Les prix du brut et les premiums augmentent.
Le sight de janvier de la De Beers s’est clôturé sur une valeur estimée à 700 millions de dollars, après que la société a augmenté ses prix de 5 % en moyenne. [:]Cette hausse concerne la plupart des catégories alors que la société a également ajusté ses assortiments dans les boîtes.
La demande de brut sur le marché secondaire s’est améliorée, avec des premiums solides sur les boîtes de la De Beers. La société ne disposait toutefois pas de marchandises suffisantes pour répondre à une demande de pierres supplémentaires. Certaines ont donc été fournies hors contrat. Malgré la forte demande, les sightholders ont noté une hausse des prix légèrement plus élevée, et supérieure à leurs prévisions.
« Les hausses de prix de la De Beers vont bien au-delà d’un simple changement dans des catégories, a déclaré un sightholder anversois. Pour certaines, l’augmentation depuis novembre et décembre peut se justifier, c’est-à-dire plutôt pour les petites marchandises, les pointeurs. Mais les changements apportés dans toutes les catégories, et surtout les mêlées et les smalls, sont passés inaperçus. »
Les prix des boîtes de small Z et small makeable ont augmenté de plus de 6 %. Ceux de la boîte de fine 2,5/4 carats ont augmenté d’environ 4 %.
Un sightholder de Mumbai a affirmé que les négociants n’étaient pas trop perturbés par les hausses de prix car le marché du brut est devenu favorable en janvier, avec des premiums stables sur le marché secondaire.
Selon Guy Harari, le PDG de Bluedax, une société de courtage de brut, basée en Israël, la demande de marchandises de la De Beers avait augmenté avant le sight, les professionnels ayant anticipé la hausse. ALROSA avait en effet augmenté ses tarifs lors de sa vente de la semaine précédente. « Les acheteurs étaient prêts à payer des premiums élevés sur les boîtes avant le sight, sans connaître le tarif, a expliqué Guy Harari. Quand ils ont constaté la nature des augmentations, les échanges ont légèrement ralenti. Ils ont été surpris car la demande de taillé n’est pas exceptionnelle. »
Les sightholders qui se sont entretenus avec Rapaport News n’étaient pas unanimes sur les motifs pour lesquels le marché du brut est soudainement devenu aussi dynamique, après une période de faible demande au second semestre 2013.
« Je ne sais pas ce qui a changé. Nous avons simplement terminé une année et nous en avons commencé une nouvelle, a déclaré un sightholder basé à Anvers. Les Indiens sont rentrés avec une humeur différente et, nous le savons bien, ce sont eux qui orientent le marché. »
David Johnson, responsable des communications du secteur intermédiaire pour la De Beers, a expliqué que l’amélioration du marché avait été influencée par une combinaison de facteurs. D’après lui, la demande a été satisfaisante aux États-Unis en fin d’année et le délai assez long entre les cycles d’achat de brut en décembre et janvier, entraînant un épuisement des stocks de brut et l’accélération des pressions sur les liquidités. En outre, certaines créances auraient perduré depuis le quatrième trimestre. David Johnson a également noté des tendances positives sur le marché du taillé, avec une hausse des prix et des catégories plus lentes, qui commencent à se reprendre.
Un sightholder de Mumbai en a convenu, les détaillants aux États-Unis et en Extrême-Orient ont décalé leurs stocks. Selon lui, les usines indiennes ont redémarré en décembre, après une interruption prolongée pour Diwali. Du brut était donc nécessaire pour réapprovisionner les stocks. L’ambiance optimiste aurait aussi été motivée par la relative stabilité de la roupie en décembre. La devise s’est légèrement dépréciée en janvier, pour atteindre 62,7 roupies indiennes pour 1 dollar au moment où nous mettions sous presse.
Toutefois, les sightholders continuent à douter de la possibilité de maintenir le niveau actuel d’activité. « Un schéma s’est détaché ces dernières années. Nous avons un marché du brut fort, pendant les trois à quatre premiers mois de l’année. Nous sommes ensuite déçus que le taillé ne se reprenne pas d’autant. Donc, nous nous battons pour rattraper le reste de l’année, a déclaré un sightholder basé à Anvers. Le marché s’est amélioré, mais je ne vois pas comment pousser les prix du taillé autant que ceux du brut. »
Suivant la même réflexion, un sightholder indien prévoit que le marché ralentisse de nouveau au deuxième trimestre, en raison des marges bénéficiaires de la fabrication et du fait que les négociants et sightholders font actuellement des incursions excessives sur le marché du brut.
Mike Aggett, directeur général de H. Goldie, un courtier de la De Beers, a mis en garde, dans son rapport sur le sight, contre un excès d’exubérance sur le marché du brut. « Il faudra absolument que tous les éléments de la filière s’alignent, dans les mois à venir, pour œuvrer à une croissance stable et éviter la spéculation. Celle-ci provoque inévitablement une interruption à plus long terme, a écrit Mike Aggett. Nous constatons déjà des premiums sur le marché, qui continuent d’augmenter, malgré l’ajustement des prix. Ce n’est pas un signe positif pour la stabilité à long terme. »