Je commencerai ce blog par une brève confession, mais pas une confession effrayante, de celles qui se murmurent à un prêtre derrière un rideau et pour lesquelles il faut réciter 10 « Je vous salue Marie ».[:]
Lorsque j’ai choisi mon premier mot commercial de l’année, il y a quelques semaines, j’ai promis une série en trois parties, sans avoir la moindre idée de ce que serait la troisième partie. Cela allait à l’encontre d’une règle que l’on m’avait enseignée au début de ma carrière de journaliste : n’écrivez jamais le premier article d’une série en le présentant comme tel, si tous les épisodes ne sont pas, au minimum, sur le point d’être terminés.
Heureusement pour moi, le brouillard s’est dissipé alors que j’interrogeais une détaillante, la semaine dernière, pour notre tour d’horizon des ventes du week-end du Black Friday.
Au cours de notre conversation, elle m’a expliqué que l’un des plus gros problèmes qu’elle rencontrait, et qu’elle continue de rencontrer, en tant que joaillière de longue date, est le conflit incessant entre l’ancienne et la nouvelle méthode de travail. De quel niveau de conformité doit-elle faire preuve pour être au niveau des autres, ou bien encore pour se démarquer, manifestant son caractère de vendeuse traditionnelle de bijoux ? Doit-elle appliquer de fortes réductions, proposer des pièces non précieuses, transiger sur ses normes de qualité ?
Ces dilemmes ne sont pas très différents de ceux que je rencontre aujourd’hui en tant que journaliste et c’est pourquoi cet entretien m’a particulièrement frappée.
Tout comme la vôtre, mon industrie a considérablement changé avec Internet et tous les changements ne sont pas bénéfiques.
Ainsi, lorsque j’ai débuté ma carrière de reporter, je me rappelle qu’il était tabou de citer les articles d’autres organes de presse (en dehors des agences), chose que l’on ne faisait qu’en dernier recours. Le terme « selon » ne devait être employé que lorsqu’on avait épuisé absolument toutes les autres méthodes pour tenter d’obtenir une information de première main.
Aujourd’hui, il n’y a plus rien d’extraordinaire à recycler un contenu déjà publié. Chez National Jeweler, nous procédons également de cette façon. Les personnels ont été réduits au minimum vital et, parallèlement, les sociétés sont censées produire des « actualités » à un rythme effréné.
Tous ces dilemmes sont les raisons qui m’ont amenée à choisir pour troisième et dernier mot commercial de l’année le mot « changement ».
Il n’y a aucun jugement dans mon choix, mais pas non plus, malheureusement, de réponse.
Je ne peux pas dire à des dizaines de milliers de joailliers indépendants ce qui est bon pour leur activité ou pour leur marché – ce qu’ils doivent changer et ce qui doit rester à l’identique. C’est une décision que chacun prend en son âme et conscience.
Je peux toutefois parler de ce combat. Vous faites quelque chose depuis longtemps et vous aimez cela. Mais ce n’est plus ce que vous avez connu et vous essayez de déterminer ce qu’il faut faire : dois-je simplement « faire avec » ou est-il temps de tourner la page ? Serais-je heureux si je faisais autre chose ?
Si vous bataillez avec ce genre de questions, sachez que vous n’êtes pas seul.
Et, si cela peut vous aider, voici ce que cette détaillante a décidé.
Elle m’a expliqué qu’autrefois, elle pensait avoir déterminé sa cible de clientèle : tous ceux qui voulaient acheter des bijoux. Elle a donc entrepris d’entrer en contact avec ce segment de la population locale, c’est-à-dire tout le monde.
Au fil du temps, elle a réalisé que tous ceux qui achètent des bijoux ne sont pas sa cible – elle ne veut pas satisfaire ceux qui recherchent de bonnes affaires et s’intéressent plus aux prix qu’à la qualité. « Ils ne seront pas heureux ici (dans ma boutique), a-t-elle expliqué. Je ne dis pas « 50 % de réduction » dès que vous passez la porte. »
Elle veut attirer les personnes qui apprécient la joaillerie et sa valeur et c’est sur cela qu’elle appuie son marketing désormais. Entrez dans ma boutique pour trouver de belles pièces. Pour les petits achats et les réparations, voyez quelqu’un d’autre.
Bien qu’elle continue de tergiverser pour savoir ce qu’elle doit changer, elle aime toujours suffisamment ce marché pour rester, au moins pour l’instant. « C’est ce que j’aime dans l’activité joaillière, a-t-elle expliqué. Vous pouvez l’analyser, la changer, agir différemment. »