L’Inde est confrontée à une pénurie de diamants liée à un recul de l’offre de brut, tandis que le taillé reste bloqué au Gemological Institute of America (GIA).
Les négociants éprouvent de fortes difficultés à s’approvisionner en brut et sont confrontés à des prix en hausse lorsqu’ils achètent auprès des miniers et lors des tenders, d’après ce qu’ont déclaré des fabricants indiens à Rapaport News au cours de la semaine du 31 mai. Il est ainsi difficile de répondre à la forte demande des États-Unis et de la Chine.
« L’achat de brut est devenu difficile, étant donné que les gens payent des prix complètement fous, a déclaré le dirigeant d’une entreprise de fabrication sous couvert d’anonymat. Il existe de la demande, mais l’offre de matières premières ne suit pas. »
De Beers et ALROSA ont épuisé leurs stocks de brut au premier trimestre, provoquant des disponibilités inhabituellement basses au deuxième trimestre. De Beers a également annoncé des difficultés opérationnelles dans certaines de ses mines.
Plusieurs professionnels s’attendaient à une nouvelle hausse des prix lors du sight de De Beers de la semaine du 7 juin. Parallèlement, les acheteurs se tournent vers les tenders pour compenser les pénuries, faisant grimper ces prix bien au-dessus des niveaux des grands miniers, d’après ce qu’ont indiqué les sources.
« Lors des deux derniers sights, aussi bien ALROSA que De Beers ont vendu moins de marchandises qu’au début de l’année, a expliqué un sightholder. L’extraction n’est pas à son plus haut niveau. Lorsque je suis en contact avec eux, ils ne disposent pas des marchandises qu’ils pourraient vendre, en particulier du brut en 4 grains, de 1 carat et plus. »
D’après les estimations des négociants, le prochain sight, qui débutait lundi 7 juin, devrait assurer des bénéfices similaires à ceux du mois dernier, soit 380 millions USD, contre 663 millions USD, 550 millions USD et 450 millions USD lors des trois premières ventes de l’année de De Beers. L’association d’une forte demande et d’une offre limitée incite les clients à se jeter sur les marchandises, d’après les sources.
« Je ne dirais pas que la demande de taillé est complètement folle mais la filière est assez démunie et des restrictions sont imposées sur le brut qui arrive, a fait remarquer un professionnel. Ce sont toutes ces choses qui nous ont amenés à cette situation. »
La baisse d’activité pendant l’épidémie de Covid-19 en Inde a exacerbé le manque de taillé. Même si la fabrication et les exportations sont toujours autorisées, le personnel des usines et des bureaux en Inde est limité à 50 % des effectifs. De nombreux tailleurs ont été malades ou placés en quarantaine, d’autres sont rentrés dans leur ville d’origine.
Demande de certification
La fabrication a été réduite à 60 % des capacités pour de nombreuses catégories de moins de 0,18 carat et à 75 % pour les marchandises non certifiées de 0,20 carat et plus, d’après le Gem & Jewellery Export Promotion Council (GJEPC) indien, qui s’est exprimé dans un entretien par e-mail avec Rapaport News. La production de diamants destinés à être certifiés est restée relativement élevée, à un niveau de 90 %, a indiqué l’organisation.
Cette dynamique a exacerbé les pressions sur le GIA. Les retards qui s’étaient cumulés dans ses laboratoires indiens au début de cette année se sont à peine atténués, étant donné les capacités restreintes des établissements. Les diamants adressés au laboratoire de Mumbai le 2 juin seront prêts le 2 juillet ou le 8 juillet à Surat, d’après le site Internet du GIA. Le processus demande généralement à peu près la moitié de ce délai.
« Cela va avoir un effet sur l’industrie car les marchandises sont bloquées, a expliqué le GJEPC, ce qui peut provoquer des retards dans les ventes et des contraintes sur les flux de trésorerie. Il faut espérer que, si la situation de la Covid-19 s’améliore, nous constaterons un retour à la normale des cycles, c’est-à-dire un délai de 15 jours. » Le GIA n’était pas disponible pour apporter des commentaires à l’heure où nous rédigions.
Certains craignent que le taillé n’inonde le marché lorsque le GIA rattrapera son retard et que la bousculade actuelle n’ait déjà des conséquences sur les marges bénéficiaires. La hausse des prix du brut a de loin dépassé celle du taillé, a remarqué un fabricant.
« Aux niveaux de prix actuels, si je devais acheter quoi que ce soit lors d’un tender, j’arriverais à peine à couvrir mes frais », a-t-il déclaré.