Les organismes commerciaux indiens ont recommandé de poursuivre la limitation des importations de brut en juillet. Un nouvel arrêt d’une semaine du secteur de la taille à Surat a par ailleurs accentué les craintes à propos de ce marché.
Le Gem & Jewellery Export Promotion Council (GJEPC) et quatre autres organisations ont appelé l’industrie à éviter d’expédier du brut dans le pays entre le 10 et le 31 juillet. Ils accordent aux sociétés une fenêtre comprise entre le 1er et le 9 juillet, au cours de laquelle elles pourront importer des marchandises pour continuer à faire fonctionner les usines. Les différents acteurs reverront leur politique au cours de la dernière semaine du mois, ont déclaré les groupes dans un courrier adressé aux membres mardi 30 juin.
« Les opérations de fabrication ont débuté ces dernières semaines, malgré différentes contraintes liées à des facteurs comme la distanciation sociale, ont-ils fait remarquer. De ce fait, de l’avis général, certaines nouvelles matières premières seraient nécessaires pour poursuivre les opérations et continuer à employer la main-d’œuvre. »
La faiblesse de la demande de taillé lors de la pandémie de coronavirus a fait naître des craintes de stocks excédentaires, incitant le GJEPC, la Bharat Diamond Bourse, la Mumbai Diamond Merchants Association, la Surat Diamond Bourse et la Surat Diamond Association à appeler à une interruption des importations de brut pendant un mois à partir du 15 mai. Ils ont ensuite reporté l’opération au 1er juin, afin que les sociétés puissent clore les expéditions en attente.
Ces premières baisses ont contribué à réduire les stocks et gérer les flux de trésorerie. Par ailleurs, les miniers ont également apporté leur aide en se montrant flexibles au niveau des obligations d’achat des clients sous contrat, ont ajouté les groupes. Le GJEPC écrira aux grands producteurs de brut, pour les exhorter à poursuivre cette politique et éviter un effondrement de la valeur des stocks, a indiqué le courrier.
Toutefois, l’industrie doit continuer « à agir avec une grande prudence », ont averti les organisations après une réunion avec des membres du marché samedi 27 juin.
« Nous ne pouvons pas dire à quel moment l’industrie indienne sera pleinement opérationnelle, a expliqué Colin Shah, président du GJEPC. L’industrie a repris ses activités de fabrication de façon restreinte, tout en maintenant toutes les normes de sécurité les plus strictes. Mais cette époque est sans précédent. »
Le marché doit donc parvenir à un équilibre délicat entre d’une part poursuivre ses opérations et maintenir les moyens de subsistance des travailleurs et d’autre part préserver la santé et la sécurité, a ajouté Colin Shah.
La fermeture de Surat
Le secteur a connu un revers lundi 29 juin lorsque la Surat Municipal Corporation a ordonné la fermeture de toutes les unités de fabrication de diamants de la ville pendant sept jours, d’après une note de la Surat Diamond Association publiée mardi 30 juin. Plus de 700 travailleurs de Surat ont été testés positifs à la Covid-19 ces dernières semaines. L’industrie de la taille devient un point sensible pour le virus sur place, a déclaré le Deccan Herald.
L’activité de la taille des diamants a du mal à repartir en Inde, même après l’assouplissement des règles du confinement édictées par le gouvernement en mars, afin de contenir le coronavirus. Le secteur de Surat a graduellement rouvert en mai après avoir fermé totalement. Le gouvernement a ainsi autorisé la présence de 50 % des employés dans les usines et de 30 % dans les bureaux. Mais plusieurs épidémies dans des unités de fabrication ont obligé des sociétés à fermer de nouveau et à placer des travailleurs en quarantaine.
Des médias locaux ont rapporté que des employés allaient travailler alors qu’ils étaient malades, que des repas étaient pris en commun et que la climatisation était utilisée bien qu’intensifiant le risque d’infection.
Un litige chinois
Pour compliquer encore le problème, un désaccord diplomatique avec Pékin a provoqué le blocage de marchandises en consignation invendues aux douanes indiennes, à leur retour de Hong Kong et de Chine, d’après ce qu’ont indiqué des négociants à Rapaport News. Le gouvernement indien aurait demandé aux responsables des douanes de vérifier toutes les importations provenant de Chine après un accrochage militaire le 15 juin dans une région litigieuse aux frontières de l’Himalaya, lequel aurait abouti à la mort de 20 soldats indiens et provoqué un nombre inconnu de blessés du côté chinois.
Afin d’éviter les étranglements, des sociétés pourraient devoir acheminer des marchandises en passant par d’autres lieux, comme Dubaï, moyennant un coût supplémentaire, a expliqué un dirigeant d’un fabricant de diamants.
« Des agents des douanes nous ont ordonné de ne plus rien exporter, en particulier des diamants, entre Hong Kong et l’Inde, car les douanes ont catégoriquement refusé de débloquer ces plis, a-t-il déclaré. Je pense que le problème pourrait prendre de l’ampleur. Si cette situation n’est pas réglée dans les deux à trois prochaines semaines, nous connaîtrons de vraies complications. »