Le salon de la bijouterie et de la joaillerie de Hong Kong, qui a eu lieu au cours de la semaine du 15 septembre, a rassuré le marché : les choses ne sont pas aussi terribles qu’elles paraissent. [:]Les visiteurs se sont présentés en nombre au salon et les acheteurs semblaient prêts à acheter, même si les ventes ont été médiocres.
Dans l’ensemble, le salon a été meilleur que prévu. En réalité, le marché n’en attendait pas grand-chose. La situation était assez morose ces derniers mois et les prix du taillé ont reculé, peu de temps avant l’ouverture des portes. En outre, les incertitudes ont persisté à propos du marché chinois, avec un ralentissement de sa croissance économique et un plongeon des ventes de bijoux par rapport au plus haut taux de l’année dernière, stimulé à l’époque par les ventes d’or.
Ainsi, alors que le flux des visiteurs restait soutenu à la clôture du quatrième jour du salon, l’humeur sur place s’avérait toujours positive. L’événement avait au moins suscité l’intérêt du marché.
Toutefois, les acheteurs recherchaient des articles spécifiques pour satisfaire des commandes. Ils se sont refusé à acheter en masse pour remplir leurs stocks. Un fournisseur new-yorkais a affirmé à Rapaport News : « Il y a du monde, mais j’attends que quelqu’un ait un vrai coup de cœur et passe une grosse commande. Ça n’a pas été le cas et je ne comprends pas pourquoi. »
Le marché n’explose pas. En moyenne, les prix ont légèrement diminué lors du salon, principalement parce que les fabricants cherchaient des liquidités. Ceux qui ont baissé leurs prix ont pu se débarrasser d’une partie de leurs stocks. En outre, la forte fréquentation laisse espérer des suites fructueuses dans un proche avenir. Après des échanges calmes en juillet et en août, pour beaucoup, l’événement a au moins eu le mérite de montrer que la longue période estivale était enfin terminée.
Plusieurs thèmes forts sont apparus sur le marché après une semaine passée à Hong Kong. En voici certains que Rapaport News a retenus après le salon :
1. Les liquidités sont effectivement rares.
Le manque de liquidités dans le secteur intermédiaire a engendré une certaine panique chez les fabricants et les négociants. Plusieurs facteurs ont contribué à cette crise : les ventes de taillé du troisième trimestre ont été difficiles jusqu’à présent, les flux de trésorerie issus des ventes de taillé ont été retardés par l’allongement des délais au Gemological Institute of America (GIA), les marges sont faibles car les prix du brut sont restés relativement fermes depuis avril – avec un certain recul ces dernières semaines – tandis que les prix du taillé ont baissé et, enfin, les banques ont réduit leur crédit à l’industrie.
Les acheteurs du salon ont bien évalué les problèmes de liquidité des négociants. Ils ont ainsi cherché à obtenir de plus gros rabais auprès de vendeurs aux abois, procédé à pas mal de lèche-vitrine et comparé les prix, puis ils ont patienté pour voir si les tarifs baisseraient encore.
La dynamique du salon a été façonnée en grande partie par des fournisseurs prêts à baisser les prix pour obtenir des liquidités et par des acheteurs chinois pas encore prêts à constituer leurs stocks. De nombreux exposants ont également parlé d’acheteurs n’ayant que peu de liquidités et qui achetaient à crédit et en consignation, malgré les remises supplémentaires, de quelques points en pourcentage, offertes pour un paiement comptant.
2. Tout n’est pas forcément lié au prix.
Une certaine tension régnait entre les fournisseurs détenteurs de liquidités et les autres. La situation a ébranlé la confiance des acheteurs, vu l’écart de prix entre les sociétés prêtes à vendre peu cher pour générer de la trésorerie et celles qui cherchaient à obtenir de la valeur pour leurs marchandises et maintenaient des tarifs fermes.
Le salon a plutôt réussi aux fournisseurs bien ancrés sur le marché, qui possèdent des niveaux de liquidités satisfaisants. Pour ceux-là, les prix ne font pas tout. Les principaux acheteurs de détail de la région recherchent en effet des fournisseurs fiables, en qui ils peuvent avoir confiance, qui assurent un bon service et des tarifs cohérents.
Certes, il y aura toujours des dénicheurs de bonnes affaires. Mais les acheteurs sérieux ne veulent pas d’une volatilité quotidienne dans les tarifs des fournisseurs. Fournisseurs et acheteurs admettent volontiers que l’activité diamantaire dépend fortement des relations. Ce salon a été l’occasion d’en construire de durables. De nombreux exposants ont affirmé avoir rencontré de nouveaux clients ou des prospects sérieux pour une future coopération après le salon.
Ceci dit, les prix ont fluctué, comme on pouvait s’y attendre, et se sont révélés plutôt bas. De certaines conversations avec les fournisseurs, se sont dégagées les tendances suivantes :
• La demande pour les dossiers du GIA est satisfaisante malgré une faible rentabilité sur ces marchandises.
• La demande pour les dossiers de 0,30 carat à 0,40 carat a légèrement ralenti.
• La demande pour les 2 carats et plus est relativement faible.
• La demande est stable pour les G-, VS2 de 10 carats et plus, de qualité commerciale.
• Les grosses pierres haut-de-gamme rencontrent peu de succès.
• On constate un changement général des D-F, FL-VVS vers des couleurs et puretés inférieures dans toutes les grosseurs.
• La demande pour les petites mêlées est régulière.
• Les tailles fantaisie sont stables, les coussins et ovales étant les plus demandés, suivis des poires. La demande pour les autres formes est relativement faible.
• Les couleurs fantaisie donnent toujours de bons résultats, notamment pour les jaunes, bleus et roses Fancy Intense.
• Les couleurs fantaisie de grosseur supérieure sont boudées, avec pourtant une bonne demande pour les FL-VVS de 1 carat à 3 carats.
3. Les stocks sont pleins.
Les stocks sont généralement pleins début septembre mais de nombreux exposants ont affirmé s’être rendus à Hong Kong avec davantage de marchandises que les années précédentes. Beaucoup ont d’ailleurs remarqué un afflux de diamants de 1 carat et plus sur le marché, le GIA ayant raccourci ses délais de certification pour ces marchandises.
Ceci dit, personne n’a fait état d’une offre excédentaire de marchandises. Les négociants ont annoncé une pénurie pour les pierres très demandées.
4. Rien ne vaut un salon.
De nombreux salons sont inscrits au calendrier des diamantaires et une certaine lassitude commence à se faire sentir. Pourtant, celui de Hong Kong en septembre est l’un des plus importants du circuit. Il offre non seulement une passerelle vers l’important marché de la Chine et de l’Extrême-Orient, mais il donne aussi le ton avant la saison des fêtes. Du fait que le salon a dépassé les attentes basses, les négociants quitteront Hong Kong plus enthousiastes qu’à leur arrivée.
Pourtant, le succès du salon est contrebalancé par quelques ratés. La sécurité a posé de sérieux problèmes cette année, après plusieurs vols dans le hall des diamants. En outre, les diamantaires sont toujours frustrés d’exposer à AsiaWorld Expo, à environ une heure en navette du centre des expositions et des conventions de Hong Kong, où a lieu la principale exposition de bijoux. Les organisateurs devraient peut-être travailler davantage pour rassurer ces 435 professionnels et leur garantir une exposition maximum, dans un environnement sécurisé.
Comme pour tout négoce, un salon doit montrer qu’il génère de la valeur ajoutée pour le marché ou qu’il comble une niche dont personne ne s’occupe. C’est ce qu’a fait le salon de Hong Kong de cette semaine. Les acheteurs s’y rendent pour commencer à préparer le Nouvel An chinois, qui aura lieu le 19 février 2015, tout comme les acheteurs américains se rendent au salon JCK Las Vegas en juin pour préparer Noël.
5. La Chine se développe !
L’industrie peut donc se permettre d’émettre des perspectives positives pour la saison des fêtes en Chine, qui débute le 1er octobre avec la Semaine d’Or du jour de la fête nationale et se prolonge jusqu’au Nouvel An chinois. Bien que les prévisions annoncent un ralentissement de la croissance économique aux environs de 7 % en 2015, la Chine demeure le moteur de la croissance pour l’industrie, avec de formidables opportunités pour le marché.
Une certaine prudence est de mise à mesure que le pays devient plus mature et passe d’une économie centrée sur les investissements du gouvernement à une structure plus stimulée sur les dépenses des consommateurs. Les acheteurs de gros feront naturellement preuve d’une certaine circonspection dans un environnement en mutation.
Toutefois, même si cela doit engendrer des problèmes croissants, l’augmentation des dépenses des consommateurs représente, au final, une tendance positive pour l’industrie des diamants et des bijoux. Le salon de Hong Kong de cette semaine a quelque peu rassuré le marché sur le fait que la demande sera suffisante pour pallier toute incertitude à court terme en Extrême-Orient et donc profiter du potentiel de croissance à long terme, parfaitement évident en Chine et en Extrême-Orient. Reste à savoir si le marché pourra résister aux incohérences et à la volatilité du marché des négociants, qui sont apparues si criantes la semaine dernière.