Les fabricants de diamants indiens prévoient de raccourcir leurs vacances de Diwali tandis qu’ils se précipitent pour satisfaire les commandes américaines pour les fêtes, étant donné la pénurie de taillé.
Les usines fermeront de 5 à 12 jours, au lieu des deux à trois semaines habituelles, dans le but de compenser les mois d’inactivité dus à la Covid-19, d’après ce qu’ont déclaré des dirigeants du secteur de la fabrication au cours de la semaine du 19 octobre. La demande augmente à l’approche de Noël et du Nouvel An chinois. Les travailleurs sont prêts à limiter leurs congés après avoir vu leur salaire baisser pendant la pandémie.
« L’activité est repartie et les fêtes arrivent, les gens ne veulent donc pas rater les commandes, a expliqué Rahul Jauhari, vice-président senior des opérations internationales ventes et marketing chez Star Rays, un fabricant de Mumbai. Les ventes ont été négligeables pendant les deux mois du confinement. Les gens cherchent à se rattraper d’une façon ou d’une autre. »
Diwali, qui tombe le 14 novembre cette année, signe généralement le début d’une période de vacances de plusieurs semaines. Ces dernières années, les sociétés de taille n’étaient pas pressées de reprendre le travail, étant donné la quantité de diamants sur le marché. Toutefois, cette année, elles sont déterminées à générer des revenus, après un ralentissement inédit de la production et des ventes.
Les travailleurs de Surat, le centre de taille, ont l’habitude de rentrer dans leur village pour le festival. Cette année pourtant, beaucoup resteront en ville en raison du risque de contagion du coronavirus et pour récupérer les salaires perdus. Même si certaines sociétés ont versé un salaire minimum pendant l’épidémie, la plupart des travailleurs n’ont pas eu accès aux primes de rendement, lesquelles peuvent représenter 30 % de plus sur leurs revenus.
Dans le même temps, l’arrêt de la fabrication a provoqué des pénuries dans des catégories de taillé recherchées.
Suffisamment de diamants pour Noël ?
La production de taillé a retrouvé entre 70 % et 90 % de ses capacités, tandis que les règles de distanciation sociale se sont assouplies et que la demande a augmenté, d’après des personnes bien informées sur l’industrie. L’offre de brut a également augmenté puisque De Beers et ALROSA ont écoulé de plus grosses quantités lors de leurs ventes contractuelles d’août et septembre.
Mais les tailleurs indiens ne savent toujours pas s’ils pourront fournir aux détaillants américains les marchandises demandées pour répondre au regain d’intérêt des consommateurs.
« On constate des pénuries dans certaines catégories, dans d’autres, il y a suffisamment de marchandises mais pas de demande », a déclaré un fabricant indien sous couvert d’anonymat, faisant remarquer que les pierres de 1,50 carat à 3 carats, en pureté I1 à I2, étaient difficiles à trouver. « C’est donc déséquilibré pour le moment. Les acheteurs américains pourraient avoir à payer “un petit peu plus” pour s’assurer les articles qu’ils souhaitent », a-t-il ajouté.
Les clients américains adoptent deux attitudes face à cette situation, selon un autre dirigeant qui a constaté des pénuries dans les 0,50 carat à 3 carats, de couleur F à H et de pureté VS1 à SI1. Quelques détaillants, qui vendaient bien ces derniers mois, essaient maintenant de se constituer des stocks. D’autres n’ont pas encore bien analysé la situation de l’offre, a-t-il ajouté.
« Certains sont inquiets et essaient d’agir, a-t-il noté. D’autres sont sereins et continuent de prendre les choses avec légèreté. »
Des perspectives prometteuses
Le salon India International Jewellery Show (IIJS) virtuel de la semaine du 12 octobre a été le reflet du rebond de la demande. Environ 10 milliards INR (137 milliards de dollars) de transactions ont eu lieu, d’après des organisateurs au Gem & Jewellery Export Promotion Council (GJEPC).
« Lentement et progressivement, l’industrie retrouve l’élan nécessaire pour faire repartir les exportations jusqu’à atteindre le niveau d’avant la Covid-19 », a déclaré Colin Shah, président du conseil du GJEPC.
L’industrie a confiance dans le fait que la reprise puisse se maintenir, même au-delà de la saison des fêtes aux États-Unis. La demande de retail nationale a redémarré avant Diwali, qui marque le début de la saison des mariages en Inde, ont expliqué des négociants. Et surtout, le Nouvel An chinois se profile, à la date du 12 février, ce qui réduit le risque que la reprise de production ait un effet négatif.
« Je ne pense pas que l’offre sera excessive car nous entrons dans la saison du Nouvel An chinois, a expliqué l’un des fabricants. Il y aura donc une demande soutenue de la part de la Chine. » En outre, a-t-il poursuivi, une grande quantité des achats de brut de ces deux derniers mois a concerné des pierres de qualité supérieure, davantage demandées.
Les choses pourraient également être plus positives pour les travailleurs de Surat qui ont fait les frais de la crise, a affirmé Vipul Sutariya, directeur des ventes et du marketing chez le fabricant Dharmanandan Diamonds. La société ne fermera que cinq jours pour Diwali, à la demande de son comité des travailleurs.
« Si vous observez toute l’industrie, vous voyez que ces trois ou quatre mois de confinement ont été très difficiles pour tous, a fait remarquer Vipul Sutariya. Mais la fin de l’année pourrait réconforter les travailleurs. »