipement coûteux de mise sous pression, ainsi que dans le savoir-faire qui permet de l’utiliser. La technologie a donc traditionnellement été reléguée aux régions coutumières de la recherche et de l’activité commerciale, notamment les États-Unis, la Russie et le Japon. Toutefois, David Fisher a ajouté que la technologie haute pression devient plus répandue, notamment en Chine, en Corée et en Inde. La De Beers a appris que plusieurs groupes proposent activement des transformations HPHT et des services associés dans ces pays. Il estime pourtant que seuls quelques milliers de diamants naturels HPHT sont produits chaque année.[/two_third][one_third_last]

« Les diamants IIa qui peuvent être transformés représentent moins de 1% des diamants naturels. »

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Étant donné l’offre limitée, Paul Kaplan considère que les diamants naturels HPHT n’ont pas atteint la masse critique qui permettrait de générer une forte demande. Certains soupçonnent les grandes sociétés minières d’avoir freiné l’offre de diamants IIa, afin de limiter l’offre et, par conséquent, de faire en sorte que la demande de diamants naturels HPHT reste faible. Parallèlement, Gerry Hauser remarque que les investisseurs bien informés, notamment en Extrême-Orient, ont compris le potentiel de valeur qui existe, stimulant l’intérêt croissant pour ces marchandises.

Bien entendu, personne ne s’attend à ce que les diamants naturels transformés sous HPHT remplacent les diamants non transformés. Pourtant, Paul Kaplan maintient qu’ils offrent aux détaillants la possibilité de proposer à leurs clients un choix important de diamants naturels de la plus haute qualité, au meilleur prix.

Gerry Hauser pense qu’il y a une aberration sur le marché, qui pourrait être de courte durée. Lui et Paul Kaplan prévoient que les prix des diamants naturels transformés sous HPHT augmenteront et que l’écart entre ces derniers et leurs équivalents non transformés va lentement se réduire. « La différence ne se justifie pas, étant donné que la base est la même, explique Paul Kaplan. Les diamants sont identiques pour l’essentiel. »

Déclaration et détection

Bien que les diamants naturels transformés sous HPHT soient faits du même matériau et affichent les mêmes caractéristiques que les diamants non transformés, les directives de déclaration sont strictes. Les laboratoires ont également l’obligation de les signaler clairement en tant que diamants HPHT sur leurs certificats.

Certains craignent en outre que des diamants transformés sous HPHT non déclarés soient présentés pour être certifiés en tant que diamants naturels. Ce problème est en effet devenu fréquent avec les diamants synthétiques traités par dépôt chimique en phase vapeur (CVD) ces deux dernières années.

« La principale crainte, en ce qui concerne les diamants transformés sous HPHT, c’est qu’ils soient vendus sans déclaration, n’importe où dans la filière, et tout particulièrement au client, explique David Fisher. Et comme à chaque fois que la confiance des consommateurs dans les diamants naturels non transformés risque d’être atteinte, le problème doit être pris au sérieux par tout le secteur. Il faut appliquer des mesures adaptées de déclaration et de détection et sanctionner ceux qui cherchent constamment à saper cette confiance. »

Un porte-parole du Gemological Institute of America (GIA) a indiqué que le laboratoire analyse tous les diamants qui lui sont envoyés pour certification, à la recherche de pierres transformées ou synthétiques. Il a ajouté que le GIA est en mesure de détecter les transformations, y compris le HPHT. De même, Ans Anthonis, directeur du laboratoire des diamants et de la recherche au HRD Antwerp, a déclaré qu’au HRD, chaque diamant est dépisté. Afin d’obtenir une identification complète, chaque pierre est ensuite soumise à une enquête plus poussée dans un laboratoire spécialisé, en fonction de son type et de sa couleur.

La De Beers considère également qu’elle est en mesure de détecter tous les synthétiques et les traitements à l’aide de ses machines DiamondSure et DiamondView. David Fisher explique que la DiamondSure peut aussi servir à détecter des diamants IIa, particulièrement susceptibles d’avoir subi des traitements ou des transformations HPHT. En outre, la DiamondPlus est une version miniature de la machine qui renvoie tous les types IIa transformés sous HPHT pour des tests supplémentaires. 

Paul Kaplan soutient que les grands laboratoires savent faire la différence entre ces diamants et qu’ils la font. Selon lui, les inscriptions obligatoires pour les diamants transformés sous HPHT aideront à protéger les négociants et les consommateurs des tentatives de fraude. Il ajoute que plus il y a de personnes qui connaissent ce procédé, plus il sera difficile de tromper le public. 

La difficulté consiste également à mieux former le secteur, pour qu’il fasse la différence entre, d’une part, les marchandises naturelles transformées sous HPHT et, d’autre part, les synthétiques de laboratoire et les diamants traités. De l’avis de Paul Kaplan, la transformation sous HPHT n’est qu’une étape par laquelle passent les diamants naturels pour devenir ce qu’ils sont.

Acceptation par le marché

À des fins de classification, les diamants extraits des mines sont des diamants naturels, transformés ou non, tandis que les diamants traités ne sont pas considérés comme des pierres naturelles, explique-t-il. Quant aux diamants synthétiques de laboratoire, ils ne sont ni naturels ni extraits de la terre (voir graphique ci-dessous). Paul Kaplan considère que si l’on informe correctement les divers intervenants, les diamants naturels HPHT finiront par être acceptés comme tout autre diamant naturel extrait des mines.

Bellataire Chart

Ce graphique illustre les diverses classifications de diamants naturels, traités et synthétiques, appliquées par Bellataire Diamonds (avec l’aimable autorisation de Bellataire Diamonds). 

Diamant
Naturel Naturel Traité Synthétique
Diamant extrait d’une mine Diamant extrait d’une mine Diamant extrait d’une mine Cultivé en laboratoire
Transformé sous HPHT Irradié/Rempli par fracturation Créé par l’homme
Définitif Réversible

L’option serait certainement intéressante pour les clients qui achètent des diamants, malgré la faible part que les diamants naturels transformés sous HPHT devraient représenter pour le marché, avec des limitations. Il est toutefois indubitable qu’ils se sont fait une place.

Pourtant, ces diamants doivent être distingués des diamants naturels non transformés, ainsi que des synthétiques HPHT, des synthétiques CVD et des diamants traités. Comme avec ces processus, il conviendra d’appliquer une détection, une déclaration et une documentation adéquates à ces marchandises. Mais avec les bonnes structures, il n’y a aucune raison que les consommateurs ne considèrent pas ces diamants comme une alternative de choix aux diamants naturels non transformés. Les joailliers devraient donc eux aussi profiter de l’opportunité qui existe, pour l’instant.

Source Rapaport