Les prix du brut ont progressé de plus de 20 % chaque année depuis la sortie de la crise, les producteurs ayant des difficultés à suivre le rythme de la demande. [:]Or, la situation a évolué l’an dernier lorsque les tarifs ont reculé de 16 %, selon des données rassemblées par WWW International Diamond Consultants. Les prix du taillé n’ont pas non plus été épargnés par l’onde de choc.
L’indice RapNet Diamond Index a montré que les prix des 1 carat ont chuté de plus de 12,5 %, tandis que les 3 carats ont perdu plus de 11 %.
Éric Lemieux, analyste en métaux et exploitation minière chez Laurentian Bank Securities, a rappelé les effets négatifs des difficultés économiques durables, présentes dans plusieurs régions du monde, associées au relatif ralentissement en Chine et en Inde. Il a ainsi rappelé que la mauvaise conjoncture économique mondiale avait des conséquences néfastes sur la demande.
« Les diamants sont des articles de luxe, peu susceptibles d’avoir les faveurs du marché en période de récession ; les achats spéculatifs de pierres précieuses ont d’ailleurs chuté », a-t-il expliqué dans une interview accordée à Investor Resources.
« Côté offre, les autorisations sont de plus en plus difficiles à obtenir pour les activités minières : au-delà des paramètres géologiques ordinaires, les grands défis à relever portent sur les contraintes environnementales et sur l’acceptabilité sociale. »
« Si l’économie américaine semble se reprendre, parallèlement à la progression de la classe moyenne en Chine et en Inde, la demande mondiale pourrait finir par faire pression sur une offre en recul. »
La hausse des prix du brut
Rockwell Diamonds a récemment déclaré qu’avec l’amélioration des prix constatée depuis début novembre 2012, le marché s’est positionné pour une hausse de quelques points en pourcentage en 2013.
Cette idée, a-t-il expliqué, a été étayée par l’affluence au salon de Hong Kong en novembre 2012 et par une participation accrue aux tenders sur le marché ouvert.
« À ce sujet, Rockwell a également constaté une hausse de la participation à ses tenders de clôture pour 2012, en appui de la hausse des prix, preuve de la stabilisation du marché par rapport aux années précédentes », a déclaré le minier.
La De Beers a également déclaré en fin d’année dernière s’attendre à une consolidation de la production en 2013, ce qui pousserait les prix vers le haut.
« L’offre subira des contraintes l’année prochaine, il existe donc une opportunité de nouvelle hausse des prix en 2013 », a expliqué son PDG Philippe Mellier, dans un entretien avec Bloomberg Television le mois dernier.
« Cette année [2012], nous produirons environ 27 millions[c1] , chiffre qui devrait être maintenu l’année prochaine. »
Il a également avancé que la hausse de la demande chinoise contribuerait à maintenir les prix cette année.
Anglo American a expliqué que la Chine et l’Inde comptaient pour environ 20 % dans la demande mondiale en 2012 et que cette part devrait passer à 28 % en 2016, de 23 milliards de dollars à 31 milliards de dollars.
Des annonces prématurées
Une étude de Rapaport, publiée ce mois-ci, a remarqué que les fabricants, qui ont légèrement amélioré leurs marges bénéficiaires en décembre, ont déclaré craindre une hausse des prix du brut au premier trimestre par la De Beers et ALROSA, sur fond de limitation continue de l’offre.
Cependant, le président du groupe Martin Rapaport a expliqué que les prévisions de hausses des prix étaient prématurées.
Selon lui, la joaillerie devrait prendre garde à ne pas gonfler les prix en raison des achats faits à crédit.
« Le mur fiscal pourrait réduire la demande pour les produits de luxe du fait de la hausse des impôts, d’une augmentation du chômage et d’une réduction des dépenses publiques ; dès lors, les entreprises responsables doivent refuser d’acheter des diamants à des prix qui ne permettent pas des profits sains », a-t-il dit.
« Les acheteurs doivent tourner le dos aux prix gonflés. La valeur des diamants doit s’appuyer sur l’argent concret dépensé par des acheteurs réels. »