Notre plongée à la découverte des collections de haute joaillerie nous emmène en voyage, sur les traces des Maisons Gucci, Louis Vuitton et Boucheron. Ces dernières rivalisent de virtuosité technique et de savoir-faire, pour sublimer, avec leurs pierres et créations exceptionnelles, des périples qui racontent, qui les splendeurs antiques de l’Italie ou la liberté des années ’70, qui la renaissance et le dépassement de soit, qui la poésie de la nature au gré de pérégrinations oniriques.
Gucci, « Hortus Deliciarum », de Grand Tour en voyages somptueux
Gucci continue son cheminement entamé avec la collection de haute joaillerie « Hortus Deliciarum » en 2020 puis 2021. Ce troisième volet, tout en pièces baroques et pierres de couleur, dans un style fidèle à la symbolique Gucci, s’inspire d’abord des voyages initiatiques qu’effectuaient, à travers l’Europe, les jeunes hommes bien nés, aristocrates ou intellectuels du XVIIIème siècle, pour finir par une immersion dans l’esthétique chamarrée des années ‘70.
Ce sont donc des « carnets de voyage » en cinq étapes et sur plusieurs époques qu’Alessandro Michele nous invite à lire et admirer : un Grand Tour d’Europe où les splendeurs antiques de l’Italie sont représentées sous forme de tableaux encastrés dans les colliers ou bracelets, puis un hommage au kaléidoscope de couleurs de l’Inde des Maharadjas (thème fort des collections de haute joaillerie), la découverte de la perle ensuite, déclinée sur des sautoirs, un passage également par le modernisme géométrique des années ’30, ’40, et, enfin, l’apothéose avec la liberté expansive des années ’70.
Une haute joaillerie de pièces monumentales et architecturales, incarnée par une Jessica Chastain pleine de grâce et de force et portée par une esthétique résolument romantique. Les diamants blancs pavés, brillants ou baguettes sont l’écrin qui permet aux rubellites, béryls jaune, tourmalines, spinelles, grenats, péridots et topazes de révéler la splendeur de leurs couleurs.
Chaque pièce est un voyage à elle seule ! 
Louis Vuitton, « Spirit », une odyssée au cœur des valeurs fortes de la Maison
Après sa collection LV Diamonds, Louis Vuitton nous propose, avec « Spirit », un voyage aux confins de la réalité, une relecture contemporaine d’une Maison à l’identité forte. Comme une odyssée, composée de 125 pièces et de cinq univers, pour laquelle Francesca Amfitheatrof a continué son travail sur les motifs et symboles de la Maison Vuitton : le V, les damiers, chevrons ou encore les triangles. Ils s’agit ici, selon la directrice de la joaillerie et de l’horlogerie, d’incarner « la liberté, l’idée de prendre son envol, la notion d’infini mais aussi le destin et le dépassement de soi », des valeurs emblématiques de Vuitton. Liberty, Grace, Fantasy, Radiance et Destiny déclinent diamants, saphirs, émeraudes et rubis sur des colliers plastrons géométriques spectaculaires.
Ainsi, le collier Liberty propose un motif Damier composé d’une mosaïque de diamants taille fantaisie, forme princesse ou triangle, taillés sur œuvre, une Fleur de Monogram en diamants, qui tous magnifient saphir rare (18,08 carats, d’un « bleu royal ») et émeraudes. Chaque pierre « s’emboîte » au plus juste et trouve sa place au service du motif phare pour une pièce qui allie grande maîtrise technique et beauté. Sur l’envers de la monture, un message secret à valeur de mantra : « Liberty is the freedom to explore, to discover the world, to express innate power. » (« Liberté d’explorer, de découvrir le monde, d’exprimer sa pouvoir intérieur ».) Les bracelets, bagues et boucles d’oreille Liberty se jouent des mêmes codes.
Le thème Fantasy quant à lui donne la part belle au motif Chevron, jouant avec l’or jaune, les triangles et V d’or blanc pavés de diamants. Comme sur cette bague tout en force, au chevron d’or surmonté d’un diamant rond D FL de 8,73 carats et de deux diamants Fleur de Monogram placés de part et d’autre de la pierre centrale ou sur l’imposante et théâtrale manchette.
Le thème Grace s’inspire du Phénix qui renaît de ses cendres et raconte une femme Vuitton audacieuse qui s’envole pour « découvrir de nouveaux territoires ». Le collier, entièrement pavé de diamants taille baguette et brillant est formé d’un double V couronné d’un diamant LV Monogram Star D IF de 5,12 carats et tsavorite taille ovale de 65,26 carats d’un vert étincelant. Tout un symbole de renaissance et de puissance d’une grande virtuosité technique.
Une collection graphique où les pierres rendent hommage aux motifs et où les motifs subliment les pierres. 
Boucheron, un « Ailleurs » onirique et innovant
Avec sa collection de haute joaillerie Carte Blanche 2022, c’est « Ailleurs » que la Maison Boucheron nous emmène. Sur un tel postulat de départ, « tout devient possible », le voyage est onirique, et la femme est tour à tour sable, feuille, galet, là où l’homme, lui, est volcan. Chaque création répond à une règle simple « révéler toute la beauté et la poésie de la nature ». Sous la direction créative de Claire Choisne, le résultat est aussi beau qu’époustouflant et innovant et mêle gemmes, diamants et matières naturelles (ou qui semblent l’être !)
La femme Sable d’abord se pare de beige et de blonds chauds, le désert est comme transfiguré par un col ou collier plastron où s’entrelacent des courbes de rotin et diamant. Des boucles d’oreille coquillages se parent elles aussi de diamants, en toute légèreté.
La femme Feuille nous fait découvrir un ailleurs tropical, habillée d’un bracelet manchette Feuillage où une tourmaline verte de 37,97 carats semble éclore d’une tresse de diamants et de feuille. Toucan, serpent et fleur tropicale fascinent tout autant par le mélange des pierres et leur travail inattendu.
La femme Terre est plus ancrée dans le sol et les formes organiques. La fleur broche aux pétales de bois et de diamants interroge le réel ; et l’on découvre que les teintes de terre se mêlent merveilleusement au blanc translucide des diamants !
La femme Galet réinvente un « océan lunaire » et ses « vastes plages astrales ». Des galets de marbre tatoués d’or blanc et de diamants, un ours et un éléphant entièrement pavés de diamant et, surtout, cet incroyable bijou de tête représentant un corail, aux branches là aussi pavées de diamants ou sculptées dans le marbre ; il enserre l’oreille, s’élève et ne fait qu’un avec le visage de celle qui le porte. Tout est blanc, lumineux, limpide et apaisant.
Enfin, cet homme Volcan raconte immédiatement une histoire de puissance ; mais une puissance en noir et blanc, blanc de nacre et de diamant, dans ce collier plastron entre plume, pierre gravée ou coquillage, au motif réalisé à l’aérographe et qui rappelle la force et la symbolique des arts primitifs. Ou ce bijou qui enlace et habille le tour d’oreille à la manière des tentacules d’un poulpe diamanté que l’on voit presque bouger.
Une collection d’une beauté époustouflante ! 
À noter, la Maison Boucheron vient également de redonner une nouvelle impulsion à sa mythique collection Serpent Bohème. Désormais « Solarité », le motif goutte inventé en 1968, pavé d’or et de diamants, tutoie l’esthétique du tatouage ou du piercing et les bijoux sculptures font corps avec celui ou celle qui les portent pour les faire rayonner intensément. 
Enfin, cette Maison n’en finit pas d’innover, la capsule Jack de Boucheron Ultime est façonnée dans la Cofalit, matériau issu du recyclage de déchets industriels (choix pour le moins inattendu en haute joaillerie). Des bijoux bruts, noirs, pavés diamants et mixtes. Un choix « radical » pour reprendre les mots de Claire Choisne, à l’esthétique résolument engagée ; chez Boucheron, rappelons-le aussi, la joaillerie et la haute joaillerie ne se soucient plus des codes et se jouent du masculin et du féminin, dans une grande liberté d’être.
Source Rubel & Ménasché
Photo © Courtesy of the brands, Gucci, Louis Vuitton, Boucheron.
