Le Kimberley Process (KP) teste l’utilisation de certificats numériques pour ses envois de diamants bruts, prétendant que le procédé augmentera l’efficacité et réduira la fraude.
La Russie, qui préside le système de certification international cette année, testera cette solution sur des exportations vers certains pays, a indiqué un porte-parole du KP dans le pays à Rapaport News. Les États participants désigneront des responsables, dont la signature électronique permettra de confirmer l’authenticité d’un certificat du KP. Les pays exportateurs et importateurs échangeront ensuite ces codes uniques pour confirmer qu’une personne autorisée a bien approuvé le document.
« L’échange de données numériques augmentera considérablement l’efficacité des opérations d’import-export et accélérera les échanges de statistiques entre participants du KP », a déclaré le porte-parole dans un e-mail récent.
À l’heure actuelle, une personne disposant d’une autorité nationale doit signer physiquement un certificat papier – pour déclarer que les diamants respectent les exigences du KP en matière d’absence de conflits – avant que l’exportation puisse avoir lieu. Une version numérique est plus intéressante car le code est attribué à un représentant particulier d’un organe ayant autorité. Elle ne peut pas être falsifiée, a expliqué le porte-parole.
Au final, la Russie souhaite remplacer les certificats papier par des codes QR sur les conditionnements, ce qui permettra aux importateurs de vérifier que le certificat correspond au contenu du pli, a-t-il expliqué. Le pays testera ces codes cette année dans le cadre de son projet pilote, parallèlement aux documents papier, qui resteront pour l’instant obligatoires pour les exportateurs.
Et même si la Russie travaillait déjà sur cette proposition avant la crise du coronavirus, la nécessité de numérisation a pris une importance supérieure ces dernières semaines en raison de l’épidémie. Près d’un tiers de la population mondiale – Russie comprise – serait en confinement. Repenser le système actuel est par conséquent devenu un point urgent à traiter par la Russie pour le KP, a ajouté le porte-parole.
Le sujet figurera probablement à l’ordre du jour de la réunion d’intersession virtuelle du KP en juin, a fait remarquer Élodie Daguzan, directrice exécutive du World Diamond Council (WDC) qui représente l’industrie au KP. Cela laisserait du temps aux pays pour formuler des recommandations, lesquelles pourraient ensuite être adoptées par l’organisation lors de la séance plénière du KP, actuellement programmée à Saint-Pétersbourg du 16 au 20 novembre.
« La proposition russe est tout à fait intéressante, elle sera étudiée en détail par les différents organes du KP concernés, a indiqué Élodie Daguzan. Dans ce contexte, il nous faut également étudier les niveaux de numérisation pouvant être raisonnablement obtenus par tous les participants du KP et les coûts engendrés. »
Le KP est actuellement présidé par Alexey Moiseev, ministre adjoint russe des Finances. La direction change chaque année : le Botswana devrait reprendre la charge en 2021.