La décision du gouvernement indien d’augmenter les droits d’importation sur les diamants taillés, les pierres semi-traitées, les diamants semi-taillés ou cassés et les pierres synthétiques et pierres de couleur traitées, qui sont passés de 5 % à 7,5 %, représente tout ce que l’industrie du sous-continent aurait aimé éviter.[:]
Le gouvernement a déclaré que cette mesure avait pour but de tenter de réduire le déficit du compte courant national. Pour être tout à fait juste, les autres articles de la liste concernaient des éléments du quotidien, ce qui rendait difficile la justification d’une hausse des taxes douanières sur les pierres précieuses. Cette liste comprenait, par exemple, des climatiseurs, des réfrigérateurs, des machines à laver, des chaussures, des meubles et des articles de table.
Le gouvernement est préoccupé par le déficit du compte courant et les fuites de capitaux. La roupie a fortement chuté face au dollar américain – en baisse de 15 % par rapport au billet vert depuis le début de l’année, ce qui a fait grimper le cours du pétrole brut. Les prix du pétrole brut à l’international augmentent régulièrement, ce qui pèse sur les finances de l’Inde. En octobre, les prix du Brent ont passé le cap des 85 USD le baril pour la première fois depuis plus de quatre ans et l’on craint que la barrière des 100 USD ne finisse par être franchie.
L’Inde doit donc dépenser davantage en dollars pour régler son carburant, dont 80 % sont payés par les importations. Et c’est ce qui se cache derrière la baisse de la roupie. Certains analystes considèrent qu’il ne faudra pas longtemps avant que la roupie ne franchisse le seuil symbolique des 75 roupies pour un dollar.
Sans surprise, Pramod Kumar Agrawal, le président du Gem and Jewellery Export Promotion Council (GJEPC), a déclaré que les gigantesques industries indiennes de la joaillerie et de la fabrication de pierres et de diamants subiraient les conséquences des hausses de taxes. Il a déclaré qu’un gros volume de diamants taillés, seuls ou sertis sur des bijoux, sont importés pour être sertis dans de nouveaux designs.
L’industrie indienne craint aussi que les hausses de taxes ne donnent un avantage aux principaux concurrents du pays. Il n’y a là rien de nouveau. Les grands centres diamantaires observent sans cesse leurs concurrents du coin de l’œil, craignant que tout changement dans la situation fiscale du pays n’offre un avantage à leurs rivaux.
Il est toutefois difficile d’imaginer qu’Anvers, Ramat Gan ou New York considèrent cela comme un énorme avantage puisque leur base de fabrication est négligeable – c’est le moins que l’on puisse dire – par rapport à la taille des infrastructures indiennes de fabrication de bijoux et de transformation de diamants.
Le GJEPC envisage de faire part de ses craintes au gouvernement, pour tenter de réduire l’impact sur ses exportations de diamants, pierres précieuses et bijoux. L’Inde a exporté environ 23 milliards USD de taillé au cours du dernier exercice fiscal et près de 10 milliards USD de bijoux avec ou sans pierres précieuses.
Cela sera-t-il utile ? J’ai tendance à en douter. Le premier ministre Narendra Modi a affirmé son amour profond pour les industries des bijoux et des diamants du pays à plusieurs occasions très médiatisées au cours des quatre années de son mandat. L’industrie diamantaire indienne n’a jamais caché l’admiration qu’elle lui porte, le qualifiant de « très pro-entreprises » et affirmant qu’il comprend ses besoins. Mais les besoins du gouvernement prévaudront toujours sur l’amitié et l’admiration.