Le plus grand bijoutier de Hong Kong vient de lancer une application alimentée par Blockchain qui offre aux clients un rapport de certification numérique contenant les 4C d’un diamant et assurant le suivi de la pierre, de la mine jusqu’à la boutique.[:]
Chow Tai Fook s’est associé au Gemological Institute of America (GIA) afin de développer la plate-forme pour sa marque T Mark. Le bijoutier prétend que la technologie révolutionnera les interactions entre l’industrie et ses clients.
« Les consommateurs vivent avec leurs appareils mobiles, nous devons donc utiliser des plates-formes similaires pour améliorer leur expérience d’achat et garantir la confiance », a expliqué Kent Wong, directeur général de Chow Tai Fook Jewellery Group, dans un entretien avec Rapaport News après le lancement, au cours de la semaine du 10 septembre.
Le bijoutier, qui dispose de plus de 2 600 points de vente à Hong Kong, à Macao et en Chine continentale, teste la plate-forme dans quatre de ses boutiques de Hong Kong, avant de l’étendre à d’autres sites d’ici la fin de l’année.
Lorsqu’un client achète un diamant T Mark, le rapport de certification du GIA est enregistré à son nom et inscrit dans le grand-livre Blockchain partagé entre Chow Tai Fook et le GIA. En plus des données apparaissant généralement sur un rapport de certification papier, l’application T Mark propose également des informations comme le pays d’origine des diamants et le lieu de la taille, mais aussi des détails sur son design et son sertissage sur le bijou.
Une grande partie du processus de fabrication est réalisée par Chow Tai Fook puisque la société polit près de 50 % des diamants de plus de 0,20 carat en interne. Ce chiffre passe à 70 % pour les diamants T Mark, pesant de 0,30 à 0,99 carat, lors de la phase pilote, d’après Kent Wong.
À l’aide d’une technique brevetée de nanotechnologie, la société inscrit un numéro de série unique sur la table de chaque diamant, avant de placer les pierres dans la Blockchain, a-t-il expliqué. Plus de 3 000 diamants T Mark ont jusqu’à présent été recensés sur la Blockchain, laquelle a été développée par le prestataire de services Everledger et sécurisée par la plate-forme d’IBM, ont indiqué les sociétés.
De M2M à Blockchain
Le programme représente également une grande étape pour le GIA, puisque c’est la première fois que ses rapports de certification sont disponibles au format numérique, sécurisés par une technologie Blockchain, a expliqué Tom Moses, vice-président exécutif et directeur du laboratoire et de la recherche au GIA.
Le système est différent du programme de traçabilité du GIA, intitulé Mine to Market (M2M), que le laboratoire a lancé en 2017. Avec M2M, le GIA collabore avec les fabricants et les miniers participants afin d’inscrire le diamant brut avant qu’il ne soit taillé, afin que la pierre soit suivie dans toute la filière, et que la pierre taillée soit mise en correspondance avec la pierre brute initiale.
Toutefois, ces marchandises ne sont actuellement pas sécurisées par Blockchain, même si Tom Moses a affirmé que les données et les événements enregistrés par M2M seront finalement inscrits dans une base de données Blockchain.
Il prévoit également que le GIA finisse par fournir des rapports de certification numériques pour tous les diamants envoyés à ses laboratoires. « Il s’agit de notre projet à terme et il est facile à envisager », a-t-il expliqué.
Cela permettrait à d’autres fabricants de créer plus facilement des liens, que ce soit entre eux ou avec des homologues de Chow Tai Fook également présents sur la Blockchain. Ainsi, toute la filière deviendrait plus efficace et sécurisée, a expliqué Tom Moses.
Toutefois, ces initiatives de l’industrie sont impulsées par les clients qui exigent des achats plus efficaces et plus fiables, a-t-il souligné.
« Nous pourrons maintenant associer un client aux résultats de certification de son diamant et consigner cette relation dans la Blockchain, a expliqué Tom Moses. C’est une étape importante pour l’industrie diamantaire et pour transformer la Blockchain, qui passera d’un système d’entreprise à entreprise à un système d’entreprise à consommateur. »
« Il s’agit d’une évolution dans la façon dont nous partageons l’information », a-t-il ajouté.