Le prix des diamants uniques, tant par leur couleur que par leur grosseur, devrait cette année encore culminer sur le circuit des enchères.[:] Les ventes de bijoux organisées par Sotheby’s à Hong Kong le 7 avril et par Christie’s à New York le 16 avril arrivent à point nommé pour profiter de l’essor que les salons de Bâle leur ont offert la semaine dernière… ou plus exactement, dont ils bénéficient depuis l’année dernière.
Les diamants d’exception ont pulvérisé tous les records lors des ventes aux enchères de Christie’s et Sotheby’s en 2013. La concurrence s’est intensifiée entre les deux maisons : c’est à qui se procurera les marchandises les plus exceptionnelles, les plus à même de faire retentir le marteau des commissaires-priseurs. La demande de diamants et de bijoux uniques est d’ailleurs restée soutenue lors de The Diamond Show de Bâle et du salon Baselworld, et l’appétit pour des marchandises haut de gamme, qui font la réputation des maisons d’enchères, va s’intensifiant (voir l’article sur le salon ici).
De prime abord, les enchères à venir ne semblent pas proposer de pierres exceptionnelles, susceptibles de battre des records, comme cela a été le cas l’année dernière. Pourtant, les lots qui s’alignent sont impressionnants.
Sotheby’s espère rafler entre 7,3 millions et 8,3 millions de dollars pour un collier composé de 17 diamants D, IF, taillés en brillant, d’un poids total de 85,33 carats. Le lot vedette chez Christie’s est une paire de boucles d’oreille constituée de rondes D, IF, de 22,60 carats et 22,31 carats, qui devrait se vendre entre 7 millions et 10 millions de dollars. Christie’s a proposé une estimation haute à 7,8 millions de dollars, soit 192 926 dollars/ct, pour un diamant ovale D, vraisemblablement sans défaut, de 40,43 carats.
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Bien sûr, certains affirment que les enchères ont fait gonfler une bulle irréaliste. Pourtant, les négociants remarquent que les prix élevés auxquels se concluent ces enchères reflètent le marché, même s’il s’agit du segment spécifique et très haut de gamme des couleurs fantaisie et des grosses pierres.
Les négociants estiment que plusieurs facteurs alimentent cette tendance à la hausse : les acheteurs qui veulent des pièces uniques sont friands de ces marchandises ; les plus riches persistent à acheter dans le haut de gamme et entretiennent ce marché grâce à leurs investissements et à leurs collections ; les investisseurs cherchent des alternatives intéressantes depuis que l’or a été dévalué l’année dernière et alors que les craintes persistent autour du dollar américain ; les consommateurs aisés des pays soumis aux conflits ou en situation de détresse achètent plus volontiers des biens de valeur faciles à transporter.
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« Les négociants remarquent que les prix élevés auxquels se concluent ces enchères reflètent le marché, même s’il s’agit du segment spécifique et très haut de gamme des couleurs fantaisie et des grosses pierres. »
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Bien que ces facteurs stimulent la demande tant pour les gros diamants que pour les diamants de couleur, il faut bien distinguer ces deux marchés.
À Bâle en particulier, les vitrines s’étaient parées de couleurs de toutes sortes. De nombreux professionnels ont avoué avoir cédé à la pression des détaillants de bijoux, qui voulaient quant à eux répondre à une demande des consommateurs. Lors d’une récente téléconférence, Michael Kowalski, PDG de Tiffany and Co., a souligné une demande croissante pour les diamants et autres pierres de couleur. La croissance de la collection jaune de la société a d’ailleurs connu une envolée en 2013.
La couleur a donc attiré les négociants, d’autant que la tarification est moins formelle sur ce segment. Les professionnels peuvent obtenir de meilleures marges bénéficiaires qu’avec des diamants blancs, et leur nombre s’est par conséquent multiplié sur le marché de la couleur ces dernières années.
Certains estiment toutefois que les prix ont exagérément flambé. « On ne trouve plus de jaunes fantaisie à un prix raisonnable », s’est plaint un négociant de taillé à Bâle. D’autres font remarquer qu’une trop forte hausse des prix a fait reculer la demande pour les jaunes Fancy et Intense Light. La demande pour les jaunes Fancy Vivid et Intense de qualité reste stable.
Vu la solidité du segment très haut de gamme, pas étonnant que Laurence Graff ait été au centre de l’attention lorsqu’il a révélé sa montre Hallucination à l’ouverture de Baselworld. Monsieur Graff estime à environ 55 millions de dollars cette pièce d’horlogerie ornée de plus de 110 carats de diamants de couleur rare. Certes, il ne fait aucun doute que le nom de Graff rend la montre plus précieuse que la simple somme de ses diamants de couleur. Pourtant, les négociants font valoir que de telles pièces tirent leur valeur de la rareté de leurs composantes.
Ces diamants sont tout simplement très rares. Cela explique en partie pourquoi l’année 2013 a été si exceptionnelle pour les commissaires-priseurs.
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La demande pour les très gros diamants est tout aussi dynamique. Les négociants remarquent cependant que la demande de gros diamants de qualité commerciale est devenue spéculative, en grande partie sous l’influence des tendances du marché du brut. La demande pour les grosses pierres de qualité supérieure se révèle en revanche plus durable. Une fois de plus, les négociants expliquent que les marchandises haut de gamme conservent leur valeur. Comme nous l’écrivions en mars, « même si la demande de marchandises commerciales pourrait ralentir, le marché des diamants spéciaux, de couleur fantaisie et de grosseur supérieure – à la fois bruts et taillés – devrait maintenir un rythme soutenu tout au long de l’année 2014 » (voir l’éditorial Le marché des diamants bruts de spécialité publié le 14 mars).
Un segment demandé ne fait pas vivre toute une industrie. On continue de craindre que le marché des marchandises commerciales ne ralentisse cette année. D’ailleurs, avec la hausse des prix du brut annoncée pour avril et la crise des liquidités qu’elle entraîne, les négociants prévoient déjà un ralentissement de la demande de taillé.
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« Le marché global devrait se montrer plus prudent dans les mois à venir, à l’exception des diamants de couleur et de grosseur exceptionnelles. »
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Par conséquent, après un premier trimestre solide, le marché global devrait se montrer plus prudent dans les mois à venir, à l’exception des diamants de couleur et de grosseur exceptionnelles. La fréquentation à Bâle n’a pas été extraordinaire, mais les salons ont néanmoins retiré des résultats positifs, car le clou du spectacle demeure les montres, les bijoux hauts de gamme et les diamants de qualité. Si l’on en croit l’humeur qui règne sur ces segments, il y a tout lieu de croire que la tendance à la hausse se poursuivra, ce qui est une bonne nouvelle pour les maisons d’enchères et les négociants bien établis dans cette portion relativement congrue du marché.
Photos Graff Diamonds et Christie’s.