Depuis plus de 50 ans, Rubel & Ménasché fournit les Maisons de joaillerie de la Place Vendôme en diamants de petite taille de très bonne qualité. La spécialité du diamantaire, les diamants très bien taillés, sont destinés aux plus grandes Maisons de joaillerie à travers le monde. [:]Rubel & Ménasché est également partie intégrante du Dali Diamond Group, sightholder de la De Beers. Notre correspondant à Bruxelles a demandé à Stephan Wolzok, son directeur général, de partager avec nous son point de vue sur les évènements qui secouent actuellement le marché du diamant.
Quelles sont les dernières nouvelles de votre entreprise ?
Notre entreprise est toujours en mouvement et en quête d’amélioration. C’est d’ailleurs ce qui nous a permis de rester compétitifs, avec une croissance positive.
Il y a deux ans, nous avons mis en place un audit interne pour faire le point sur nos procédés et définir des axes de progression. Forts des constats que cet audit a mis à jour, nous avons alors lancé un processus de réorganisation complet de notre entreprise. Notre objectif est toujours le même : gagner en précision, en efficacité, en qualité. Proposer, pour nos clients, un service toujours plus haut de gamme. Continuer à développer, avec ces derniers, des projets d’envergure sur le long terme. Chercher à, toujours, anticiper notre avenir et celui de l’industrie du diamant en restant innovants.
Nous continuons également nos avancées en matière de Responsabilité Sociale des Entreprises. L’éthique et la transparence sont deux dimensions primordiales de nos jours. Les diamants sélectionnés par Rubel & Ménasché sont naturels, leur provenance est garantie et nous adhérons aux principes et règles du Kimberley Process et du World Diamond Council. Ainsi, en 2014, notre certification au RJC, obtenue en janvier 2011, a été renouvelée. Nous veillons à améliorer, à notre niveau, la traçabilité des pierres.
Quelles sont vos prévisions pour le marché du diamant en 2015-2016 ?
Soyons honnête, le marché du diamant est dans une situation difficile et sans précédent. Nous sommes à un tournant de notre histoire. Mais nous nous devons d’évoluer et de nous tourner vers l’avenir. Évidemment, la situation de certains acteurs de l’industrie, est préoccupante. Comment se réjouir de savoir les diamantaires étranglés par des marges bénéficiaires trop faibles, voire négatives ? Les industries, quel que soit leur domaine, fonctionnent selon le principe de l’offre et de la demande, ce qui n’était pas le cas dans l’industrie du diamant. Mais le refus, par les sightholders, de près de 60 % à 70 % des marchandises proposées lors du sight de juillet est totalement inédit ; le fait que la De Beers autorise le report de 75 % des attributions en août l’est tout autant. Quant aux exigences financières des banques, elles trouvent leur place dans un environnement mondialisé, et il fallait s’y attendre. Notre industrie ne pouvait pas éternellement échapper à la règle !
Pour rentrer plus dans le détail, à l’heure actuelle, les volumes sont faibles et vont sans doute le rester. Je ne peux pas plus m’avancer sur les perspectives à venir pour le marché actuel. L’industrie du diamant est dans un état latent. Bien malin celui qui pourra annoncer avec certitude ce qui va se passer dans les prochains mois.
Rendez-vous sur notre site Internet où nous publions chaque semaine les actualités du marché d’une façon que nous espérons didactique, visuelle et d’une grande qualité informative !
Pour ce qui est du secteur de niche plus spécifique dans lequel Rubel & Ménasché évolue, c’est un secteur qui se porte bien. Les diamants que nous vendons – des petites marchandises de haute qualité – sont toujours demandés ! Rubel & Ménasché se positionne sur un marché qui, même s’il peut varier, reste stable dans la tempête. Quant à savoir pourquoi, et bien je dirais que c’est une combinaison de facteurs. Cela dit, tout ce que nous mettons en place commercialement vise à garantir et nous assurer cette stabilité.
Pensez-vous que la demande en diamants de la part des détaillants de bijoux va augmenter ?
Tout ce que je peux dire, c’est, à nouveau, que les très belles marchandises pour des pièces de joaillerie et haute joaillerie sont toujours demandées. Je ne m’attends pas à ce que cette demande faiblisse. Nos clients sont toujours plus exigeants et toujours en quête d’exception; et notre structure est adaptée et tournée vers cela. Les consommateurs sont toujours sensibles à la rareté et la beauté du diamant. Ce qui doit faire l’objet de toute notre attention, notre priorité, c’est la traçabilité des diamants : nous devons pouvoir en justifier auprès de ces mêmes consommateurs. Chacun doit, à tous les maillons de la chaîne, se montrer irréprochable.
Pensez-vous que l’industrie a besoin d’un plan de sauvetage ?
Qu’entendez-vous par là ? Selon moi, notre industrie a les qualités et les moyens de s’adapter à un nouvel environnement de marché. Elle doit juste poser des bases plus modernes et solides à son fonctionnement. Mais cette remise en question est en cours…
Pensez-vous que l’augmentation des parts de marché des diamants synthétiques fera baisser le prix des diamants destinés à la joaillerie ?
Nous parlons là de deux produits différents. Il y a, et il y aura sans doute de plus en plus à l’avenir, un marché pour des diamants de laboratoire – c’est-à-dire réalisés par la main de l’homme – de qualité. Mais ce n’est pas le même marché que celui des diamants extraits des mines, par nature exceptionnels et rares, de très haute qualité, comme ceux que nous proposons chez Rubel & Ménasché. Leurs prix ne sont donc pas comparables.
On proposera des gammes de produits différents, voilà tout.
Et si sur le court terme la qualité des diamants de laboratoire va influencer et faire baisser le prix des diamants cela ne sera que passager.
Que pensez-vous des conditions de crédit qui ont cours actuellement pour l’industrie du diamant ?
Il est normal que les banques demandent des garanties avant d’accorder un prêt et qu’elles ne prêtent pas toute la somme nécessaire à un investissement, mais demandent une participation à l’entreprise qui les sollicite. Qui a-t-il de surprenant à ce que les banques demandent de la stabilité ? L’industrie comptait beaucoup sur les banques spécialisées, qui au mieux, ont réduit leurs prêts aux diamantaires de 40 %, voire ont fermé. Je comprends néanmoins qu’il soit difficile de s’adapter quand la durée du crédit accordé par les négociants de brut anversois par exemple, passe de 180 à 60 jours. Le taillé, à l’heure actuelle encore plus, ne se vend pas toujours aussi rapidement que nécessaire pour les diamantaires qui le fabriquent. Je comprends le point de vue des banques et l’industrie a indéniablement besoin d’elles, mais le manque de liquidités est un problème majeur pour notre industrie. Les conditions de prêt sont en train de changer notre marché et vont influer sur la relation avec les fournisseurs de brut. Les fabricants de taillé devront mieux anticiper sur leurs réels besoin pour ne plus se retrouver étranglés de part et d’autre.
Que pensez-vous du commerce de diamants sur Internet et des plateformes d’échange de diamants en ligne ?
Cette façon de vendre rend le marché plus réactif. On peut y acheter certaines marchandises sans gros risque, à condition d’avoir la manne financière nécessaire pour payer comptant. Les logiciels d’image sont performants et permettent de voir la pierre sous tous les angles ou presque. C’est une des relations commerciales possibles aujourd’hui !
Quel est l’impact de l’Inde et de la Chine sur le marché ? Comment ces deux pays affectent-ils les prix ?
Même si le marché principal reste le marché américain, les marchés indiens et chinois gardent leur importance. La bonne santé de notre industrie se mesure à l’échelle mondiale.
La demande des consommateurs sur l’ensemble de l’Asie a baissé. Compte tenu des mesures anti-corruption et de la baisse de la croissance économique, la Chine déçoit un peu les attentes actuelles ; mais c’est un marché en pleine maturation, qui restera un très beau marché. Le succès de Chow Tai Fook ne va pas me démentir, qui vient d’ailleurs d’ouvrir trois boutiques indépendantes Hearts on Fire en Chine et deux espaces commerciaux, un en Chine et un à Hong Kong, distribuant cette marque qu’il a acquit en juin 2014. En ce qui concerne la dépréciation du yuan par la Banque populaire de Chine, intervenue début août, il est un peu tôt pour dire à quel point elle influencera les prix sur le marché chinois et la consommation en diamant des consommateurs chinois en général, chez eux comme
à l’étranger…
Quant à L’Inde, les défauts de paiement, problèmes de liquidités ou pressions subies par les diamantaires indiens sont inquiétantes, certainement. Que dire ? Je ne sais pas si un plan d’aide est souhaitable ou même nécessaire. L’aspect humain de cette situation est le plus préoccupant ; c’est dramatique de devoir vendre à perte pour payer les banques. D’un point de vue économique, l’Inde, à l’image de l’ensemble de l’industrie diamantaire, a les moyens de se remettre de ce mauvais pas, même si les perspectives à court terme ne sont pas encourageantes…
Que pensez-vous des certificats surévalués ?
Je ne peux que déplorer cette pratique ! Elle risque de ternir l’image et la crédibilité de notre industrie auprès des consommateurs. L’industrie a besoin probablement d’un organe interne de régulation et de normes de certification clairement établies et reconnues à l’échelle mondiale. Il ne peut pas y avoir de confusion sur la qualité et la pureté des diamants vendus.
Franchement, pourquoi ne pas vendre tout simplement les choses pour ce qu’elles sont ?