Le marché diamantaire devrait surmonter ses difficultés actuelles d’ici 2021. Jusque-là, il va connaître une ou deux autres années chaotiques, d’après le rapport annuel sur l’industrie diamantaire préparé par Bain & Co. et le Antwerp World Diamond Centre.
Si les modèles historiques perdurent, le marché retrouvera son état « d’avant la crise » dans les deux ans, en supposant que l’offre de brut continue à réduire, que la demande augmente et que l’industrie maintienne les niveaux de marketing actuels, a-t-il indiqué.
Mais ne vous attendez pas à ce que le marché connaisse un virage d’ici 2020.
« L’année 2020 devrait être meilleure pour l’industrie, dès que la filière intermédiaire aura commencé à se débarrasser de ses excès de stocks, a indiqué le rapport. Toutefois, les inégalités permanentes entre offre et demande empêcheront une reprise totale de l’industrie et pourraient être exacerbées par une baisse constante du financement mis à disposition des acteurs de la filière intermédiaire. »
Le document prévoit que la demande de retail stagne en 2020, en raison de craintes croissantes d’une récession mondiale et américaine. Le marché devra probablement attendre jusqu’en 2021 pour retrouver pleinement sa croissance, a-t-il ajouté.
Une grande partie du rapport est consacrée à la crise actuelle, attribuée à une production record de diamants en début d’année, associée à une demande inférieure aux prévisions. Cette chute de la demande a été déclenchée par des tensions internationales et des problèmes macro-économiques, ainsi que par « une hausse des efficacités permises par le commerce électronique dans la chaîne d’approvisionnement, lesquelles ont réduit la nécessité de disposer de stocks à portée de main. »
Le retail américain des bijoux en diamants devrait perdre 2 % en 2019, d’après le document, contrairement à 2018, où il avait augmenté de 3 %. Le rapport a attribué le recul à une baisse de la confiance des consommateurs américains qui, cet été, a atteint son plus bas depuis trois ans, à une baisse du tourisme chinois, ce qui pèse sur les achats de luxe, et aux prélèvements douaniers de 15 % sur les bijoux chinois mis en place en septembre. « Tout le monde observe de très près cette saison des fêtes, c’est du jamais vu. Elle déterminera les résultats annuels définitifs du retail », a indiqué le rapport.
Parmi les autres conclusions de cette étude annuelle de l’industrie, figurent les points suivants :
– Le financement des acteurs de la filière intermédiaire a baissé de 5 milliards de dollars, soit 30 %, depuis 2013. En 2020, la situation devrait se révéler encore plus difficile, a-t-il indiqué. Le rapport a estimé que l’endettement actuel de la filière intermédiaire est de 11 milliards de dollars.
– Les prix des diamants taillé naturels ont perdu 3 % au cours des neuf premiers mois de l’année. Les prix du brut ont chuté de 2 %. Les ventes globales de brut ont perdu 25 %.
– La production de synthétiques a progressé de 15 % à 20 % en 2019, notamment en Chine et en Inde.
Les auteurs du rapport prévoient que le marché des synthétiques représentera entre 5 % et 15 % du total de l’industrie lors des 10 prochaines années, en se basant sur le modèle des saphirs synthétiques, qui représentent actuellement environ 15 % de leur secteur. Les États-Unis assurent pour l’heure 80 % de la demande des synthétiques.
– Les prix des synthétiques en gros ont reculé plus rapidement que les prix du retail bien qu’ils semblent s’être stabilisés, les prix du retail pourraient encore baisser, a-t-il indiqué.
Au dernier trimestre 2016, les synthétiques se vendaient pour 80 % du prix des diamants naturels au retail et pour 70 % des prix de gros. Trois ans plus tard, ils se vendent pour environ 45 % à 50 % du prix des diamants naturels au retail et pour 15 % à 20 % des prix des diamants naturels en gros.
– Le marché des bijoux en diamants sur Internet ne représente toujours qu’un petit pourcentage de l’activité, par rapport à d’autres secteurs. Le rapport estime que 5 % à 10 % des bijoux en diamants sont vendus en ligne, ce qui représente un faible chiffre par rapport aux livres (70 % sont vendus en ligne) et aux vêtements (19 % sont achetés en ligne). Toutefois, les grands acteurs, comme Signet et Tiffany, constatent une hausse de leurs ventes en ligne, en pourcentage des ventes globales.
– Le secteur des diamants naturels a dépensé de grosses sommes pour le marketing cette année : 200 millions de dollars, dont 70 millions de dollars par le biais de la Diamond Producers Association.
Le rapport complet est disponible ici.