Le malaise actuel de l’industrie diamantaire est grave mais il va passer, a déclaré Bruce Cleaver, président-directeur général de De Beers Group, au JCK après la publication récente des résultats financiers de la société.[:]
« Je ne vais pas prétendre que c’est facile parce que ce n’est pas le cas actuellement, explique Bruce Cleaver. La filière intermédiaire est malmenée par une série de facteurs rendant la situation difficile. On constate un excès de stocks de taillé dans la filière intermédiaire, et moins de réapprovisionnement. »
Pourtant, il espère que l’industrie se reprendra avec le retour de la demande.
« Je ne veux pas sous-estimer les difficultés actuelles de la filière intermédiaire mais il y a aussi un facteur psychologique, affirme-t-il. Si la saison est bonne, le malaise passera. »
L’une des grandes questions reste celle des liquidités car les prêteurs sont toujours réticents à financer les entreprises diamantaires, comme l’a montré un récent courrier envoyé par ABN Amro, affirmant qu’elle ne souscrirait plus certains achats de brut.
« Ce courrier n’a pas été vraiment utile, explique Bruce Cleaver. Les entreprises solides de l’industrie vont devoir trouver de nouvelles sources de financement. Il ne fait aucun doute que les liquidités se sont raréfiées et que cela conduit certains à réaliser des ventes qu’ils ne feraient pas ordinairement. »
De Beers essaie de collaborer avec ses clients pour les remettre sur pieds et a réduit ses objectifs de production du second semestre, fait-il remarquer.
« Nos chiffres des ventes ont baissé et nous leur offrons la flexibilité sans précédent de reporter des achats. Notre objectif est de travailler à leurs côtés tout au long de cette période. »
La société prévoit également de renforcer considérablement ses dépenses marketing cette année.
« Il est important que De Beers montre la voie pendant cette période, explique Bruce Cleaver. Nous n’allons pas nous cacher, nous serons même plus présents. Il est très important de continuer à investir au cours de ce cycle. »
Il ajoute que la demande du premier trimestre était stable aux États-Unis, en raison notamment d’une volatilité du marché boursier et de la nervosité du secteur. Toutefois, la demande du deuxième trimestre paraît « un peu meilleure » et la société espère connaître un second semestre satisfaisant. La demande en Chine paraît également solide, même s’il admet qu’une grande part du résultat « dépendra des questions macro-économiques sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle. »
Bien que certains aient suggéré que les synthétiques pourraient contribuer au marasme actuel, Bruce Cleaver affirme que ses données montrent « une très faible cannibalisation ».
« Nos données laissent penser que les synthétiques ont un impact très faible sur les diamants naturels, explique-t-il. À l’évidence, il y a bien certaines ventes qui sont réalisées. Je pense que c’est un facteur psychologique mais il n’y a pas de données pour étayer cette théorie. »
Il ajoute : « Il faut bien faire comprendre au consommateur la différence entre diamants synthétiques et diamants naturels et nous voulons insister sur cet aspect. »
Dans ses tout derniers résultats financiers pour le premier semestre 2019, De Beers a publié des revenus de 2,7 milliards de dollars, un recul de 17 % par rapport à l’année précédente. Les ventes de brut ont perdu 21 %. Le BAIIA (bénéfices avant intérêts, impôts et amortissements) a atteint 517 millions de dollars, un recul de 27 % par rapport à 2018.