Les diamants de qualité SI ont eu du succès malgré des résultats mitigés.
Lors du salon JCK Las Vegas, le négoce des diamants a évolué dans une atmosphère de prudence, compte tenu d’un marché toujours incertain aux États-Unis, selon les exposants.
JCK Las Vegas, salon très important pour la profession, s’est achevé lundi 3 juin et a reflété les diverses tendances que l’on peut observer dans le secteur. Les fournisseurs de diamants ont affiché des avis divergents et la concurrence des diamants synthétiques a continué d’impacter les ventes. Certaines catégories de pierres naturelles, principalement en puretés SI, ont obtenu de bons résultats.
De nombreux exposants sont arrivés au salon avec des attentes limitées, étant donné les conditions du marché. Vendredi 31 mai, pour le premier jour, les résultats étaient meilleurs que prévu pour les négociants. L’activité a toutefois ralenti samedi, face à l’absence de nombreux participants juifs, d’après les exposants. L’activité s’est ensuite amenuisée et la journée du lundi a été calme. En effet, une grande partie des détaillants avait déjà quitté les lieux.
Regain d’intérêt pour les SI
Les diamants de pureté SI, un article clé aux États-Unis, se sont bien vendus, les détaillants retrouvant progressivement de l’intérêt pour les pierres naturelles. L’année dernière, dans cette catégorie de prix, les ventes avaient souffert de la concurrence des diamants synthétiques mais une reprise a été constatée cette année.
Les fournisseurs ont fait état d’un intérêt constant pour les tailles brillant G à J, en puretés SI, de 1 à 2 carats. Les diamants de 3 carats et plus se sont assez bien vendus, tandis que le mêlé et les pierres de 0,25 carat étaient demandées dans les puretés SI, a expliqué Rishi Mundra, directeur général du diamantaire hong-kongais Stellar Group HK.
Les SI2 se sont mieux vendus que les SI1, un signe de l’évolution des tendances sur le marché. Les prix des tailles brillant D à H, SI2, de 1 carat ont augmenté de 0,9 % en mai, selon les données de RapNet. Ceux des SI1 dans ces catégories ont perdu 1,7 % sur la même période.
En comparaison, l’indice RapNet (RAPI™) pour les marchandises de 1 carat – qui comprend les tailles brillant D à H, IF à VS2 – a reculé de 3,8 % en mai.
« Dans la catégorie des petites marchandises, tout le monde recherche des SI, a déclaré un négociant new-yorkais sous couvert d’anonymat. Les professionnels n’ont cessé de répéter qu’on ne trouve pas de beaux diamants SI sur le marché. Les prix ont considérablement augmenté. »
Les baisses d’activité en Inde ont eu des conséquences sur la disponibilité des SI purs à l’œil , selon les exposants. Toutefois, les stocks de SI troubles ou présentant des impuretés noires au centre sont importants et l’écart entre les articles de qualité et les articles médiocres s’est élargi.
« Lorsque les pierres sont pures à l’œil et paraissent belles, elles se vendent facilement, a expliqué Alok Shah, associé du tailleur indien Star Rays, qui exposait dans l’espace réservé aux diamants. Les VS coûtent trop cher, ils sont donc impossibles à vendre. Le piqué ne peut rivaliser face aux diamants synthétiques, les acheteurs n’ont donc pas d’autre choix que de se tourner vers les SI. »
Un retour aux diamants naturels
Plusieurs grands tailleurs indiens ont fait état d’un salon satisfaisant, mais l’expérience s’est révélée plus mitigée pour les petites entreprises.
Les clients qui avaient investi dans les diamants synthétiques l’année dernière achètent désormais des pierres naturelles cette année, un signe de la forte baisse des prix des synthétiques et des marges des détaillants en dollars, selon les exposants.
Les clients « ont pu basculer vers les diamants synthétiques ces deux dernières années mais lorsqu’ils veulent faire machine arrière, ils se tournent en priorité vers des sociétés connues », a souligné Shreyans Dholakia, dépositaire de marque pour le diamantaire indien Shree Ramkrishna Exports (SRK).
Or, la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, tout comme les élections présidentielles à venir, ont créé des incertitudes quant à la demande américaine.
« Certains affirment que les clients continuent d’acheter et d’autres expliquent que le nombre d’acheteurs diminue, a expliqué Devansh Shah, associé du tailleur de Surat, Venus Jewel. De nombreux négociants et détaillants ont pu convaincre leurs clients que le moment était idéal pour acheter des diamants naturels. Les détaillants affirment que les prix actuels sont très attractifs. »
Une demande en croissance pour les bijoux
Le salon Luxury a profité d’une bonne fréquentation. Les joailliers ont reçu de nombreuses demandes de renseignements et annoncé des ventes satisfaisantes. Cet événement de prestige a débuté par deux journées accessibles uniquement sur invitation, mercredi 29 mai et jeudi 30 mai, avant que le grand public ne puisse y assister, du vendredi 31 mai au lundi 3 juin.
« Nous pensions que ce serait plus dur, les résultats se sont révélés assez positifs », a déclaré Jeff Loots, président du fournisseur de bijoux en diamants new-yorkais Henri Daussi. La société, qui expose au salon Luxury chaque année, est spécialisée dans le « bridal » classique.
Le salon s’est malgré tout révélé plus calme que l’année dernière, un signe de la faiblesse du marché, a-t-il souligné. Il a toutefois constaté un intérêt pour les coussins allongés ; les articles vendus entre 3 000 dollars et 5 000 dollars étaient de nouveau plébiscités après avoir subi la concurrence des diamants synthétiques en 2023.
« Le salon a été très positif dans l’ensemble », a commenté Rahil Shah, directeur du tailleur indien Asian Star. Sa société exposait ses gammes de bijoux en diamants naturels et synthétiques dans le pavillon Plumb Club.
« La plupart d’entre nous n’avions que de très faibles attentes à l’ouverture, mais les résultats semblent relativement satisfaisants, a poursuivi Rahil Shah. Les visiteurs se sont beaucoup renseignés sur les bijoux en diamants naturels et en diamants synthétiques. Je rencontre beaucoup d’indépendants qui se cantonnent aux diamants naturels. Quant aux détaillants de taille intermédiaire » – disposant de 10 à 15 boutiques – « ils veulent vraiment renforcer leur offre de synthétiques. »
Lors du salon Las Vegas Antique Jewelry & Watch Show en revanche, la fréquentation a été importante, traduisant la volonté des acheteurs de trouver des pièces de collection signées et de marque.
Une tarification juste ?
Le coût d’un stand aux salons JCK Las Vegas et Luxury a augmenté par rapport aux années précédentes. Les revenus générés ne couvrent généralement pas les dépenses, d’après les exposants. De nombreuses sociétés avaient d’ailleurs limité leur espace, selon Rishi Mundra, de Stellar Group HK.
Toutefois, l’événement ne doit pas être analysé à l’aune des résultats à court terme.
« L’objectif de ces salons est de rencontrer de nouveaux clients et de nouer des liens avec eux, c’est là que l’on se construit une clientèle, a expliqué Rishi Mundra. En ce sens, le salon a bien fonctionné. Il ne reste plus qu’à convertir ces prospects en clients pour que ce salon soit une véritable réussite. »
Devansh Shah, de Venus Jewel, a abondé dans son sens : « Notre objectif, à chaque exposition, est de rencontrer de nouvelles personnes, de tisser des liens avec elles et de fidéliser cette clientèle à vie. »
Image : le salon JCK Las Vegas (JCK Events).
Image: JCK Las Vegas show. (Événements JCK).