Le financement de l’industrie diamantaire par les banques israéliennes a été réduit de 33 % en 2020, passant sous les 500 millions USD pour la première fois depuis 30 ans. Cette baisse traduit le ralentissement de l’activité en 2020 et un recul de la dépendance au financement bancaire. Mais elle montre surtout que les banques refusent d’affronter les complications associées aux sociétés diamantaires.
D’après la Bank of Israel, au quatrième trimestre 2020, le financement des banques israéliennes a atteint 1 733 millions NIS, soit 498,75 millions USD. Cela représente un recul de 6,8 % du financement bancaire par rapport au troisième trimestre de l’année.
Décrue considérable du financement des banques israéliennes
En 2014, Bank Leumi, un établissement israélien, avait annoncé la fermeture de son agence de New York. Le retrait de cette banque est intervenu à une époque où l’industrie connaissait une trajectoire de croissance modérée et des hausses du financement. Rétrospectivement, on peut y voir les premiers signes de la baisse constante du financement des banques israéliennes.
À cette époque, Bank Leumi assurait environ 200 millions USD de financement au secteur diamantaire des États-Unis, au sein du total de 1,56 milliard USD de financement bancaire israélien apporté à l’industrie diamantaire.
Environ 16 % du financement des banques israéliennes ont quitté le pays, principalement à destination de sociétés israéliennes. Fin 2017, ce financement des sociétés diamantaires à l’étranger s’est quasiment arrêté, passant de 50 millions USD à moins de 19 000 USD.
Depuis son pic en 2005, le financement de l’industrie par les banques israéliennes a chuté massivement, de 77 % en valeur nominale. Cela le ramène à son niveau d’il y a 30 ans, en 1991.
Le motif justifié de la baisse du financement des banques israéliennes
Les sociétés diamantaires sont connues pour être résistantes, les faillites ayant été peu nombreuses l’année dernière. C’est pourquoi les banques les ont ardemment courtisées pendant la pandémie. Mais l’intérêt des banques pour les sociétés diamantaires en 2020 a une autre raison : ce financement est pour elles un instrument très rentable.
Malheureusement, les banques disposant de comptes diamantaires sont refroidies par les réglementations liées au blanchiment d’argent. Ainsi, certaines banques de Hong Kong ont instamment demandé à leurs clients de fermer leurs comptes. Dans certains pays, il est quasiment impossible pour les sociétés diamantaires d’ouvrir des comptes bancaires et les comptes personnels des négociants en diamants sont étroitement surveillés.
Parallèlement, le secteur diamantaire israélien n’a fait que rétrécir. Les exportations brutes de taillé, d’un montant de 12,9 milliards USD en 2010, ont reculé à 9,7 milliards USD en 2019 et à tout juste 4,5 milliards USD en 2020. Les exportations nettes ont été réduites de moitié ces six dernières années.
La baisse de l’activité entraîne une baisse du besoin de financement. Ceci dit, les négociants expliqueraient que la baisse du financement bancaire israélien a contribué au ralentissement de l’activité.
Les effets collatéraux d’une baisse de la concurrence
En 2019, Union Bank a dû vendre son activité de financement diamantaire, comme condition à sa fusion avec Mizrahi Bank, montrant ainsi les changements de son portefeuille diamantaire.
En 2016, d’après les dossiers des tribunaux, l’activité diamantaire d’Union Bank était estimée à environ 400 millions USD. En 2019, cette part s’était réduite de près de deux tiers, à 140 millions USD. Lors de sa vente à Peninsula, à la fin de l’année dernière, le portefeuille diamantaire d’Union Bank était annoncé à tout juste 53,4 millions USD, soit une baisse de 87 % par rapport à 2016.
Même s’il s’agit d’un cas extrême, il traduit la baisse de disponibilité des crédits pour le secteur diamantaire, ainsi que la perte d’attractivité pour les banques. C’est l’une des raisons pour lesquelles le portefeuille diamantaire d’Union Bank a été vendu à Peninsula, une institution financière non bancaire, au lieu d’être dirigé vers une autre banque israélienne.
L’une des résultats de cette vente a été une baisse de la concurrence entre banques. Avec un nombre réduit d’acteurs bancaires, le financement a reculé et il est devenu plus coûteux.
Conclusion
La baisse du financement bancaire en Israël fait partie d’un changement plus global. Dans le monde, le financement apporté à l’industrie diamantaire décroît régulièrement depuis quelques années. Ces six dernières années, il a été réduit de 41 % à mesure que les banques se sont éloignées de l’industrie.
Et même si la baisse de l’endettement va dans le bon sens, il faut s’interroger sur ses implications plus vastes, notamment la capacité à investir dans la croissance, le développement et le marketing.