D’après Boaz Moldawsky, le président de la Bourse Israélienne du Diamant, la crise mondiale perturbe le marché davantage que la guerre.
Pour Boaz Moldawsky, le président de la Bourse Israélienne du Diamant (IDE), la journée du 7 octobre était censée être joyeuse. Sa fille avait accouché la veille, à 23 heures. Or, l’attaque du Hamas sur Israël a éclaté tôt le lendemain matin.
Boaz Moldawsky se trouvait à Tel-Aviv lorsque tout a commencé. Comme beaucoup, il ne s’est pas inquiété de la première alerte antimissile de 6 h 30, estimant qu’il s’agissait d’une alarme ordinaire, comme cela arrive de temps à autre. Quelques heures plus tard, il est devenu évident qu’il se passait quelque chose de plus grave.
« Au départ, personne n’imaginait un drame d’une telle ampleur, a expliqué Boaz Moldawsky. Mais au bout de quelques heures, nous avons compris qu’il s’agissait d’une catastrophe. »
Alors que les missiles continuaient de survoler Tel-Aviv, des tueries se produisaient dans le sud d’Israël, où 1200 personnes auraient perdu la vie et 250 auraient été kidnappées.
Un membre de l’IDE, Isaac Siton, responsable de l’usine namibienne de Grandview Klein Diamonds, a été assassiné tandis que plusieurs autres ont perdu des proches. Les événements ont déclenché une guerre qui fait toujours rage actuellement.
Les conséquences sur le commerce
Les conséquences immédiates sur l’activité ont également été considérables, fait remarquer Boaz Moldawsky.
« Lorsque la guerre a éclaté, le marché israélien a été paralysé pendant deux ou trois semaines, il s’est mis à l’arrêt, explique-t-il. Impossible d’envoyer des marchandises en Israël ou d’en faire sortir du pays. Seule une compagnie aérienne continuait de voler – El Al – mais elle ne desservait pas toutes les destinations dont nous avions besoin. »
Avant la guerre, la plupart des envois de diamants depuis ou vers Israël passaient par des compagnies aériennes étrangères, explique Ophir Gore, contrôleur israélien des diamants, qui réglemente le secteur. Ces compagnies ont annulé leurs vols, obligeant les entreprises à se rabattre sur El Al, le transporteur israélien, ajoute-t-il.
Le marché a repris un fonctionnement à peu près normal trois semaines environ après le 7 octobre, estime Boaz Moldawsky. Toutefois, les acheteurs fuient maintenant Israël, même si les clients étrangers se faisaient déjà rares à la Bourse avant la guerre, étant donné la faiblesse du marché. La Semaine Internationale du Diamant en Israël (IDWI), qui a lieu chaque année et était programmée pour début avril, a été annulée. Les hôtels de Tel-Aviv accueillent en effet les personnes évacuées des régions les plus dangereuses, au sud et au nord du pays.
Boaz Moldawsky affirme que la situation n’a pas eu de conséquences sur les relations avec les clients des pays arabes (un négociant israélien a affirmé à Rapaport News que deux clients de pays non arabes avaient cessé de travailler avec lui, mais l’IDE affirme ne pas avoir été informée de cas de ce genre.)
« Cela pourrait poser problème dans d’autres industries que la nôtre mais ici, ce n’est pas le cas, a ajouté Boaz Moldawsky. Nous entretenons de bonnes relations avec nos partenaires. Et ces relations ont généralement un caractère personnel. Ils nous soutiennent et se déclarent inquiets pour nous. »
Quatre mois après l’attaque du Hamas, l’humeur est à la morosité sur le marché du diamant israélien, mais plutôt en raison du ralentissement des ventes aux États-Unis et en Chine et des incertitudes sur les prix du taillé. Boaz Moldawsky estime qu’environ 80 % des difficultés actuelles sont liées à l’atonie mondiale du marché diamantaire et 20 % à la guerre.
Les exportations de taillé israéliennes ont chuté de 93 % en glissement annuel, à 11,7 millions de dollars en décembre 2023 sur une base nette – déduction faite des marchandises renvoyées –, d’après des données publiées par le ministère de l’Économie et de l’Industrie. Ces chiffres viennent clôturer une année négative au cours de laquelle ces exportations ont reculé de 25 %, à 2,91 milliards de dollars. La tendance s’est atténuée en janvier 2024, les expéditions ayant perdu 21 % en glissement annuel, à 253,6 millions de dollars.
« La crise mondiale était déjà présente, nos problèmes sont venus s’y rajouter, poursuit-il. La situation est difficile mais, comme à chaque fois, nous essayons de rester optimistes, de trouver des solutions. Nous n’abandonnons jamais. »
À court et long terme
Le gouvernement a proposé son aide à l’industrie, notamment en étendant le système d’indemnisation des entreprises au secteur du diamant, qui en avait été exclu à l’origine, précise Boaz Moldawsky.
À plus long terme, l’IDE s’efforcera de travailler activement à la création d’une « zone franche » à la Bourse, afin de vendre ou de louer des locaux au profit des membres de la Bourse. Boaz Moldawsky – dont la société, Moldawsky Group, a investi dans les diamants, l’immobilier et la technologie – espère que tous les permis de construire seront accordés dans un délai d’un an environ.
La guerre a toutefois freiné une partie de ces projets.
« Quand on travaille avec les bureaux du gouvernement en temps de guerre, le personnel a moins de temps pour s’occuper d’autres dossiers, fait-il observer. Tout le monde est occupé par le conflit. Les délais seront donc peut-être un peu plus longs. »
Image principale : des participants à la Semaine Internationale du Diamant en Israël (IDWI), en mars 2023. (Three Photographers)