Les banques indiennes ont soutenu l’industrie locale des bijoux et des diamants au fil des années, à tel point qu’aujourd’hui le secteur occupe une place prépondérante dans le monde. [:]Toutefois, ces derniers temps, au vu des nombreux défauts de paiement désastreux ayant donné lieu à des plans d’action nationaux, les banques se sont montrées méfiantes et peu désireuses de financer l’industrie. Face à des marges en baisse et des prix de plus en plus volatiles, les banques ont logiquement limité les prêts accordés au secteur des bijoux et des diamants.
Quelques grands établissements de financement diamantaire ont déjà quitté l’industrie, se retirant totalement de ce secteur. Ces initiatives influent sur les montants disponibles pour l’industrie et donnent lieu à des modes de financement alternatifs.
Bien que les grandes sociétés diamantaires reçoivent un financement suffisant des banques en Inde, le problème est pour elles davantage lié au coût du crédit qu’à sa disponibilité. Par ailleurs, les PME ont du mal à accéder au financement bancaire car leurs ventes ne passent pas par des exportations. Elles vendent plutôt des diamants à de grandes sociétés nationales qui, elles, exportent le produit à des clients à l’étranger.
La plupart des banques nationalisées ne prêtent qu’en échange d’une garantie à hauteur du montant du crédit. Le problème survient lorsque les agences de notation et les banques considèrent la gestion du risque et évaluent les clients potentiels. Après la démonétisation du gouvernement indien, davantage de petites unités peu organisées ont voulu utiliser les canaux formels de la banque et du financement.
Le séminaire « Diamond Financing 2017: New Opportunities, New Realities », organisé par le Gem & Jewellery Export Promotion Council (GJEPC) en février, a coïncidé avec l’Assemblée des présidents de 2017 à Mumbai, en Inde. Lors de cette réunion, banquiers et membres de l’industrie ont envisagé des moyens pour les banques de travailler avec les PME, ainsi que les mécanismes d’assurance-crédit et de gestion du risque que les banques prêteuses pourraient améliorer.
Les sessions inaugurales ont profité de la présence du cosecrétaire du ministre de l’État du Maharashtra, de représentants du ministère du Commerce de l’Union au gouvernement indien, de celle du président du conseil du Gem & Jewellery Export Promotion Council (GJEPC), de banquiers et de membres de l’industrie. Praveenshankar Pandya, le président du conseil du GJEPC, relatant la croissance de l’industrie et espérant que les banques de financement la soutiendront encore à l’avenir, a expliqué que le GJEPC engageait toutes les mesures nécessaires pour organiser encore mieux le secteur et permettre ainsi aux banques de recevoir des informations concrètes pour appliquer les bonnes procédures de « due diligence ». Il a affirmé que le GJEPC prenait des mesures pour professionnaliser les PME dans le secteur de la taille des diamants. Et pour améliorer encore la transparence des transactions du secteur, le GJEPC lance une plate-forme de réseautage en ligne KYC (Apprenez à connaître votre client) pour l’industrie diamantaire. Praveenshankar Pandya a également demandé la création d’un comité bancaire qui puisse se réunir à intervalles réguliers pour guider l’industrie.
Représentant le gouvernement central, Shri Manoj Dwivedi, cosecrétaire pour le ministère du Commerce de l’Union, a fait part de son estime pour le secteur indien des diamants et des bijoux. Il a affirmé que le secteur bancaire devrait créer des solutions personnalisées pour l’activité des diamants et des bijoux, notamment avec de nouveaux paramètres de notation de crédit, ainsi qu’une version modifiée, plus moderne et plus adaptée, des ECGC, des structures standardisées, et enfin des directives pour minimiser le risque et stimuler la croissance des PME.
Ernest Blom, le président de la WFDB, a affirmé que puisque l’activité mondiale des diamants et des bijoux était confrontée à des problèmes de liquidités, il était temps d’introduire de nouveaux modèles de financement, notamment des prêts entre homologues (P2P), des mécanismes de prêt soutenus par le gouvernement, etc. Il a suggéré de mettre sur pied un groupe de travail sur le financement qui rassemble des membres du marché, issus de tous les centres, et a proposé un dialogue constant avec les institutions financières, sous forme de tables rondes, pour trouver de vraies solutions à tous les problèmes qui se posent.
Les PME ayant été sous le feu des projecteurs lors du séminaire, l’un des banquiers indiens acteur du financement diamantaire (Rajneesh Sharma, directeur général de Bank of Baroda) a annoncé qu’il aiderait à financer les PME du secteur de la taille des diamants. Il a affirmé que son programme serait bientôt lancé dans le cadre d’un projet pilote, au profit des unités qui achètent du brut aux grandes sociétés minières et livrent un produit fini.
Il est évident que, même si le secteur de la fabrication a besoin de financement et survit grâce à lui, les banques ont aussi beaucoup à gagner à financer de telles sociétés. En réalité, comme le secteur des PME connaît une croissance importante, il offre une formidable opportunité aux banques de proposer du financement et donc de se développer. Il représente un tiers de l’activité totale, une formidable occasion pour les banques de générer du crédit. En lançant une plate-forme de réseautage en ligne KWC pour l’industrie diamantaire, le GJEPC a engagé une étape importante destinée à améliorer encore la transparence des transactions du secteur, ce qui est souhaitable.
Le secteur est également confronté à un autre problème, celui de taux qui diffèrent en fonction des banques, allant du LIBOR +2 % au LIBOR +6 %, ainsi que la facturation d’autres frais. Enfin, les banques utilisent la couverture ECGC qui alourdit encore le prêt et peut multiplier le coût du financement par cinq. Il est donc nécessaire aujourd’hui de standardiser le mécanisme afin d’y injecter de l’uniformité pour que les emprunteurs n’aient pas à supporter de charge inutile.